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29.09.2003
28.08.2003
Christiane Brunner et Christoph Blocher, votre victoire va-t-elle paralyser la Suisse?
Interview dans l'HEBDO du 28 août 2003 Débat Face à la modernisation de la Suisse, aux défis lancés par l'Europe et la croissance économique, la victoire du PS et de l'UDC ne risque-t-elle pas de bloquer le pays par une addition des conservatismes? Michel Guillaume et Alain Rebetez ont posé la question aux deux politiciens les plus populaires de Suisse, et qui alimentent cette polarisation. A moins que les sondages ne radotent, ces deux-là vont gagner les élections fédérales de cet automne. Seul demeure le suspense sur l'ordre d'arrivée. Mais à quoi servira cette double victoire des socialistes et de la droite nationaliste? A augmenter la clarté politique, la vigueur du débat, ou au contraire à paralyser le pays, à l'engluer dans les conservatismes cumulés de droite et de gauche? En réunissant la présidente du PSS et le ténor de l'UDC, L'Hebdo a voulu poser cette question, qui sera un des enjeux centraux du 19 octobre. Et placer aussi bien Christiane Brunner que Christoph Blocher devant les contradictions de leurs discours. Mme Brunner, peut-être vous souvenez que celle qui vous a précédé à la tête du PS, Ursula Koch, disait de Christoph Blocher qu'il représente un danger pour le pays. Etes d'accord avec elle? Christiane Brunner: Ce n'est pas M. Blocher qui est un danger, mais la montée en force de son parti et tout ce qu'il représente, à savoir une Suisse tournée vers un passé largement mythifié, fermée sur elle-même, une société peu solidaire et incapable d'innovation. De plus, durant la législature écoulée, l'UDC a réussi à attirer vers la droite les deux autres bourgeois, soit le PDC et les radicaux. Le radical Franz Steinegger disait même que Christoph Blocher utilisait des méthodes rappelant la république de Weimar? C. Br. Je n'ai pas besoin de le diaboliser. Le fait est que la plupart des démocraties européennes sont confrontées à une nouvelle droite extrême, réactionnaire, au nationalisme exacerbé et hélas aussi xénophobe, voire raciste. L'UDC représente cette tendance-là dans notre pays. C'est cela, le danger. Et pour vous, Christoph Blocher, une victoire des socialistes représenterait-elle un danger pour le pays? Christoph Blocher : Ce serait pire qu'un danger. Plus concret: un vrai handicap dans la mesure où les citoyens suisses paieraient encore plus d'impôts, de taxes, de primes d'assurance-maladie. Cela signifierait une insécurité concernant les rentes AVS et encore plus d'abus en matière d'asile et d'étrangers. Et naturellement, les socialistes veulent adhérer à l'Union européenne (UE), ce qui serait un très grand désavantage pour les Suissesses et les Suisses. Evidemment que Blocher et l'UDC sont un danger, mais pas pour la Suisse, pour les autres partis et pour leur politique qui nuit à la Suisse! Qu'ont-ils fait? Ils ont augmenté les impôts, par exemple la TVA, plus que dans les autres pays européens. C'est pour cela que les Suisses ont de plus en plus le sentiment d'être des poulets plumés. Les sondages disent que vos deux partis vont progresser. Cela signifiera-t-il une Suisse encore plus écartelée entre l'UDC et le PS et un centre encore plus faible. N'est-ce pas la définition d'un pays paralysé? C. Br. L'extrémisme de l'UDC se manifeste dans la politique extérieure, contre l'ONU et l'UE, mais aussi sur l'immigration, l'intégration des personnes étrangères, l'asile. En revanche, sur les autres dossiers, l'UDC poursuit une politique largement consensuelle avec le PDC et les radicaux, notamment en matière économique, financière et sociale. Sur tous ces plans, je n'ai pas vu une politique centriste qui mérite ce nom dernièrement. C. Bl. Moi, je ne trouve pas mal qu'il y ait des partis avec des positions claires. C'est le cas du PS et de l'UDC. C'est vrai que nous ne sommes pas d'accord. Lorsqu'un consensus s'impose, nous le trouvons. Si ce n'est pas le cas, la majorité tranche. Ce que j'observe, Mme Brunner, c'est que ces dernières années, vous avez toujours été d'accord avec les radicaux et le PDC sur les questions principales, notamment lorsqu'il s'agit de hausser les impôts, d'introduire une assurance-maladie obligatoire ,de définir la politique d'asile et d'adhérer à l'UE. Je pense aussi à la débâcle de Swiss, dont sont responsables le PS et le parti radical, ou au milliard dépensé pour l'Expo. L'UDC était toujours opposée à une coalition du PS, du PRD et du PDC. Aujourd'hui, nous constatons les mauvais résultats de cette politique. Vous n'avez tous deux pas répondu à la question: en provoquant une polarisation du déb at politique, ne risquez-vous pas de paralyser la Suisse? C. Br. Mais vous semblez croire que la Suisse ne peut avancer qu'avec un centre fort. Or, historiquement, c'est faux. Notre pays a construit sa modernité à partir d'un pôle radical quasi hégémonique. Ce pôle s'est plus tard fragmenté et a perdu en puissance, les conservateurs ont été progressivement réintégrés et, durant toute la première moitié du 20ème siècle, c'est une coalition de droite qui a dirigé le pays, face à une opposition socialiste. Après la guerre, la Suisse est entrée dans une nouvelle ère de réforme et de prospérité en s'appuyant sur la croissance des Trente glorieuses et en instaurant la démocratie de concordance, à savoir l'association des principales forces politiques à la responsabilité gouvernementale, avec la participation durable du PS au Conseil fédéral. Aujourd'hui, le pays n'est pas paralysé, mais cette concordance fonctionne moins bien, parce que la nouvelle droite, l'UDC blochérienne, ravive le conservatisme et bloque l'intégration européenne, attirant la droite traditionnelle dans son orbite. Alors on verra bien comment se poursuit cette recomposition à droite. La priorité stratégique du PS, c'est de renforcer la position de la gauche. C. Bl. Mme Brunner, vous répondez sur une base philosophique. Ce