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03.11.2002

La faillite du Credit Suisse? Il faut s’y préparer

Interview dans Dimanche du 3 novembre 2002 Invité au Forum économique de Glion, le président de l'UDC zurichoise s'exprime sur le potentiel de son parti en Suisse romande, la crise économique, le Credit Suisse, l'initiative sur l'asile et la succession au Conseil fédéral. Texte Marc Comina Cette année, c'est déjà la deuxième fois que vous séjournez à Glion. Qui vous avait invité en avril? Christoph Blocher: Anne-Lise Monnier m'avait invité à participer à un repas in-formel avec des décideurs romands. Il y avait une trentaine d'entrepreneurs et de managers. Comme toujours dans le canton de Vaud, un conseiller d'Etat - Jean-Claude Mermoud - était de la partie. Il y avait surtout des libéraux et des radicaux. Nous avons discuté d'économie à l'abri des regards de la presse. Cette rencontre est-elle le signe que, en Suisse romande, vos idées sont aujourd'hui mieux acceptées? Blocher: C'est tout à fait évident. J'y vois plusieurs raisons. En économie, on comprend que les recettes que je combats depuis toujours sont effectivement mauvaises. J'ai toujours été contre le gigantisme et le copinage. Or la débâcle de Swissair et les problèmes de Swiss Life en sont la conséquence directe. En politique, je me bats pour que les impôts n'augmentent pas. Enfin, il y a la ques-tion européenne. A cause de mon combat contre l'adhésion à l'UE, j'ai longtemps été l'ennemi des Romands. Ici, il y a dix ans, on ne débattait pas de ce thème. Soit vous étiez pour, soit vous étiez un égoïste. Aujourd'hui, les gens voient les choses de façon plus différenciée. Dans les journaux aussi, on parle des avant-ages et des inconvénients de l'adhésion, des défauts de la construction européenne, etc. Vous pensez donc pouvoir gagner encore des voix chez les Romands? Blocher: Si nous faisons bien les choses avec les bonnes personnes en s'attaquant aux vrais problèmes, je suis convaincu que nous pouvons obtenir 25% des voix en Suisse romande, en 2003 déjà. Combien de sièges espérez-vous gagner? Blocher: Je n'ai pas fait de comptes, mais dans le canton de Vaud, nous devrions pouvoir gagner des sièges supplémentaires; de même qu'à Fribourg et à Genève. Etes-vous inquiet de la situation économique en Suisse? Blocher: Pas seulement en Suisse. Une forte récession est en train de frapper les Etats-Unis, l'Europe et le Japon. Elle est la conséquence de la période de forte croissance que nous avons connue ces dernières années. La conséquence? Blocher: Les Etats-Unis ont connu leur plus longue période de haute conjoncture depuis la Seconde Guerre mondiale. Douze ans d'affilée. Du jamais vu. Que fait-on quand les choses vont si bien? Des bêtises. L'argent est disponible, les choses se font presque d'elles-mêmes, même les managers incompétents ont du succès. Tout le monde vise le gigantisme, la globalisation. Je n'y ai jamais cru. L'être humain n'est tout simplement pas capable de diriger des structures aussi gros-ses. Tôt ou tard, il faut payer les pots cassés et corriger les erreurs. Il n'y a donc pas de motif particulier d'inquiétude: la croissance reviendra. Mais nous sommes au début de cette récession, et il ne faut pas croire que la reprise est pour le prin-temps. Cela va durer des années. Le Credit