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26.08.1999

Christoph Blocher, dessine-moi ta Suisse…

Interview dans L'Hebdo du 26 août 1999 Qu'est-ce qui se passe dans la tête de Christoph Blocher? Que veut-il, que cherche-t-il, quelle Suisse souhaite-t-il à ses concitoyens? Propos recueillis par Marie Abbet, Pierre-André Stauffer et Michel Zendali Qu'est-ce qui se passe dans la tête de Christoph Blocher? Que veut-il, que cherche-t-il, quelle Suisse souhaite-t-il à ses concitoyens? Aujourd'hui, toute la vie politique tourne autour de lui, rien ne se fait sans qu'on cherche à savoir ce qu'il pense et les sondages lui promettent un triomphe aux prochaines élections fédérales. Porte-drapeau d'une nouvelle droite qui défie les représentants officiels des partisbourgeois, trouble le jeu politique installé, asphyxie l'extrême droite et entame l'audience de l'extrême gauche, sa présence touche les coeurs, les échauffe. Il est l'homme des foules, l'homme-foule sorti des masses, le contraire du politicien élevé dans le sérail. Il ne représente pas le peuple, il est le peuple par excellence. C'est du moins l'impression qu'il donne ou qu'il veut donner. La tiédeur, cette grande vertu de la vie normale, est pour lui une faiblesse mortelle, un luxe fatal.   Capable de dire en trois phrases ce que l'ordinaire langue de bois emberlificote en vingt feuillets compacts, il dérange, il irrite et il fait peur. Ses adversaires le traitent volontiers de "populiste". Mais si le populisme consiste à être compris des hors-caste, des hors-classe politique, il revendique volontiers le terme.   D'où vient-il? Comment vivait-il en famille, avec ses dix frères et soeurs? Il voulait être paysan, il est devenu industriel. Il est l'homme politique le plus influent du pays, mais il sait qu'il n'entrera jamais au Conseil fédéral. On pourrait croire qu'un meneur de sa trempe ne connaît pas l'incertitude. C'est tout le contraire qui est vrai. Même s'il n'en laisse rien voir en public, l'hommel est hanté par le doute. Au point d'en devenir insomniaque.     Biographie   - Né le 11 octobre 1940 à Schaffhouse. - Prénommé Christoph Wolfram, il est le septième enfant d'une famille qui en comptera onze. - Enfance à Laufen am Rheinfall, où son père, pasteur, cultive une vocation rentrée de linguiste et philologue. - A partir de 1963, études de droit à Zurich - 4 octobre 1967, mariage avec Silvia Kaiser - 1968, Christoph Blocher présente une thèse de doctorat sur l'aménagement du territoire. Il a déjà trouvé un emploi de juriste dans ce qui deviendra EMS Chemie. - Dans la commune de Meilen, où il s'est établi avec sa femme et ses quatre enfants, il est élu en 1974 au Conseil communal. - L'année suivante, il entre au Grand Conseil. - En 1977, il prend la présidence de la section cantonale de l'UDC et, en 1979, il est élu pour la première fois au Conseil national. - 1983: avec l'aide des banques et en engageant tous ses biens, il rachète EMS menacée de passer en mains américaines. - 1992: sa plus grande victoire politique. Le peuple suisse repousse l'Accord avec l'Espace économique européen. Christoph Blocher devient l'astre fixe autour duquel tourne toute la politique suisse.     Enfance et liberté   Quelles images gardez-vous de votre enfance?   Blocher: La vie était dure. Mon père était pasteur et, à cette époque, les pasteurs gagnaient mal leur vie. Nous ne mangions de la viande qu'une fois par semaine. Pensez, onze enfants à table... Mais je garde le souvenir d'une époque heureuse, une impression de grande liberté, peut-être justement parce que nous étions si nombreux. Quand j'étais un petit garçon, ma mère m'habillait, me déposait devant la porte et je faisais ce que je voulais jusqu'à l'heure du repas.   