qui dérange les Suisses, c' est qu'à cause de votre politique, l'AVS n'est pas assurée, l'or de la BNS ne va pas profiter à l'AVS. Vous avez construit Swiss avec 2 milliards de fonds publics qui sont perdus aujourd'hui, vous avez versé 1 milliard pour l'expo. En plus, vous êtes responsable de 122 milliards de francs de dettes de la Confédération et c'est exactement la raison pour laquelle, nous n'avons pas de croissance économique, pour laquelle nous payons toujours plus d'impôts et pour laquelle le problème de l'asile n'est pas résolu du tout. Cela doit changer. Je comprends très bien pourquoi de plus en plus de Suisses ont l'impression d'être plumés. Vous prétendez être seuls contre tous. N'est-ce pas la définition du populisme? C. Bl. Non, c'est la réalité. Regardez nos initiatives sur l'or et sur l'asile. Tous les autres partis disaient: il ne faut pas les soutenir car elles viennent de l'UDC. C. Br. Où voyez-vous du populisme? Au Parlement, chaque parti tente de nouer les alliances qui soutiendront les réformes. Ces alliances varient selon les objets, mais la ligne de fracture gauche-droite subsiste, voyez les débats sur le frein à l'endettement ou les primes d'assurance-maladie en fonction du revenu. Mme Brunner, en apportant votre soutien à un deuxième siège UDC au Conseil fédéral, ne rendrez-vous pas plus difficile encore la recherche du compromis? C. Br. Dans notre système de concordance, il doit y avoir un relatif équilibre entre la force respective des grands partis et leur représentation dans l'exécutif. Quand je dis que je suis prête à discuter d'un deuxième siège UDC au Conseil fédéral, je ne dis pas que je le veux. Je prends acte d'une recomposition de la droite. Pardonnez-nous, Mme Brunner, mais beaucoup de militants socialistes n'ont absolument pas compris votre position … C. Br. Je suis présidente du parti et je sais tout de même mieux que vous ce que pensent les militants! Peut-être, mais nous aussi on en connaît, et nous avons entendu cette question: Christiane Brunner est-elle devenue folle? C. Br. La plupart des camarades avec qui j'en ai parlé trouvent qu'il est très bien de mettre la pression sur le PDC, qui se prétend du centre, mais applique une politique toujours plus à droite. C. Bl. Si, avant les élections, vous prétendez que les trois partis de droite ont tout décidé, c'est que vous ne voulez pas assumer votre propre responsabilité. C'est vous qui faites toujours alliance avec les radicaux et le PDC! Concrètement, le 10 décembre lors du renouvellement du Conseil fédéral, ce sera le statu quo ou l'éclatement de la formule magique? C. Bl. Pour moi, c'est clair, ce sera le statu quo, car les trois autres partis ne veulent rien changer. Ils sont tellement faibles, ils n'ont pas la force de changer quelque chose. C. Br. Non, je ne pense pas. Si les sondages se confirment, il y aura un véritable débat sur la recomposition du Conseil fédéral. Et le PS votera pour qui? C. Br. Nous en discuterons au sein du groupe. Mais cessez de croire que nous nous battrons pour un deuxième siège au Conseil fédéral! Vous verrez, c'est l'UDC qui va attaquer, et peut-être bien un siège du PS. C. Br. Mais pour l'UDC les choses sont claires. Nous voulons un vrai respect de la formule magique, avec deux sièges aux trois plus grands partis. Si les autres partis sont d'accord avec cette interprétation, nous n'attaquerons pas les socialistes. M. Blocher, vous combattrez aussi un siège radical si ce parti perd les élections? C. Bl. Oui, il n'y aura aucun tabou. Alors vous êtes tous deux d'accord sur un point: la meilleure solution serait un deuxième siège UDC au détriment du PDC? C. Br. Si tant est que les résultats des élections confirment la tendance actuelle et que l'UDC s'intéresse vraiment à une représentation au Conseil fédéral. C. Bl. Cela veut dire quoi? Que vous voulez voter pour quelqu'un qui représente l'UDC ou pas vraiment? Par exemple le Thurgovien Peter Spuhler, un entrepreneur qui sait négocier… C. Bl. Je ne veux pas citer de noms. Et concernant la succession de Kaspar Villiger, préféreriez-vous Franz Steinegger ou Christine Beerli? C. Bl. Franz Steinegger, c'est le candidat de Ringier, et Christiane Beerli, c'est la même chose qu'une socialiste. C. Br. (rire) Ah bon? Je ne m'en étais pas aperçue. Ma réponse est simple: je voterai toujours pour une femme. Croissance économique Ces dernières années, la croissance économique a été moins bonne en Suisse que dans plusieurs pays qui viennent d'adhérer à l'UE, comme l'Autriche et la Finlande. Comment l'expliquez-vous? C. Bl. Il y a deux raisons. D'abord, la Suisse se situe à un haut niveau et il est plus facile de partir de plus bas. Mais ensuite et surtout, la Suisse a davantage augmenté les dépenses de l'Etat et la ponction fiscale que les autres pays. On le sait désormais. Si on impose trop les citoyens, l'économie ne peut plus croître. Il faut donc baisser les impôts, les primes de l'assurance-maladie - nous avons lancé une initiative à ce sujet - et les dépenses, mais notre pays fait le contraire en augmentant la TVA par exemple avec le soutien du PS. Tout de même, en Autriche, le taux de croissance est de 1% supérieur à la Suisse… C. Bl. Je connais bien l'Autriche. Les impôts y ont moins été augmenté qu'en Suisse. En Suisse allemande, quelques entreprises partent s'y établir car les salaire s y sont beaucoup plus bas. Mais le taux de croissance n'est pas le seul critère à retenir. Notre taux de chômage est plus bas qu'en Autriche. Et d'après une récente étude, la Suisse reste au sommet du pouvoir d'achat et reste encore meilleure que les autres. Mais si l'Etat veut faire quelque chose, il doit diminuer ses dépenses et réduire les impôts et la bureaucratie qui entrave les entreprises dans leur liberté d'action, ce qui permettra d'augmenter l'attractivité de la Suisse pour les firmes qui voudraient s'y implanter. M. Blocher, vous avez toujours le mot concurrence à la bouche, mais lorsqu'il s'agit de renforcer