Suisse est-il en danger de faillite? Blocher: Je ne crois pas qu'il soit au bord de la faillite, mais nous sommes aujourd'hui dans la situation où cette éventualité ne peut plus être exclue. Si j'étais conseiller fédéral, je me tiendrais prêt à réagir au cas où une banque de cette taille ferait faillite. Il faut réfléchir dès aujourd'hui à des solutions. L'Etat devrait-il faire comme pour Swissair: payer? Blocher: Peut-être que l'Etat serait même obligé de le faire. Tant de personnes et de sociétés seraient concernées. Ce serait un tremblement de terre qui exigerait une véritable aide en cas de catastrophe. Mais je n'ai pas de solution toute faite. Le Conseil fédéral ferait bien de se préparer aussi à l'éventualité d'une faillite chez les assureurs, par exemple chez Swiss Life. Vous étiez contre l'intervention de l'Etat pour Swissair et vous pourriez y être favorable dans le cas d'une banque ou d'une assurance? Blocher: Dans le cas de Swissair, je n'étais pas contre le fait de rapatrier les passagers disséminés dans le monde ou de limiter tant que possible les dégâts. Mais je me suis opposé à la participation de l'Etat dans la nouvelle compagnie. De même, je serais totalement opposé à ce que l'Etat nationalise d'une certaine manière le Credit Suisse. Pensez-vous que le Conseil fédéral se prépare au pire? Je crains que non. Mais il devrait le faire. Je ne veux pas dramatiser inutilement: beaucoup de grosses banques ont disparu dans le monde sans que cela ne pro-voque de grande crise. Mais dans les années 1930, une crise mondiale a fait suite à l'effondrement d'établissements financiers. Il faut garder cela à l'esprit, y Blocher: réfléchir. Il faut toujours avoir réfléchi au worst case. Votre initiative sur l'asile a-t-elle une chance d'être acceptée? Blocher: Elle a une chance de l'être, mais avec la campagne du Conseil fédéral, ce sera difficile. Jusqu'à récemment, il disait que cette initiative enfonçait des portes ouvertes, que nos propositions étaient incluses dans les projets du gouver-nement. Puis il a suffi d'un sondage pour qu'on dise qu'elle est très dangereuse, qu'elle conduirait à plus de criminels, des coûts plus élevés, etc. Le Conseil fédéral pense que, si c'est le gouvernement fédéral qui le dit, les gens vont suivre son opinion. Moi, j'espère que nous allons gagner, même si, en termes élector-aux, ce serait cependant beaucoup mieux pour l'UDC si elle était refusée. Pourquoi? Blocher: Tellement de promesses ont été faites par le Conseil fédéral qui, comme chaque fois, ne seront pas tenues. A l'époque de notre première initiative, on nous avait promis qu'il n'y aurait plus un seul trafiquant de drogue parmi les requérants d'asile. Cinq ans plus tard, le trafic de drogue passe précisément par là. On a entendu que l'UDC allait soutenir la candidature de Patrizia Pesenti. Vous confirmez? Blocher: Pas du tout. Pour l'instant, nous n'avons entendu aucun candidat. Des réponses qu'elle donne, je vois cependant que c'est celle qui a l'esprit le plus clair. Mais rien n'a encore été discuté à l'interne. A-t-on besoin d'une femme pour remplacer Ruth Dreifuss? Blocher: Non, on a besoin d'un politicien, que ce soit un homme ou une femme, cela ne joue aucun rôle. Mais si une femme compétente est présentée, il n'y a aucune raison de ne pas voter pour une femme.  

