Un UDC romand au Conseil fédéral serait une bonne chose
Interview dans «24 Heures/ Tribune de Genève» du 1.9.2010
De nombreux candidats alémaniques de premier plan, comme votre chef du groupe parlementaire Caspar Bader, ne seront pas candidats le 22 septembre. Jean-François Rime jouera donc le rôle de kamikaze de service. Les Romands servent-ils à remplir les tâches ingrates ?
Je vous arrête tout de suite. Jean-François Rime est un excellent candidat, qui n’a rien d’un alibi pour l’Union démocratique du centre (UDC). Entrepreneur actif , il a l’expérience de terrain. Ce n’est pas un bureaucrate de l’économie. Il est aussi prêt à remettre son entreprise, ce qui n’était pas le cas de Caspar Baader.
On a tout de même l’impression que lorsque la cause est désespérée, on fait appel au Romand de service…
C’est faux. Jean-François Rime est une candidature sérieuse. A côté d’un Ueli Mauer, qui provient de notre aile agricole, nous aurions un représentant de l’économie. Une combinaison idéale. Et un UDC romand au Conseil fédéral serait une bonne chose. C’est la partie du pays où nous avons le plus grand potentiel. Les sections romandes sont pour la plupart encore jeunes et n’ont pas dépassé les 25% de voix aux dernières élections fédérales. Mais l’objectif doit être les 33% de Zurich ou encore les 45 % de Schwyz. Si nous devions échouer le 22 septembre, la question romande se posera aussi l’année prochaine.
N’avez-vous pas peur de « griller » un de vos parlementaires romands les plus reconnus ?
On ne « grille » jamais un bon candidat. Tout d’abord l’élection du 22 septembre n’est pas encore jouée. En cas d’échec, un bon candidat le sera aussi en 2011 lors du renouvellement intégral du Conseil fédéral.
On ne voit pas comment vous pourriez l’emporter le 22 septembre…
Si les autres partis respectent la concordance en nous accordant le deuxième siège qui nous est mathématiquement dû comme premier parti. Mais je ne me fais aucune illusion. Le Parti socialiste (PS) et le Parti libéral radical (PLR) vont s’allier pour sauver leurs acquis. Ce sont plutôt le PDC et les Verts qui auraient intérêt à nous soutenir dans la perspective de 2011.
Pour quelle raisons ?
Lors du renouvellement intégral du Conseil fédéral, surtout l‘UDC mais aussi le PS devraient rester les plus grands partis et obtenir deux sièges au Conseil fédéral. La troisième formation devrait aussi obtenir deux sièges. Cela se jouera entre le PLR, le PDC et les Verts. Si ces deux formations permettent l’élection d’un PLR à la place de Hans-Rudolf Merz le 22 septembre, ce siège sera bétonné pour une dizaine d’année. Sauf rares exceptions, on reconduit les sortants. Mais s’ils nous élisent, le PDC et les Verts pourront plus facilement gagner un siège ou intégrer Eveline Widmer-Schlumpf en 2011.
Mais elle sera aussi sortante…
Certes, mais elle n’aura aucune légitimité populaire. Son siège devra revenir au 3ème parti, soit le PDC, les Verts ou le PLR. Nous choisir cette année ouvrira donc le jeu l’an prochain.
N’attendez-vous pas aussi du PLR qu’il vous renvoie l’ascenseur, vu que vous avez sauvez le siège de Pascal Couchepin en élisant Didier Burkhalter ?
Ce serait la moindre des choses. Mais le PLR est toujours plus proche du PS. Sans ce soutien pour obtenir le siège de Moritz Leuenberger, nous essaierons d’obtenir celui de Hans-Rudolf Merz.
Pourriez-vous tenter de trouver un candidat sauvage pour contourner les tickets officiels ?
Les manœuvres de bas étage ne me plaisent pas, même contre le PS qui fait une mauvaise politique. Nous choisirons normalement une candidature officielle du PS et du PLR si nous ne sommes pas parvenus à l’emporte avec notre candidat. Nous respectons la concordance.
Et empêcher l’accession de Micheline Calmy-Rey à la présidence de la Confédération ?
Je m’engagerai dans le groupe parlementaire pour que nous ne jouions pas à cela.
Serez-vous candidat au Conseil national ?
Je ne sais pas encore. Je déciderai cela au printemps. Je vais avoir 70 ans, même si on ne le remarque pas. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, je me sentirai capable. Les quatre prochaines années seront importantes, notamment en matière de politique européenne. . Mais au final il faudra que je me sente capable de tenir quatre ans.
Un ancien ministre doit-il se taire ?
Comme son ancien collègue Pascal Couchepin, Christoph Blocher s’exprime volontiers dans les médias. Et le principe « servir et disparaitre » ? Le Zurichois conteste : « Je n’ai pas de problème avec le fait que d’ancien conseillers fédéraux s’expriment. On ne peut pas l’interdire. C’est leur choix. » Christoph Blocher se sent toutefois moins lié à un quelconque devoir de réserve : « N’oubliez pas que je ne suis pas un retraité, mais un conseiller fédéral non réélu. Dès mon exclusion j’ai annoncé la couleur et ma volonté de continuer à faire de la politique. Si j’étais volontairement parti à la retraite, je ne prendrais pas position sur tout comme d’autres le font. »
Avant d’ajouter, non sans une certaine ironie : « Il faut admettre qu’il n’en ressort souvent pas grand-chose d’intelligent. Tant le socialiste Otto Stich que le radical Rudolf Friedrich ont profité pour m’attaquer ainsi l’UDC. Pascal Couchepin fait maintenant la même chose. C’est une dernière manœuvre pour nous mettre en échec, empêcher l’UDC de progresser. Mais cela ne nous arrêtera pas. »