Votre soeur Judith ne partage pas votre enthousiasme…   Blocher: Judith trouve que nos parents ne se sont pas assez occupés de nous. Son point de vue est intéressant et je n'ai pas d'animosité contre elle. J'ai vécu les choses autrement, c'est une question de perception, de sensibilité. Cela dit, mes parents ont certainement aussi commis des erreurs.   Etiez-vous un enfant sage?   Blocher: Pas vraiment! J'ai eu une crise d'adolescence très forte. J'ai quitté la maison à 15 ans, parce que je voulais devenir paysan. J'ai deux sortes de frères et soeurs. Ceux qui ont eu une adolescence rebelle comme la mienne, comme mon frère pasteur, et les enfants modèles, comme Judith. Et ceux-ci ne se sont pas libérés de la maison, de l'image de nos parents. Ils en souffrent encore aujourd'hui, moi j'ai coupé le cordon.   Comment décririez-vous votre père?   Blocher: C'était un homme sévère, très sérieux et très intelligent. Il s'intéressait à tout: littérature, histoire, musique. En fait, je crois qu'il a souffert d'être pasteur. Par esprit de discipline, il a fait son devoir. Il s'engageait pour la communauté, convaincu que son ministère était important. Mais je pense qu'il aurait voulu être linguiste. Mon grand-père avait aussi de nombreux talents. Il s'est battu auprès du gouvernement français pour que la Légion étrangère puisse avoir un pasteur. Faute de candidats, il a fini par s'engager. Après l'Algérie, mon grand-père a exercé à Sion et à Zurich.   Et votre mère?   Blocher: Mon père n'avait pas l'esprit pratique, ma mère assumait le quotidien. Mon père vient d'une famille d'intellectuels, d'une lignée de professeurs et pasteurs. La famille de ma mère était des paysans zurichois. Ils étaient deux extrêmes, même physiquement. Elle était très gaie, petite, plutôt ronde comme moi. Mon père était grand et maigre. Mes frères et soeurs ont soit tiré du côté de ma mère, soit de mon père. Mon frère pasteur et moi sommes du type maternel, enjoué et communicatif.     De la ferme à l'usine   Pourquoi vouliez-vous devenir paysan?   Blocher: Par amour de la nature et de la liberté. Notre voisin était paysan et, enfant, j'étais toujours fourré chez lui. J'ai encore la nostalgie du métier. J'avais une ferme à côté de l'usine, mais je n'avais pas le temps de m'en occuper.   Votre père était-il d'accord avec cette idée?   Blocher: Non, et il avait raison. Il me disait: "Pourquoi veux-tu devenir paysan, alors que nous n'avons pas de ferme? Tu seras au mieux valet de ferme."   Paysan, n'était-ce pas plutôt une réaction contre l'atmosphère familiale, si intellectuelle?   Blocher: C'est possible. Même si j'ai un titre de docteur, je suis attiré par les métiers manuels.   Après l'école d'agriculture, vous avez étudié le droit. Comment avez-vous atterri à EMS Chemie?   Blocher: Après ma licence, je voulais faire mon doctorat, mais je devais gagner ma vie. Je connaissais le patron d'EMS, ses enfants avaient fait la maturité avec moi. Il m'a proposé un mi-temps au service juridique. Je n'avais pas l'intention de rester, je voulais devenir juge. Je ne connaissais rien à l'économie. A la maison, on ne parlait pas de ces choses-là. Mais lorsque j'ai rendu ma thèse, après deux ans, j'étais déjà vice-directeur et je suis resté.   Vous avez ensuite racheté l'entreprise. Pourquoi?   Blocher: En 1978, à la mort du patron, il n'y avait personne pour lui succéder. L'entreprise était au bord de la faillite, à cause de la crise du textile. En 1983, les héritiers ont décidé de vendre EMS à une société américaine. Il y avait ces familles, ces 700 emplois... On m'a donné trois semaines pour trouver un autre acheteur. J'ai frappé à la porte des banques, des entreprises, personne n'osait prendre le risque. J'ai dû acheter la société, à condition de tout engager: ma maison, mon jardin, tout. Je n'avais plus rien, sauf une montagne de dettes.   