02.11.2002

Nous n’avons pas besoin de génies au gouvernement

Interview dans Le Temps du 2 novembre 2002 Christoph Blocher, invité du Forum de Glion vendredi, estime que la re-présentation féminine au Conseil fédéral est un argument moins important qu'il y a dix ans. Le conseiller national UDC zurichois évoque le rôle qu'entend jouer son parti face aux échéances électorales et ses per-spectives en Suisse romande, ainsi que la situation économique du pays. Texte Yves Petignat et Jean-Marc Béguin Invité du Forum de Glion, Christoph Blocher a profité de l'occasion pour passer en revue et commenter les thèmes de l'actualité politique suisse. De la succession de Ruth Dreifuss au Conseil fédéral à la restructuration de La Poste en passant par les élections de 2003, l'initiative de son parti sur l'asile et la situation éco-nomique, le conseiller national UDC zurichois répond au Temps. Le Temps: Quel objectif visez-vous en présentant un candidat UDC à la uccession de Ruth Dreifuss, puisqu'il n'a aucune chance? Christoph Blocher: C'est une stratégie de responsabilité. L'UDC est le plus grand parti de Suisse, il doit signaler à chaque occasion qu'il est prêt à gouverner. On dira qu'il est plus intéressant d'être dans l'opposition que dans le gouvernement, cela permet de bouger davantage. Mais nous voulons mettre en demeure les radicaux et les démocrates-chrétiens en les obligeant à répondre à cette question: voulez-vous continuer à gouverner avec les socialistes, ou êtes-vous prêts à gouverner avec l'UDC? S'ils n'élisent pas notre candidat, ils indiqueront qu'ils ne sont pas prêts à gouverner avec nous. Si tel est le cas, pourquoi ne vous retirez-vous pas du gouvernement? Blocher: Il nous est interdit de sortir, sauf si on nous chasse! Cela voudrait dire que nous choisissons la pure opposition. L'opposition est certes une chose nécessaire, pour un gouvernement comme dans une entreprise. Mais nous voul-ons montrer que nous sommes aussi prêts à travailler, à construire. A l'intérieur du gouvernement, au moins pouvons-nous améliorer un peu la qualité des décisions. Pourquoi ne vous présentez-vous pas vous-même? Blocher: En réalité, je n'ai pas envie d'être conseiller fédéral. Je préfère être numéro un dans mon entreprise, Ems-Chemie, plutôt qu'un parmi sept à Berne. Et puis, je n'ai pas le goût de l'administration. Tous ces règlements, ces lois, ce n'est pas mon genre. D'ailleurs, si j'étais élu, les autres se réjouiraient de pouvoir enfin me ligoter. Ils pensent que je serais moins fort qu'en dehors du gouvernement, et c'est sans doute vrai. Cela dit, si l'on m'élisait, je pense que je serais capable et je ne me déroberais pas. Quelle est votre opinion sur les candidats socialistes? Blocher: Je n'en connais qu'un, Jean Studer. Les autres... c'est comme en 1999. Ruth Metzler n'a gagné que d'une voix devant Rita Roos. Je lui ai toujours dit qu'elle me devait son élection, car cette voix, c'était la mienne! Et pourquoi ai-je voté pour elle, qui m'était parfaitement inconnue? Parce que je connaissais sa concurrente, dont je ne voulais pas! Mais, au fond, tout cela n'a pas beaucoup d'importance: un candidat ou un autre, c'est un peu la même chose. A Berne, c'est de toute manière l'administration qui gouverne. Jean Studer serait donc, en définitive, un candidat acceptable? Blocher: Un socialiste reste un socialiste... mais pourquoi pas, si un socialiste doit être élu? Encore une fois: nous n'avons pas besoin de génies au gouver-nement. Mieux vaut des gens modestes, bons gestionnaires, qui ne cherchent pas à en faire trop. Pourquoi pas Jean Studer? Vous n'êtes donc pas sensible à la revendication féminine? Blocher: Ce n'est plus une question très importante. Ce fut le cas il y a dix ans, peut-être. Ma femme est mieux représentée en politique par moi que par beau-coup d'autres femmes... Pour l'UDC, cette élection n'est qu'un galop d'essai avant le test important de décembre 2003, qui suivra les élections fédérales. Vous réclamez à cor et à cri un deuxième siège au Conseil fédéral contre le PDC: que se passera-t-il s'il vous est refusé? Blocher: Nous continuerons notre stratégie d'opposition et nous l'amplifierons. Je ne suis pas pressé: il faut du temps en politique pour triompher. Lula, au Brésil, a attendu vingt-deux ans. Moi j'ai commencé il y a vingt-six ans en devenant président de l'UDC zurichoise. Regardez le chemin déjà parcouru! Quels sont vos objectifs en Suisse romande? Blocher: Je ne peux pas gagner la Suisse romande moi-même: aux UDC romands de le faire. Mais le potentiel est énorme. L'attitude vis-à-vis du parti et de ma personne a complètement changé. J'ai été longtemps diabolisé, aussi long-temps que les élites pro-européennes m'ont désigné comme l'ennemi de la cause, le faiseur du «Röstigraben». En 1992, au moment de la votation sur l'EEE, on re-fusait de m'interviewer en Suisse romande. Si j'apparaissais en public, je recevais des œufs ou des tomates. Pourtant, je n'ai pas changé. Je suis resté fidèle à mes idées. Ce sont les gens qui ont changé. Quelles chances donnez-vous à votre initiative sur l'asile, le 24 novembre, à la-quelle les premiers sondages sont très favorables? Blocher: J'ai peur de l'échec. Depuis la publication des sondages, le Conseil fédéral a changé de politique. Il est tout d'un coup très ferme vis-à-vis des emandeurs d'asile. Regardez le renvoi précipité des Rom! Ils vont encore faire quelques gestes spectaculaires de ce genre. Et, après la votation, tout re-commencera comme avant. – Mais votre initiative, qui propose le renvoi des re-quérants dans le pays de premier accueil, est impraticable dans la réalité. Si le texte est accepté et que rien ne change, on dira que l'UDC a trompé les électeurs. – C'est notre responsabilité et nous sommes prêts à l'assumer. Je ne dis pas que l'on peut apporter une solution parfaite à ce problème. Ce qui compte, c'est de donner un signal politique. Il faut rendre la Suisse moins attractive. La Suisse paraît entrer dans une période de tensions sociales: craignez-vous qu'elles ne s'aggravent? Blocher: Les choses sont toujours plus dures en période de récession, et les tensions ne feront qu'augmenter avec la libre circulation des personnes en pro-venance de l'Union européenne. La compétition va s'accroître sur le marché du travail. Mais je ne crois pas à une confrontation longue, ni dure. Les perspectives conjoncturelles sont pourtant très noires. Blocher: La récession ne sera pas courte. Il s'agit d'un ajustement classique après une période de haute conjoncture, pendant laquelle les gens font toujours beaucoup de bêtises. Tout le monde a trop investi. Moi-même, dans mon entre-prise, j'ai sans doute succombé à cette tentation. Il faut donc le temps de la correction. Et puis l'activité repartira. Le gouvernement ne doit rien entreprendre pour relancer la machine? Blocher: Lorsqu'il le fait, c'est toujours trop tard. Bien sûr, on peut libérer quel-ques forces pour des investissements, comme les routes nationales, pourvu qu'on économise ailleurs, dans l'administration. Mais la seule bonne politique, au-jourd'hui, serait une baisse des impôts et des taxes. Cela donnerait un avantage concurrentiel formidable à la Suisse, au moment où l'Allemagne s'apprête à en-core augmenter sa fiscalité. Beaucoup d'entreprises allemandes seraient alors incitées à déménager chez nous, et tout le monde en profiterait. Que pensez-vous de la décision de La Poste, qui va supprimer 15 centres de tri, au détriment des régions périphériques, dont la vôtre? Blocher: C'est sans doute la meilleure solution industrielle, il n'y a donc pas à hésiter. On peut donner autre chose aux régions périphériques. Je trouve plus utile de conserver quelques bureaux de poste dans les villages, par exemple. Vous restez décidé à entrer au conseil d'administration de Lonza: est-ce parce que vous ne faites pas confiance à la direction de l'entreprise? Blocher: Après la vente des actions de Martin Ebner, je suis devenu le premier actionnaire. Il est donc tout à fait normal que je puisse exercer ma responsabilité dans le groupe. Je ne veux pas me rendre compte trop tard d'erreurs qui pourraient y être commises, comme cela se passe si souvent.  