la loi sur les cartels, on ne vous entend plus. Ne trouvez-vous pas qu'il y a trop de prix administrés, donc trop élevés, en Suisse? C. Bl. La majorité des prix administrés sont fixés par l'Etat (éléctricité, eau, déchéts, produits pharmaceutiques, transports publics etc.) La loi sur les cartels ne va rien changer à ce problème. Le pire, ce sont les monopoles qui excluent toute concurrence. La loi sur les cartels ne va pas empêcher les monopoles. Elle va augmenter la charge bureaucratique pour les entreprises et entraver la concurrence. L'Etat doit garantir des conditions-cadres qui permettent une concurrence maximale et il ne doit pas régler la concurrence. Et dans l'agriculture, n'y a-t-il pas trop de subventions fédérales? C. Bl. L'agriculture, comme dans tous les pays, n'est pas un marché libre. Ici, il faut subventionner le paysan de manière à ce qu'il puisse cultiver sa terre. Ensuite, c'est à lui de décider ce qu'il veut produire pour vivre. Mais il faut supprimer toute la bureaucratie agricole qu'il y a à la Confédération. La Suisse a un problème de main-d'œuvre qualifiée . Or, votre politique d'immigration rend difficile sa venue. M. Blocher, n'êtes-vous pas beaucoup moins libéral que vous le dites? C. Bl. L'UDC ne s'est jamais opposée à la main-d'œuvre qualifiée avec permis de travail, tant que nous en avons besoin. Ce que nous combattons, c'est le grand nombre d'immigrants illégaux, ce sont les sans-papiers, les requérants d'asile ou l'ouverture des frontières préconisée par l'accord de Schengen. C. Br. Je rappelle que la politique de l'UDC, c'est de mettre l'Etat sur la paille, à un degré tel que l'on doive réduire toutes ses prestations à la population, en premier lieu sur le plan social. Ensuite, je note que Christoph Blocher ne dit pas un mot de la politique monétaire de la BNS et de son soutien insuffisant aux exportations. Il ne propose rien non plus pour promouvoir l'innovation, dans un dogmatisme libéral d'ailleurs partagé par tous les partis bourgeois, pour lesquels l'Etat n'a pas à s'impliquer directement dans l'économie. Pourtant, je constate que des pays très libéraux, à commencer par les Etats-Unis et le Canada, soutiennent très activement les entreprises qui innovent. C. Bl. La politique monétaire de la BNS est suffisante pour les exportateurs. Je dis ceci en tant qu'entrepreneur qui exporte 92 % de ses produits. Une politique du franc faible, comme elle est préconisée par le PS, appauvrit la Suisse. Si on laisse des moyens financiers aux entreprises, ils ont la liberté d'être innovateurs. Le rôle de l'Etat se limite à un soutien de la recherche fondamentale dans les domaines les plus importants. Le PS ne cesse de souligner l'importance de la formation et de la recherche. Mais dans un domaine comme le génie génétique, ne faites-vous pas tout pour décourager la recherche? C. Br. En Suisse, on fait fausse route en concentrant la recherche sur le génie génétique. Dans l'alimentation, la majorité de la population ne veut pas des organismes génétiquement modifiés (OGM) et elle a raison de résister à leur introduction. Avant de pousser la recherche, notamment en médecine, il y a des questions éthiques fondamentales à discuter. Le PS n'est pas totalement opposé au génie génétique, mais il exige qu'une législation-cadre apporte d'abord les garanties indispensables, aussi bien pour préserver l'environnement que pour assurer le respect de la dignité humaine. L'économiste Walter Wittmann reproche à vos deux partis, soit l'UDC et le PS, d'être très conservateurs en matière économique. Ne paralysez-vous ainsi pas la Suisse? C. Br. Si on suivait les théories de Wittmann, on aurait placé Martin Ebner à la tête du Département fédéral des finances. Il incarne un libéralisme quasi absolu, pour lequel l'état n'est jamais aussi bon que quand il ne se mêle de rien. Pourtant, on sait que l'efficacité économique n'a rien à voir avec la privatisation ou non. Un service public peut être très performant, tout comme une entreprise privée d'ailleurs. C. Bl. Les entreprises étatisées empêchent toute concurrence et sont beaucoup moins efficaces. C'est pourquoi beaucoup d'autres pays (France, Autriche, Allemagne, Angleterre) accélèrent les privatisations. Parlons du service public, justement. Pourquoi le PS laisse-t-il tomber la compagnie Swiss, alors que l'Etat, qui en est l'actionnaire majoritaire, pourrait y jouer un rôle d'entrepreneur? C. Br. Halte! Nous ne laissons pas tomber Swiss. Nous disons non à une nouvelle injection de fonds publics, ce n'est pas la même chose. le trafic aérien n'est pas un service public. Et la Confédération est dans Swiss un actionnaire parmi d'autres. C. Bl. Pourquoi avez-vous fondé cette sociète aérienne avec l'Etat? Vous vouliez démontrer l'efficacité de la politique et avez échoué. C'est pourtant au nom de conditions-cadres élémentaires que le monde politique suisse a soutenu Swiss en 2001… C. Br. La position du PS est claire. A l'époque, une faillite de ce qui s'appelait SAir Group aurait entraîn é des licenciements massifs en cascade chez ses sous-traitants, menaçant aussi l'infrastructure aéroportuaire, dans un contexte économique déjà difficile. C'est pourquoi nous sommes intervenus. Aujourd'hui, il faut que l'entreprise trouve les solutions pour réussir sur le marché. Ce n'est pas à la Confédération de dire vers quelles destinations Swiss doit voler. Ou alors on nationalise totalement Swiss, mais ce n'est pas mon option. Mais pourquoi le PS n'a-t-il pas entamé une telle réflexion? C. Br. Parce que, je vous le répète, le trafic aérien n'est pas un service public, contrairement à la poste ou aux chemins de fer. C. Bl. Avec votre solution, nous n'avons quand même pas sauvé les postes de travail, et en plus nous avons dépensé deux milliards de francs de fonds public. Ce qui était déjà clair en 2001. Mais vous avez préféré collaborer avec le PRD et le PDC. Quand est-ce que l'Etat doit participer à une entreprise? Seulement dans les domaines où il