Comment a réagi votre femme?   Blocher: Elle a pleuré. Nos quatre enfants avaient entre six et treize ans. Je lui ai dit: "S'il m'arrive quelque chose, tu dois refuser l'héritage." Et ça a marché. Quand vous avez le choix entre avoir du succès ou plonger, cela vous donne de la force.   C'était un pari? Blocher: Pire. Comme si vous vous jetiez à l'eau sans savoir nager. Mais vous apprenez vite. J'ai réuni les employés et je leur ai dit: "Si je coule, vous coulez aussi. Si on travaille bien, je peux payer les intérêts, rembourser les dettes." Et ils ont pris leur courage à deux mains. On ne devrait jamais aider les entreprises. Jamais. Cela fait partie de la nature d'un entrepreneur de se débrouiller seul.     Dieu, la foi et moi   Avez-vous pensé à devenir pasteur?   Blocher: Moi? Jamais! J'avais trop envie de pouvoir respirer, de liberté.   Parliez-vous religion avec votre père?   Blocher: Oui, souvent. Mon père avait une théologie très claire. Il m'a transmis une phrase que j'ai comprise des années plus tard, grâce à la politique: "Méfie-toi des doux et des dévots." Le théologien Karl Barth était un ami de la famille et j'assistais aux discussions. Mon père disait: "Le petit est encore là, la bouche ouverte, à écouter! Il ne comprend rien, mais s'il veut rester, qu'il reste."   Etes-vous croyant?   Blocher: Qu'est-ce que ça veut dire, croyant? C'est aussi une question que posait Karl Barth. L'important n'est pas de savoir si l'homme croit en Dieu, mais de savoir que Dieu croit en l'homme. La rédemption vient d'en haut, en non l'inverse. Tous les hommes seront sauvés. Le peintre Anker, que j'apprécie, a cherché aussi à montrer que le monde n'est pas damné. Je m'intéresse aux questions religieuses, mais je ne suis pas un homme religieux. Karl Barth disait d'ailleurs: "Le christianisme n'est pas une religion."   Vous ne diriez pas: "Je crois en Dieu"? Blocher: Pas volontiers, même si j'y crois. Je me méfie des dévots... Est-ce que vous priez?   Blocher: Oui. Parce que j'ai des doutes et que je dois parfois retrouver la certitude que nous serons sauvés.   On dit que vous êtes un dur en affaires et en politique. N'est-ce pas en contradiction avec l'esprit de charité?   Blocher: Non, au contraire. Je ne suis pas motivé par l'argent, j'en ai assez. Mais j'assure un salaire à 2700 familles, je dois donc être dur et conséquent. Si quelqu'un fait mal son boulot, il est peut-être nécessaire de le licencier. C'est mon devoir et c'est aussi cela la charité. En politique, je veux représenter quelque chose qui permette à la Suisse d'aller mieux. C'est ma conviction. Elle est peut-être fausse, mais je ne vois pas de contradiction.     Les doutes et les regrets   Doutez-vous de vous-même ou de vos choix?   Blocher: Je doute tout le temps. Je ne fais même que cela et je pense que c'est ma force. Evidemment, je ne montre pas mes doutes, surtout pas au Conseil national. Je suis un homme intuitif. Mais dès que j'ai pris une décision, je me pose mille questions, je décortique tout. Quand mes détracteurs m'opposent des arguments, je peux y répondre, parce que ce sont des questions que je me suis déjà posées. Cela dit, ce n'est pas agréable de vivre avec quelqu'un qui doute autant.   Ces doutes vous empêchent-ils de dormir? Blocher: Oui, je souffre d'insomnies. Je me lève à une heure du matin, pour marcher, réfléchir. Je ne peux quand même pas réveiller ma femme chaque fois. J'ai aussi des amis, mais face à ses propres doutes, on est toujours un homme seul. Avez-vous même eu des doutes sur l'Europe? Blocher: Naturellement! Je réexamine continuellement les positions que je défends. Celles sur l'Europe ou la politique étrangère aussi.   