02.11.2002

«Schuldenabbau kaum dauerhaft»

SVP-Nationalrat Chr. Blocher Interview mit der Finanz und Wirtschaft vom 02. November 2002 Herr Blocher, der Souverän hat am 22. September die AHV-Initiative der SVP und den Gegenvorschlag mit der Solidaritätsstiftung abgelehnt. Was spricht dagegen, mit den 20 Mrd. Fr. aus dem ‹überschüssigen› Nationalbankgold dem riesigen Schuldenberg von Bund, Kantonen und Gemeinden von 220 Mrd. Fr. die Spitze zu nehmen? Christoph Blocher: Die staatlichen Schulden von heute sind die Steuern von morgen. Wer also Schulden abzahlt, sorgt dafür, dass die Steuerlast in der Zukunft leichter wird. Deshalb wäre der Schuldenabbau theo-retisch eine gute Sache. Weshalb nur theoretisch? Blocher: Meine langjährige Erfahrung zeigt, dass der psychologische Druck zum Geld-ausgeben für die Politiker derart gross ist, dass die Reduktion von kurzer Dauer wäre. Der neu gewonnene finanzielle Spielraum würde sofort wieder mit zusätzlichen Ausgaben gefüllt. Dann würde der Bürger gleich zweimal bezahlen, erstens mit dem Gold und zweitens mit der höheren Fiskalquote. Könnten die Politiker nicht mit Vorschriften analog der Schuldenbremse gezwungen werden, die Verschuldung auf dem neuen, tieferen Niveau zu halten? Blocher: Wenn Sie mir eine absolut wasserdichte Lösung bringen, werde ich mich sofort für den Schuldenabbau engagieren. Aber die Praxis zeigt, dass die Politiker jedes Regelwerk aushebeln oder so uminterpretieren, dass sie mehr Geld aus-geben können. Auch heute werden zum Beispiel in Bern trotz Schulden-bremse Defizite gemacht. Die Ausgabenfreudigkeit der Politiker lässt sich nur bremsen, wenn kein Geld mehr da ist und keine neuen Schulden mehr gemacht werden können. Sie wollen die Schulden und die schwere Zinsbürde nicht angehen, weil die Ent-lastung nicht von Dauer wäre. Ist das nicht so, wie wenn ein Doktor einen Bein-bruch nicht einschienen will, weil sich der Patient, wenn er gesundet, den Hals brechen könnte? Blocher: Nicht jeder, der sich ein Bein bricht und verarztet wird, bricht sich danach den Hals. In der Politik beträgt aber die Wahrscheinlichkeit, dass wieder Schulden gemacht werden, 99,99%. Wie sollen denn die 20 Mrd. Fr. nun eingesetzt werden? Blocher: Der AHV-Fonds wäre die beste Lösung. Damit werden künftige Steuern vermieden, was dem Effekt des Schuldenabbaus entspricht. Fliesst das Geld an die Kantone, ist die Wahrscheinlichkeit, dass diese damit Schulden tilgen, leider sehr klein.