faut un monopole, où l'on ne peut ouvrir une concurrence, là je suis pour l'Etat. Un monopole d'Etat est meilleur qu'un monopole privé, par exemple pour les chemins de fer, où l'on ne pourrait pas se contenter de cinq ou six lignes rentables ou le réseau routier ou les réseaux interrégionaux d'électricité. Mais dans les télécommunications, la privatisation partielle a commencé à fonctionner. La concurrence joue dans ce domaine. C. Br. Même si la Confédération en reste l'actionnaire majoritaire! C. Bl. Ce qui est un grand désavantage pour la concurrence. Mais concernant les compagnies aériennes, je note qu'elles sont privées dans toute l'Europe. Il n'est pas nécessaire que l'Etat intervienne. Que voit-on à présent après l'aide accordée en 2001? Des milliards de francs de l'Etat, des cantons et des communes gaspillés!C'est un scandale! C. Br. C'est la preuve qu'une entreprise privée peut mal travailler. C. Bl. Swiss, une entreprise privée? Vous plaisantez! La Confédération en est l'actionnaire majoritaire avec 20 % d'actions. Ce n'est pas rien! La condition du PS était de partir avec 134 avions. Aujourd'hui, nous sommes à la moitié. Pourriez-vous envisager une nouvelle intervention de l'Etat en faveur de Swiss? C. Br. Non, c'est une entreprise privée qui doit trouver les solutions elle-même. Europe Mme Brunner, depuis dix ans, la demande d'adhésion est gelée et ne sert donc à rien. Ne serait-il donc pas temps de la retirer? C. Br. Evidemment que si elle est gelée, elle ne sert à rien. Mais la retirer serait vraiment dommageable, car on donnerait un signal négatif : "Chers Européens, la Suisse ne voit pas son avenir avec vous". C. Bl. Naturellement qu'il faut retirer cette demande. Le peuple suisse a refusé l'adhésion à l'UE à plusieurs reprises. Mais le Conseil fédéral et les autres partis ne veulent pas entendre le peuple et continuent de demander l'adhésion. Mais actuellement, nous faisons les deux choses: Adhérer et s'abstenir. Nous ne sommes pas en train d'adhérer, tout de même… C. Bl. Non, mais nous donnons à l'UE des signaux totalement contradictoires. D'une part, nous avons cette demande. D'autre part, nous négocions des contrats bilatéraux car nous voulons rester souverains. C'est une bêtise. On ne peut pas négocier les accords bilatéraux dans cette situation. L'UDC est-elle pour la voie bilatérale? C. Bl. Bien sûr que je suis pour la voie bilatérale. C'est le chemin choisi par la Suisse depuis plus de 700 ans. Mais je ne veux pas accepter n'importe quel contrat. Je suis ainsi opposé à Schengen, à l'abolition des contrôles frontaliers qui aura pour résultat une augmentation de la criminalité. Ce serait un premier pas vers l'adhésion. En revanche, sur la question des places financières, nous avons trouvé une solution acceptable. Mais l'UE dit que ces accords font partie d'un ensemble. C. Bl. Non, ce n'est pas l'UE qui fait ce lien, c'est l'adminstration fédérale qui le fait. Aujourd'hui, vous vous opposez à l'extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays membres de l'UE, qui pourrait alors dénoncer les sept accords actuels. Etes-vous prêt à prendre ce risque? C. Bl. Mais l'UE ne cassera pas ces accords. Elle n'y a pas intérêt. Cela signifierait que nous serions libres de réintroduire les poids lourds 28 tonnes sur les autoroutes. Attendons désormais sept ans avant d'envisager la suite. C. Br. Il serait intéressant de voir ce qui se passerait si l'UE cassait ces accords. Là, l'économie dirait tout à coup que cela ne va pas et elle parlerait à nouveau de l'adhésion. C. Bl. Je vous le répète. L'UE ne cassera rien. Pourquoi l'écomonie demande-t-elle d'ouvrir le pays à ses nouveaux membres de l'Est? Parce qu'ils ont besoin d'employés qui travaillent à de bas salaires. Il faudrait alors introduire des salaires minimaux, comme le réclame d'ailleurs les syndicats, et ce serait très mauvais pour l'économie et augmenterait le chômage en Suisse. Mme Brunner, si vous n'obtenez une garantie d'un salaire minimal de 3000 francs, combattrez-vous l'extension des accords bilatéraux? C. Br. Ce qui est en jeu, c'est l'indispensable amélioration de notre droit du travail, gravement lacunaire en matière de protection des personnes salariées. En regard du droit européen, nous n'avons quasiment rien. Pour combattre les risques de dumping salarial et social, le peuple a voté des mesures d'accompagnement pour la libre circulation avec les 15 de l'UE. Ces mesures sont un minimum tout à fait insuffisant vu la situation spécifique des 10 nouveaux membres dès 2004. C'est pour cela qu'il faut les renforcer, je souligne qu'il le faut impérativement pour protéger les personnes qui travaillent chez nous. C. Bl. Je vous rappelle que ceci est la raison pour laquelle la Suisse est prospère et que le chômage y plus bas qu'ailleurs. M. Blocher, les accords de Dublin permettraient de régler une bonne partie des problèmes de l'asile, comme les doubles demandes. Cela nous ferait économiser des centaines de millions de francs. Pourquoi les combattez-vous? C. Bl. Peut-être que ces accords apporteraient une petite amélioration pour notre politique d'asile. Mais en fait on se sert de Dublin comme d'un prétexte pour ne rien faire en Suisse. Regardez la politique d'asile dans les pays de l'UE: elle n'est pas du tout harmonisée. L'Italie n'a aucun droit d'asile. Les Hollandais travaillent tout seuls et naviguent à vue selon les besoins. C. Br. Non, Monsieur Blocher. La réalité est que l'harmonisation de la politique européenne avance à grands pas. Et les problèmes qui se posent dans l'asile ne peuvent pas être résolus à l'échelle d'un seul pays, tout le monde en convient, sauf vous. Par exemple, avec Dublin, nous éviterions qu'une personne requérant l'asile dans un État de l'Union puisse parallèlement déposer une requête chez nous. Il en va de même avec la lutte contre la criminalité internationale. Nous devons renforcer les collaborations avec nos partenaires de l'UE. C'est incroyable que vous vouliez