Un NON est utile à la Suisse
«Bündner Tagblatt», 8 janvier 2009
La Roumanie et la Bulgarie sont les Etats les plus pauvres d’Europe. Le niveau des salaires est 10 à 20 fois plus élevé en Suisse que dans ces deux Etats. Les deux pays affichent un fort chômage, une criminalité élevé et de la corruption. Avec l’extension de la libre circulation des personnes, cette mentalité sera importée en Suisse.
Les parlementaires fédéraux savaient fort bien que cette extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et la Bulgarie était une aventure qui allait coûter très cher à la Suisse. Ils ont donc recouru à un truc sournois et antidémocratique: au lieu de soumettre séparément au peuple suisse les deux questions, à savoir la poursuite de l’actuelle libre circulation, d’une part, son extension à la Roumanie et la Bulgarie, d’autre part, ils les ont réunies en un seul paquet, si bien que le citoyen ne pourra pas exprimer fidèlement son opinion le 8 février 2009.
Non au paquet de la libre circulation des personnes
Après un NON du peuple, le Conseil fédéral peut défaire le paquet de la libre circulation pour faire réapparaître les deux lois initiales: la poursuite de la libre circulation devrait alors être immédiatement remise en procédure de décision; il paraît peu probable qu’un référendum soit lancée contre elle. En revanche, le projet d’extension de la libre circulation à la Roumanie et la Bulgarie devrait être réexaminé.
La légende de la clause de la guillotine
On nous dit qu’en cas de refus du paquet de la libre circulation des personnes tous les accords bilatéraux sont automatiquement abrogés. C’est une légende et même une tentative consciente d’induire les citoyens en erreur. Une telle clause n’existe pas. Selon les termes explicites du contrat, cela n’arriverait que si le Conseil fédéral annonçait à Bruxelles la résiliation des accords bilatéraux. Or, le gouvernement ne fera pas une telle déclaration (notification). Même un NON au paquet de la libre circulation des personnes ne lui donne pas un tel mandat, parce que le citoyen n’a pas voté sur ce principe.
Les Etats UE ne résilieront pas non plus les accords de leur propre initiative. Ce ne serait pas dans leur intérêt.
La libre circulation des personnes a-t-elle fait ses preuves?
On prétend que la libre circulation des personnes a fait ses preuves jusqu’ici. C’est malheureusement faux. La libre circulation n’a même pas eu l’occasion de faire ses preuves. Elle n’existe que depuis le 1.1.2007 et seulement avec les 15 anciens membres de l’UE. Durant ces dix-huit mois, la Suisse a connu une des plus fortes conjonctures économiques de ces dernières décennies. De nombreux étrangers sont venus de l’UE en Suisse. 40% de plus que l’année précédente! Ils n’ont pas pu poser de problèmes pendant cette période florissante; cela changera quand la conjoncture sera moins bonne. La Suisse ressentira alors douloureusement les effets de la libre circulation.
Accroître le chômage?
La Suisse tombera dans une profonde récession ces prochaines années. Cette dépression économique prendra des dimensions inconnues dans notre pays depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les conséquences en seront des horaires réduits et des licenciements ainsi qu’une hausse massive du chômage. L’actuelle libre circulation des personnes en sera une des causes. Son extension à la Roumanie et la Bulgarie aggraveront le problème. Résultats: la caisse de l’assurance-chômage sera vidée; les déficits de l’assurance-invalidité se creuseront, tout comme ceux de l’AVS et de l’assurance-maternité; l’aide sociale sera encore plus fortement mise à contribution. Ce développement entraînera à son tour une augmentation des prélèvements sur les salaires et de la TVA; des emplois seront perdus et la criminalité étrangère progressera.
Un NON le 8 février 2009 est donc dans l’intérêt de l’économie suisse et de l’emploi, bref dans l’intérêt de tout le pays. Un oui affaiblit la Suisse!
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