01.11.2002

Das musste Martin Ebner bitter erleben

Christoph Blocher, Ex-Ebner-Gefährte und Industrieller aus Überzeugung, über Manager, Martin Ebner und den Shareholder-Value. Interview mit Bilanz vom Oktober 2002, Rubrik "Wie Bitte?" Interview: Jean-Luc Ingold Wie beurteilen Sie die gegenwärtige Wirtschaftslage? Christoph Blocher: Wir haben keine Krise ... Wie bitte? Blocher: ... keine Krise, aber einen Bruch im weltweiten Konjunkturverlauf - eine Rezession -, sozusagen als Reaktion auf die vielen sehr guten Jahre zuvor. Bis 1998 haben die USA praktisch einen zwölfjährigen Aufschwung erlebt, den längsten seit dem letzten Weltkrieg. Man vergisst viel zu schnell die einfache Regel, wonach auf fette Jahre magere Jahre folgen, und umgekehrt. Demzufolge sind wir in einem halben Jahr nicht über den Berg. Blocher: Wenn es ihm gut geht, denkt der Mensch, dass es ewig so weitergehe; das ist naturgegeben. Wenn es ihm schlecht geht, denkt er das Gegenteil. Ich glaube nicht, dass wir früher als in zwei oder drei Jahren aus der gegenwärtigen Flaute herauskommen. In der Schweiz hatten Beratungsfirmen einen grossen Einfluss auf Entscheidungen von Unternehmen, zum Beispiel der Swissair. Was ist falsch gelaufen? Blocher: Ihre Methode war an sich nicht falsch. Aber die beratenden Firmen haben die Methode zum Inhalt erhoben, und damit gingen sie davon aus, dass sich damit jederzeit alle Probleme lösen liessen. Wo die Methode zur Strategie wird, gepaart mit blindem Wachstumsglauben - wie eben bei der Swissair - stürzen Firmen ab. Die Swissair ist hier kein Einzelfall. Im Wahn wurden die Bilanzen angepasst: "Wir sind die Grössten, und deshalb genügt ein Eigenkapital von zehn Prozent, und wir können beliebig viele Schulden machen." Man sieht, wohin das bei Enron geführt hat. Aber auch wenn es mit rechten Dingen zugeht: Schulden haben ihre Grenzen. Das musste Martin Ebner bitter erleben. Er ist mit zu wenig eigenen Mitteln zu gross geworden. Was hat Martin Ebner falsch gemacht? Blocher: Hinterher ist es immer einfach zu sagen, die Strategie sei falsch gewesen. Nach der Gründung seiner ersten Gesellschaft - der Pharma Vision, an der ich beteiligt war - hat Ebner begonnen, die Anzahl seiner Firmen zu vervielfachen. Das Ganze wurde zu breit. Hier konnte ich nicht mehr folgen. Das war 1997. Als Industrieller darf und kann ich mich nicht verzetteln. Wenn die Anzahl Firmen stetig zunimmt und es an allen Ecken und Enden zu brennen beginnt, wird man zum Feuerwehrmann, der von einem Brandherd zum anderen rennt, aber kein einziges Feuer mehr löschen kann. Martin Ebner war ein Verfechter des Shareholder-Value. Haben die Versuche, dieser Maxime nachzukommen, erst recht zu Verlusten geführt? Blocher: Nein. Ich bin ein vehementer Verfechter des Shareholder-Value. Aber durch Überbetonung auch guter Ziele wurden Fehler gemacht, und es ist Missbrauch betrieben worden. Wir haben es hier mit demselben Phänomen zu tun wie in der so genannten New Economy. Ein blinder Glaube an Wachstum - ohne Produkte. Waren das die einzigen Fehler? Blocher: Die guten Unternehmer, die ich kenne, arbeiten nicht alle nach der besten Managermethode. Aber sie führen ihr eigenes Unternehmen mit allen Chancen und Risiken. Sie haben die Fähigkeit, dafür ihr Letztes zu geben, und leben für und vor allem vom Unternehmen. Ganz im Gegensatz zu den Managern, die plötzlich aus dem Nichts aufgetaucht sind. Diese haben die Unternehmen - ihre rechtmässigen Besitzer, die Aktionäre - enteignet und so in die eigene Tasche gewirtschaftet. Deshalb kämpfe ich dafür, dass die Manager von börsenkotierten Firmen ihre Saläre inklusive Boni, Optionen und anderer Gratifikationen offen legen. Ich verlange auch, dass sie auf Grund der Resultate, die sie erreichen, entlöhnt werden sollen.