faire croire au peuple suisse que l'action de la Confédération sera plus efficace en restant seuls dans notre coin ! C. Bl. Toute seule, la Suisse peut mener une politique stricte en matière d'asile. Pour l'instant, les accords de Dublin ne fonctionnent pas. Tout récemment, le préposé aux réfugiés Jean-Daniel Gerber nous a dit que tous les pays de l'UE chassaient les requérants chez leurs voisins, car chacun devient toujours plus strict. La Suisse est seule à renoncer à une politique stricte et à faire confiance à Dublin. Assurances sociales Imaginons que les sondages aient raison et que vos deux partis gagnent les élections. Vous ne serez d'accord sur rien. N'est-ce pas dès lors les autres partis qui feront la décision? C. Bl. Non. Nous avons toujours dit, même avant l'introduction de la Lamal, que les primes augmenteraient si on étendait les prestations de base et que l'on payait aussi des prestations de prévention. Nous avons donc rédigé une initiative limitant les prestations de base. Cela fonctionnera mieux (compléter SVP).. Notre système de santé actuel est dominé par des monopoles. Ce système socialiste devient de plus en plus cher. C'est la classe moyenne qui paie la facture. Notre initiative pourra réduire les primes. C'est le peuple qui va trancher. Mme Brunner, votre parti est désormais hors-jeu après la défaite cuisante lors de la votation sur les primes adaptées au revenu? C. Br. Pourquoi hors-jeu ? La LAMal est une bonne loi de santé publique, c'est son financement qui n'est pas équitable. La question des primes par tête reste entière. La révision court aux Chambres et le PS se bat pour qu'on allège la pression sur les petits revenus et sur les familles. Maintenant, sûr qu'il faut agir aussi au niveau des coûts. Mais qui ne veut rien savoir des compétences de planification à la Confédération ? Qui refuse l'obligation de prescrire les médicaments génériques ? Qui favorise une privatisation rampante de la santé ? La droite est largement responsable de la hausse incontrôlée des coûts, même si une part de la hausse est inévitable vu le vieillissement de la population. Venons-en à l'âge de la retraite, dont vous refusez tous deux l'élévation envisagée par le ministre de la santé Pascal Couchepin. M. Blocher, n'est-ce pas vous qui disiez qu'il ne devait pas y avoir de tabous sur cette question? C. Bl. Je ne suis bien sûr pas contre la réflexion. Mais je constate que le financement de l'AVS est assurée pour les vingt prochaines années. Or, Pascal Couchepin ferme les yeux là-dessus et décrète soudain que nous travaillerons jusqu'à 67 ans en 2025. Mais nous devons pas décider de cela aujourd'hui. Nous devons clore la onzième révision avec une solution permettant de ne pas augmenter les impôts, de ne pas diminuer les rentes et d'éviter une hausse de l'âge de la retraite en-dessus de 65 ans. Mais le président de la Confédération préfère augmenter la TVA que de verser l'or à l'AVS et oublie que dans l'administration fédérale, les fonctionnaires partent à la retraite à l'âge de 61.4 ans en moyenne, alors que l'âge de la retraite est de 65 ans dans l'économie. C. Br. Durant très longtemps, je me suis occupée de l'industrie privée en tant que syndicaliste. Que s'est-il passé lors des multiples restructurations auxquelles j'ai assisté? Le privé aussi met les gens à la retraite anticipée, quand il ne met pas les employés au chômage ou à l'assurance invalidité.A 64 ans, 49 % des personnes actives sont à la retraite anticipée. C. Bl. Eh, eh, eh… Excusez-moi! Dans mon entreprise, les gens partent à la retraite à 64,3 ans. C. Br. Dans la 11ème révision de l'AVS, il faut donner la possibilité de prendre une retraite anticipée dès 62 ans aux personnes dont les revenus sont inférieurs à la moyenne. 400 millions à cette fin, c'est un premier pas nécessaire aujourd'hui. Pour élargir la base financière de l'AVS, le PS préconise qu'une partie des réserves excédentaires de la BNS aille au fonds AVS et nous avons déposé une initiative populaire qui demande que le bénéfice annuel de la BNS y soit affecté également, sous réserve d'un milliard de francs qui demeure réservé aux cantons. M. Blocher, vous êtes d'accord? C. Bl. Non. Ces bénéfices normaux reviennent pour deux tiers aux cantons et pour un tiers à la Confédération. Mais les 20 milliards de réserves excédentaires doivent profiter à l'AVS: ainsi, une augmentation de la TVA ne sera pas nécessaire. Tout ceci sans toucher aux prestations de l'AVS. M. Blocher, voici quelques années, vous vouliez privatiser l'AVS en prétendant que le deuxième pilier était plus solide. Vous reconnaissez que vous vous êtes trompés? C. Bl. Non, non, pas du tout. C'est une solution qui doit être examinée. Les jeunes ont perdu confiance en l'AVS, C'est clair que ce n'est pas une solution pour les dix prochaines années, car il faudra beaucoup de temps pour changer le système. Mais il faut examiner cette variante qui a beaucoup d'avantages. Chacun est responsable pour soi-même et sait qu'il va recevoir ce qu'il a versé. Il y a des avantages et les inconvénients. Il faut peser les arguments pour et contre. Naturalisations M. Blocher, l'UDC veut lancer une initiative pour une naturalisation par le peuple, alors que le Tribunal fédéral la juge anticonstitutionnelle. Est-ce vraiment un problème si l'on sait que seuls 5 % des étrangers qui remplissent les conditions d'une naturalisation en font vraiment la demande? C. Bl. Naturellement. Cette décision du TF est un vrai scandale. Qui a décidé ceci? Deux socialistes, deux PDC et un radical. Jusqu'à présent, il était clair que les communes statuaient concernant la naturalisation. A présent, le TF tranche et dit que la naturalisation est désormais un simple acte administratif. Pour beaucoup de communes, il s'agit d'une décision importante et très politique. Voilà pourquoi beaucoup de communes ont décidé de naturaliser dans l'assemblée communale. La décision du TF est typique, mais aussi très grave. On veut éliminer le peuple