27.10.2002

Machtkampf der Alphatiere um Lonza

Bericht von Sonntags Zeitung vom 27. Oktober 2002 Aktionär Christoph Blocher will in den Verwaltungsrat zurück, Präsident Sergio Marchionne sträubt sich dagegen von Peter Knechtli Durch den Zwangsverkauf der Ebner-Aktien kommt es um die Führung des Basler Feinchemie-Konzerns Lonza zu einem Machtkampf: Grossaktionär Christoph Blocher will sein Aktienpaket massgeblich vergrössern und in den Verwaltungsrat - der neue Präsident Sergio Marchionne blockt ab. Sollte der Versuch nach verstärkter Einflussnahme scheitern, erwägt Blocher einen Verkauf seiner Lonza-Beteiligung. "Es herrscht Krieg", beschreibt ein Mitkämpfer den Grabenkampf, der sich derzeit hinter den Kulissen um die künftigen Kommando- und Besitzverhältnisse der Spezialchemiefirma Lonza abspielt. Auslöser ist der abrupte Machtzerfall des Hauptaktionärs Martin Ebner, der sein 30-Prozent-Paket Knall auf Fall abstossen muss: Durch die Übernahme von Ebners "Visionen" ist die Zürcher Kantonalbank (ZKB), repräsentiert durch die Stillhalter Vision, bereits im Besitz von 10 Prozent der Lonza-Aktien. Weitere 20 Prozent - das Paket der BZ-Gruppe - kommen unter den Hammer. Roadshows vor allem in den USA, aber auch in der Schweiz hatten vergangene Woche das Ziel, Lonza als lohnendes Investment schmackhaft zu machen. Lonza spricht von "grossem Interesse" der Anleger Wie erfolgreich das von Merrill Lynch und der Deutschen Bank inszenierte Promotionsvorhaben war, wird sich kommende Woche zeigen, wenn das Paket dem oder den Meistbietenden verkauft wird. Dem Vernehmen nach erwartet Ebner einen Preis zwischen 90 und 100 Franken pro Aktie. Der aktuelle Kurs liegt bei 87 Franken. "Die Roadshow hatte aussergewöhnlichen Erfolg, das Interesse bei Anlegern ist sehr gross", erklärte Lonza-Sprecher Michel Gerber gegenüber OnlineReports. Am Freitag ging das Gerücht um, der deutsche Bankier und frühere Alusuisse-Lonza-Grossaktionär August von Finck, einer der grössten privaten Investoren der Schweiz ("Mövenpick", "Von Roll", "SGS Société Générale de Surveillance"), zeige lebhaftes Interesse. Ob sich tatsächlich scharenweise Interessenten auf die Schweizer Industrie-Perle stürzen, ist indes fraglich. Denn die Tour in die Finanzwelt war nötig geworden, nachdem Chemie- und Pharmaunternehmen einen Kauf zum vorgegebenen Preis reihenweise ausgeschlagen hatten. An einer Veranstaltung vor Finanzleuten in Zürich erklärte der frühere CEO und neue Lonza-Präsident Sergio Marchionne am Freitag, er wünsche sich die Aufteilung des Pakets auf mehrere institutionelle Anleger. Dies sei - so Lonza-Sprecher Gerber - "unter anderem auch eine sehr gute Strategie, um am ehesten sicher zu stellen, dass die Unabhängigkeit von Lonza gewahrt bleibt". Marchionne gegen Blocher-Comeback Aussenstehende sehen hinter Marchionnes Vorliebe für Institutionelle jedoch eine ganz andere Absicht: Seine möglichst optimale Machterhaltung und eine Strategie, um Grossaktionär Blocher die Rückkehr an die Schalthebel der Lonza-Macht zu verwehren. Diese Ambition hat Christoph Blocher Anfang Oktober klar geäussert: Die Ems-Chemie habe ihre Lonza-Beteiligung in Form von Aktien (12 Prozent) und Put-Optionen (9 Prozent, fällig bei einem Kurs zwischen 70 und 75 Franken) auf 21 Prozent Stimmrechtsanteil erhöht. Zudem werde er, so Blocher, bei "industriell vertretbaren Preisen" eine Aufstockung bis 33 Prozent ins Auge fassen und dafür weitere 700 Millionen Franken investieren. Im Gegenzug aber wolle er "Führungsverantwortung" übernehmen. Diese Botschaft ist der Anfang eines neuen Machtkampfes. "Nach dem Verkauf des Ebner-Pakets an viele Investoren wird Ems zum grössten Aktionär. Dann müssten wir wieder im Verwaltungsrat vertreten sein, sonst müssten wir unsere Beteiligung abbauen", sagte Blocher zur OnlineReports. Er wolle den 6'300 Mitarbeitende zählenden Konzern "schweizerisch" erhalten. Denn die Gefahr sei gross, dass das Unternehmen bei einer Übernahme beispielsweise durch amerikanische Finanzgruppen "als Ganzes nicht mehr Bestand hat". Fusions-Absicht Lonza-Ems dementiert Auf der Hand liegt auch die Annahme, dass Blocher seine Nachfolgeregelung mit einem grossen Streich einleiten will und möglicherweise gar auf das Lonza-Präsidium spekuliert und die Leitung der Ems-Gruppe an seine Tochter Magdalena abgibt. Auch eine spätere Fusion von Ems und Lonza, bei der die Kontrolle in der Familie Blocher bliebe, gehört in dieses Szenario. Blocher winkt ab: "Dies wurde früher bereits geprüft und abgelehnt. Eine Fusion ist nicht unsere Absicht." Blocher verliess Lonza-Verwaltungsrat nicht freiwillig Den Plan eines Blocher-Comebacks muss der neue Lonza-Präsident Marchionne aus mehreren Gründen fürchten wie der Teufel das Weihwasser. Im Zentrum steht der mögliche Macht-Zerfall des gross verdienenden Italo-Kanadiers. Denn ganz anders, als der Schein nach aussen trug, ist die damalige Alusuisse-Troika Blocher, Ebner und Marchionne längst am auseinander brechen. Zum Freundschafts-Dämpfer kam es spätestens im Frühjahr 2001, als Ebner und Marchionne dem SVP-Industriellen die Demission als Lonza-Verwaltungsrat nahe legten. Obschon Ebners Ehefrau die Patin von Blochers Sohn Markus ist, hat sich das Verhältnis zwischen dem Financier ohne Geld aus Freienbach und dem Ems-Chemie-Besitzer merklich abgekühlt. Ein Insider: "Ebner war Finanicer und Befürworter sogenannter wertsteigernder Massnahmen, aber kein Industrieller." Marchionne könnte Gemünd "am Händchen führen" Marchionne anderseits, der Lonza diesen Frühling als äusserst erfolgreicher Turnaround-Manager verliess, sei "ein guter Mann für Sanierungen" und "grosse strategische Schachzüge", aber "kein Mann der Knochenarbeit", wie sie Blocher für nötig hält. Selbst Lonza-Quellen sprechen von der Gefahr, dass Marchionne seinen neuen CEO Markus Gemünd "immer am Händchen führt" und das Management nicht an Selbstständigkeit gewöhne. Während Ebner und Marchionne nach Differenzen wieder zusammen spannten, blieben Blocher und Marchionne laute einem Szenenkenner inkompatibel: "Hier stiessen zwei Alphatiere aufeinander, die Chemie stimmte nicht mehr." Zürcher Kantonalbank will Lonza-Beteiligung abbauen Einfach wird Blochers Weg an die Lonza-Spitze nicht sein. So will die Zürcher Kantonalbank zwar ihre Lonza-Beteiligung als Klumpenrisiko stark abbauen, doch haben laut der Wirtschaftszeitung "Cash" Verhandlungen über den Kauf der Stillhalter Vision zwischen dem Ems-Chef und ZKB-Chef Hans Vögeli "nichts gefruchtet". Absprachen mit Blochers Gegenpart verneint Kantonalbank-Sprecher Urs Ackermann: "Ein Päckli mit Marchionne gibt es nicht."