et naturaliser un maximum de gens. C. Br. Si à chaque fois que le Tribunal fédéral rend un arrêt, on veut analyser sa composition, on ne s'en sortira pas. Nous sommes dans un état de droit qui repose sur le fait qu'on admet que le TF est la plus haute instance juridique de notre pays. En outre, le TF a admis le droit de recours contre une décision communale. C'est parfaitement démocratique que de disposer de ce droit de recours. Mme Brunner, un sondage auprès des recrues a montré que de plus en plus de jeunes s'inquiètent de la présence des étrangers en Suisse. N'est-ce pas un échec de l'angélisme de la politique de gauche en matière d'immigration? C. Br. Quel angélisme de gauche ? L'intégration est un processus réciproque, elle a aussi un coût. Depuis des années, nous réclamons davantage de moyens pour une intégration réussie des personnes immigrées. Nous appelons aussi l'économie à prendre ses responsabilités et qu'elle assume une partie des frais découlant de cette intégration. Mais que faire pour lutter contre la criminalité croissante de la population étrangère? C. Br. Même si les chiffres qu'on nous présente sont faussés (on comptabilise les étrangers qui n'habitent pas dans notre pays), il y a là un vrai problème que le PS ne nie pas. De l'école à la vie sociale en général, il s'agit de déployer beaucoup d'efforts de manière à éviter, par exemple, que des rixes ne se terminent par des morts, comme récemment à Yverdon. Nous sommes favorables à l'augmentation des effectifs de police pour lui donner les moyens de faire un travail préventif, et pas seulement répressif. C. Br. La dégradation de la situation résulte d'une politique d'immigration trop laxiste. Les requérants d'asile, les travailleurs clandestins, les sans-papiers, vous avez laissé entrer tout le monde. Aujourd'hui, nous recevons la facture: nous avons 70 % d'étrangers dans les prisons zurichoises. Nous devons devenir beaucoup plus stricts. Les jeunes voient très bien cette problématique dans la vie quotidienne. M. Blocher, vous êtes pour la naturalisation automatique pour les étrangers de la troisième génération nés en Suisse? C. Bl. Non, nous refusons tout automatisme. Je constate qu'il reste toujours des étrangers qui ne sont pas intégrés. Et ceux qui sont bien intégrés se font naturaliser sans problème. Mais ce n'est pas un immense problème à mes yeux. Et encore M. Blocher, vous allez gagner les élections grâce à l'UDC romande. Cela signifie-t-il que le deuxième siège UDC pourrait revenir à un Romand? C. Bl. C'est possible, mais pas indispensable. En Suisse romande, l'UDC, qui devrait passer les 10 %, a encore un potentiel considérable. Quand prendrez-vous votre retraite? C. Bl. La prochaine législature n'est pas la dernière. J'ai décidé de ne pas partir avant 2027, soit à 87 ans (sourire). C'était l'âge auquel Adenauer s'est retiré. Cela dit, je pense que l'UDC me survivra sans problème. J'ai toujours pris soin à ce que le parti ne dépende pas de moi. D'ailleurs, je ne le finance pas au niveau national. Je ne m'engage qu'au niveau des votations. J'ai ainsi investi deux millions de francs lors de la votation sur l'Espace économique européen en 1992 et quelque 200'000 francs concernant l'attribution des réserves d'or de la BNS Mme Brunner,n'êtes-vous pas affaiblie dans votre campagne par le fait que votre siège est menacé à Genève? C. Br. Bien sûr, les dissensions au sein de la gauche m'affaiblissent à Genève, mais cela n'a aucune influence sur la campagne nationale du PS, pour laquelle je me bats avec le même engagement. Quels sont vos objectifs pour les élections? C. Br. Christiane Brunner: 25 % de l'électorat C. Br. Nous avons gagné 15 sièges en 1999, ce qui était un grand succès. Il s'agit maintenant de consolider ce résultat.. Dans plusieurs cantons alémaniques, nous ne pouvons plus guère progresser. Mais il est très important que l'UDC progresse en Suisse romande.
21.08.2003
Wer will denn da noch in die EU?
Meine Kolumne in der "20 Minuten" vom 21. August 2003 Immer mehr Schweizer wollen nicht in die EU. Das hat eine neue Studie der ETH gezeigt. Und die Schweizer Bürger wissen, warum: Ein EU-Beitritt bringt nur Nachteile. Ein Facharbeiter (35jährig, verheiratet, zwei Kinder) verdient in Zürich 81'400 Franken. In Berlin 44'500, in Wien 39'800 Franken. Ein Volksschullehrer 102'800 (Zürich), 61'500 (Berlin), 39'500 Franken (Wien). Ein Ingenieur 111'000 (Zürich), 69'100 (Berlin), 55'500 Franken (Wien). Möchten Sie tauschen? Bei einem EU-Beitritt müsste die Mehrwertsteuer angepasst werden. Von heute 7,6% auf 15 %. Das sind im Jahr 18 Milliarden verdeckte Abgaben. Auf eine vierköpfige Familie berechnet, macht das 9'447 Franken zusätzliche Steuern. Möchten Sie tauschen? Mit einem EU-Beitritt unterstellen wir uns der Brüsseler Bürokratie. In unserer direkten Demokratie kann der Bürger die Politik wirkungsvoll mitgestalten. In der zentralistischen EU hat der einzelne Bürger nichts zu sagen. Möchten Sie tauschen? In der Euro-Zone verharrt die Arbeitslosenrate auf rund 9%. In der Schweiz sind 3,6% ohne Arbeit. Möchten Sie tauschen? Seit Jahrzehnten profitieren wir von einer stabilen Währung und einer extrem niedrigen Inflationsrate. Die ganze Welt hat Vertrauen in den Schweizer Franken. Bei einem EU-Beitritt müssten wir den Franken gegen den "Teuro" eintauschen. Trotz der offensichtlichen Nachteile wollen Bundesrat, SP, FDP und CVP in die EU. Warum? Weil die Politiker profitieren: Sie bekommen höhere Löhne, ein Berufsparlament, mehr Spesen, viele Dienstreisen und vor allem: Sie müssen keine Verantwortung mehr tragen. Dass die Schweizer Bevölkerung bei einem EU-Beitritt nur verliert, ist diesen Politikern egal. Diese Politiker, die nur für sich selber schauen, müssen abgewählt werden. Sie handeln verantwortungslos und missachten den Volkswillen. Die SVP setzt sich als einzige Partei für eine souveräne und erfolgreiche Schweiz ein. Nationalrat Christoph Blocher, Herrliberg
21.08.2003
Ein EU-Beitritt aus Schwäche?
Meine Kolumne in der "NZZ" vom 21. August 2003 Die EU hat an Glanz verloren. Seit der grossen EWR-Debatte von 1992 sind die Lobeshymnen auf das «Vereinigte Europa» weitgehend verstummt. Die Verheissungen der europäischen Staatschefs («Bis 2000 werden wir die Arbeitslosigkeit überwunden haben»; «Die gemeinsame Währung wird einen gewaltigen Produktionsschub auslösen») sind durch die Realität widerlegt worden: Die Euro-Zone stagniert. Die Arbeitslosenzahlen liegen bei rund 9 Prozent. Die Staatshaushalte bleiben defizitär. Aus einer «gehobenen Freihandelszone» hat sich ein Europa der Institutionen und Bürokraten herausgebildet. Unternehmer im EU-Raum leiden heute mehr unter den Behinderungen durch Überregulierung und Schikanen aus Brüssel, als dass sie vom erhofften Produktivitätsschub profitieren. Die politisch - und nicht ökonomisch - motivierte Einheitswährung zeigt, dass sie den unterschiedlichen Volkswirtschaften Europas nicht gerecht werden kann. Für wirtschaftlich kriselnde Staaten wie Deutschland ist der Euro zu stark, für überhitzte Ökonomien wie die Spaniens zu schwach. In der Folge brechen diverse Regierungen regelmässig den Stabilitätspakt - ironischerweise vor allem die Euro-Promotoren Deutschland und Frankreich. Politische Fehlkonstruktion Auch von einer politischen Einheit ist je länger, je weniger zu spüren. Nicht nur durch die verschiedenen Verträge (Maastricht, Amsterdam, Nizza) wurde die Demokratie auf Kosten der kleinen Staaten geschwächt, auch die Grossen gebärden sich immer ungenierter. Man denke an die arrogante Einmischung der EU nach den Wahlen in Österreich, an Präsident Chiracs Versuch zur Disziplinierung der osteuropäischen Staaten wegen ihrer probritischen Haltung («Sie haben eine gute Gelegenheit verpasst zu schweigen») oder Schröders Absage seiner Ferien im «befreundeten» Italien. Durch die Osterweiterung dürfte sich diese Zwei-Klassen-Mentalität noch verstärken. Bereits heute ist die Rede vom «Europa der verschiedenen Geschwindigkeiten». Angesichts der Polarisierung in der Irak-Frage wirken die arrangierten Fototermine der vereinigten Staatsoberhäupter umso gekünstelter. Was will die Schweiz? Das Schweizervolk hat die Schwächen der EU erkannt und mit 76,8 Prozent die Initiative «Ja zu Europa» deutlich abgelehnt. Seither vertuschen Bundesrat und Parlament ihre aussenpolitischen Pläne. Vor allem im Wahljahr 2003 drückt sich die Classe politique um jede klare Stellungnahme. CVP-Präsident Philipp Stähelin denunziert die EU-Frage als «Wahlkampfgeplänkel». Franz Steinegger rät von einer Grundsatzdebatte über den EU-Beitritt ab: «Die FDP kann nur verlieren.» In Tat und Wahrheit hält der Bundesrat in seinem aussenpolitischen Bericht ausdrücklich fest: «Der EU-Beitritt ist das Ziel des Bundesrates.» Zu diesem Zweck will er in der nächsten Legislaturperiode (2004-2007) über die Aufnahme von Beitrittsverhandlungen entscheiden. Diesem Bericht haben alle Regierungsparteien ausser der SVP zugestimmt. Mit seiner Erklärung liegt der Bundesrat ganz auf der integrationspolitischen Linie der SP. Was sich die Sozialdemokraten vom Beitritt versprechen, hat Peter Bodenmann kürzlich so beschrieben: «Für mich stellt die EU den einzigen Raum dar, in dem die europäische Linke mit Aussicht auf Erfolg reregulieren kann.» Die FDP legte sich 1995 per Parteitagsbeschluss auf den Beitritt fest. Laut FDP-Präsidentin Christiane Langenberger soll sich die Schweiz neuerdings «aus wirtschaftlicher Notwendigkeit» der EU anschliessen. Die Präsidentin der FDP hat dies in ihrer 1.-August-Rede 2003 in geradezu apokalyptischer Form festgehalten: «Die Schweiz kann ihrem europäischen Schicksal nicht mehr entrinnen.» Damit übernimmt sie fast wörtlich die Argumentation der Bodenmann-SP-Ringier-Achse. Allerdings räumt sie ein, dass es noch etwas dauern könnte. Die CVP-Delegierten beschlossen 1998 den EU-Beitritt. 2001 kämpfte die CVP zusammen mit der SP für die Initiative «Ja zu Europa», die sofortige EU-Beitritts-Verhandlungen verlangte. Die Wirtschaft hat ihre Konsequenzen gezogen. Im Gegensatz zu den frühen neunziger Jahren propagiert heute kaum ein Wirtschaftsvertreter mehr den EU-Beitritt. Auch die Economiesuisse als traditionell der FDP nahestehender Wirtschaftsverband beurteilt einen EU-Beitritt klar negativ (Standortbestimmung zur schweizerischen Integrationspolitik, Oktober 2002). Nachteile eines EU-Beitritts Ein EU-Beitritt heisst: Aufgabe des Schweizerfrankens und Ende einer souveränen Geldpolitik; höhere Schuldzinsen mit negativen Auswirkungen auf die Hypotheken, den Wohnungsmarkt und die Mieten; weitere Regulierungen und in der Folge mehr Arbeitslose; Nettozahlungen in Milliardenhöhe; Preisgabe des Bankkundengeheimnisses mit gravierenden Konsequenzen für den Finanzplatz Schweiz. Staatspolitisch gesehen bedeutet der EU-Beitritt einen weitgehenden Verlust der Freiheit und Selbstbestimmung, der Volksrechte und der Neutralität. Warum halten SP, FDP, CVP und Bundesrat dennoch stur am Beitrittsziel fest? Ausdruck der Resignation Der Wunsch nach einem EU-Beitritt ist als Flucht aus der innenpolitischen Verantwortung zu sehen. Er ist Ausdruck der öffentlichen Resignation und der sichtbaren Unfähigkeit, die Aufgaben im eigenen Land erfolgreich zu bewältigen: Weil man das Asylproblem nicht anpacken mag, träumt Bundesrätin Ruth Metzler vom Dublin-Vertrag. Ihre Beamten begründen lieber die Unlösbarkeit des Asylproblems und möchten die Verantwortung nach Brüssel abwälzen, als dass sie den milliardenteuren Missbrauch wirksam bekämpften. Moritz Leuenberger unterzeichnet eigenmächtig einen Staatsvertrag, worin er Deutschland faktisch die Ausgestaltung der heimischen Luftverkehrspolitik abtritt. 2001 stimmte das Volk mit 84,7 Prozent (!) der Schuldenbremse zu. Schon ein halbes Jahr nach deren Einführung verbreitet das Finanzdepartement ein «Time-out» und verschiebt die versprochene Haushaltsanierung auf 2008. Aymo Brunetti, Chefökonom des Seco, zählt minuziös die wirtschaftlichen Schwächen der Schweiz auf und gibt offen zu, dass es sich um eine Auflistung binnenwirtschaftlicher Fragen handelt. Dennoch sieht er als einzigen Ausweg den EU-Beitritt. Offenbar traut Brunetti seiner eigenen Regierung keine selbständige Reformpolitik mehr zu. Die aus allen Rudern laufenden Ausgaben für die Sozialwerke werden als naturgegeben hingenommen. Phantasielos erhöht man die Mehrwertsteuer. Hinterher beklagen die gleichen müden Leute das mangelnde Wirtschaftswachstum. Politiker und Beamte scheuen die Mühsal, im eigenen Land für Sicherheit zu sorgen, flüchten sich deshalb in internationale Verträge und hoffen, in einem Europa ohne Grenzen der Kriminalität Herr zu werden. Der Drang in die EU erinnert stark an das Vorgehen unfähiger Manager, ihr eigenes Unternehmen in ein grösseres zu integrieren, in der Meinung, die anderen würden es dann schon richten. Diese Fluchtstrategie kann nie zum Erfolg führen. Die EU hat keines der Probleme gelöst, die wir angeblich nur mit Hilfe dieser Union lösen sollten: Schuldenwirtschaft, Arbeitslosigkeit, schleppendes Wachstum, Regulierungsflut, ausufernder Sozialstaat, Bildungsmisere, Kriminalität und Asylmissbrauch. Wir wären darum naiv, unser Heil in der EU zu suchen. Bilaterale als Hintertüre zum Beitritt? Wer resigniert, kann keine guten Verträge aushandeln. Zumal die Regierung ein doppelzüngiges Spiel treibt: Vor der Abstimmung über die bilateralen Verträge beschwichtigte Moritz Leuenberger das Volk: «Die bilateralen Verträge sind ein eigenständiger und selbständiger Schritt und haben mit dem EU-Beitritt nichts zu tun.» Einen Tag nach der Abstimmung erklärte sein Bundesratskollege Deiss: «Die Bilateralen sind ein wichtiger Schritt hin zur EU.» Diese Zwitterstellung der Schweiz ist unverständlich und schädlich. Einerseits signalisiert der Bundesrat gegenüber der EU den Wunsch nach einer Vollmitgliedschaft; andererseits gibt man vor, als souveräner Staat bilateral zu verhandeln. Klare Positionierung Was braucht die Schweiz von der EU? Die Bilateralen I wurden zwar schlecht ausgehandelt, aber sie genügen. Die EU wäre heute bereit für ein Abkommen zur Zinsbesteuerung, womit das Bankkundengeheimnis gewahrt bliebe. Doch die Bundesverwaltung hat anderes im Sinn: Sie will das Abkommen mit dem umstrittenen Schengen-Vertrag verknüpfen, der ein Europa ohne Grenzen vorsieht und damit neue Probleme bringt, vor allem nach der Osterweiterung. Der Vertrag über die Zinsbesteuerung sollte umgehend abgeschlossen werden. Die Verhandlungen zu den Bilateralen II sind abzubrechen, denn sie dienen lediglich als Vorbereitung eines späteren EU-Beitritts. Mit der Personenfreizügigkeit für Osteuropa ist zuzuwarten, bis genügend Erfahrungen mit den Bilateralen I vorliegen. Dass die EU die Bilateralen I ganz aufkünden, ist abwegig. Sonst müsste die EU - etwa beim Transitverkehr - wieder die alten vorvertraglichen Bestimmungen erfüllen. Aber eine solche Politik brauchte eine fähige und selbstbewusste Landesregierung. Die SVP will eine souveräne Schweiz. Deshalb müssen wir das Beitrittsgesuch zurückziehen. Nur so können wir die Haltung gegenüber der EU bereinigen, welche zu Recht am aussenpolitischen Kurs unserer Regierung zweifelt. Danach gilt es, die bürgerlichen Kräfte zu bündeln für die dringend notwendigen Aufgaben und Reformen innerhalb der Schweiz. Nationalrat Christoph Blocher, Herrliberg
01.08.2003