Pourquoi ces doutes?   Blocher: Parce qu'on se demande toujours si l'on peut être seul à avoir raison.   Regrettez-vous certaines choses?   Blocher: Je regrette d'avoir blessé certaines personnes. Cela dit, si un mot désagréable m'échappe, je ne vais pas battre ma coulpe pendant des semaines! Mais j'évite d'attaquer les faibles et les femmes. Même si Ursula Koch peut être très blessante...   Quand Ursula Koch vous a-t-elle blessé?   Blocher: En me traitant de grand danger pour ce pays.   Elle n'est pas la seule. Franz Steinegger a qualifié votre style de méthodes dignes de la République de Weimar.   Blocher: Je sais, et Couchepin aussi et cela me fait mal. L'ancien conseiller fédéral Friedrich affirme aussi que je ne recherche que le pouvoir. Mais il devrait savoir que quelqu'un qui fait de la politique comme j'en fais n'a aucune envie d'être au Conseil fédéral. Il faut être très gentil avec tout le monde pour devenir conseiller fédéral.   Regrettez-vous aussi certaines prises de position?   Blocher: A Berne, j'ai dit "oui" beaucoup trop souvent. Vous pouvez rigoler, c'est vrai!   Quel est le "oui" que vous regrettez le plus?   Blocher: J'ai basté sur la TVA et je le regrette. Pourquoi?   Blocher: Le système est trop bureaucratique. Et il y a un réel danger qu'on en augmente le taux inconsidérément.   En tant que membre de la commission des finances, vous aviez pourtant participé à ce compromis...   Blocher: Oui, mais je me suis trompé. En revanche, je n'ai jamais regretté mes prises de position sur l'EEE et l'Union européenne.     Un UDC très radical   Pourquoi vous êtes-vous engagé à l'UDC? Vous aviez plutôt le profil d'un radical...   Blocher: En 1969, nous nous sommes installés à Meilen. Alusuisse voulait construire un département administratif, juste à l'extérieur du village. Une aberration en matière d'aménagement du territoire. Je sais de quoi je parle, c'était le sujet de ma thèse. Et je m'y suis opposé, à titre privé. L'UDC, les radicaux et les démocrates-chrétiens m'ont alors proposé de rejoindre leurs rangs. En tant que protestant, je n'allais pas m'inscrire au PDC. En fait, j'ai rejoint l'UDC par hasard, pour des raisons de sympathie personnelle. J'aurais aussi bien pu devenir radical. Vous imaginiez-vous tenir le rôle que vous tenez aujourd'hui? Blocher: Je ne l'ai jamais recherché. Il est vrai qu'aujourd'hui tous les yeux sont tournés sur moi, mais quand j'ai commencé à l'UDC, j'étais tout seul. Pourquoi? Blocher: Rien que l'idée qu'on puisse se battre pour quelque chose était étrangère aux militants UDC. Leur raisonnement était simple: "Voyons, que dit le Conseil fédéral?... Puisque nous sommes dans le gouvernement et que le gouvernement est pour, nous aussi!" Que quelqu'un ose dire "je suis contre pour telle ou telle raison, parce que c'est mauvais pour l'économie, la démocratie ou la Suisse", ça dépassait leur entendement. C'est d'ailleurs encore le cas, pour la majorité des politiciens. Ils n'ont ni philosophie ni idéal auxquels se raccrocher. Ils siègent au Conseil national, ils constatent que le Conseil fédéral a tel ou tel avis et suivent sans se poser d'autres questions. Tous les politiciens proclament que les Accords bilatéraux sont très importants, demandez-leur ce qu'il y a dedans, ils n'en ont aucune idée. Ils ne les ont pas lus, ils ne les liront jamais, mais ils sont pour. Par principe. Ils savent que c'est important pour l'économie, mais ils ne savent pas en quoi. Mais il est vrai qu'on peut réussir en politique de cette manière. L'UDC a heureusement changé. Zurich a donné le ton et j'ai donné le ton à Zurich.   A l'UDC, on ne dit peut-être plus: "Le Conseil fédéral a dit", mais "Blocher a dit..."   Blocher: Oui, il y a un risque, mais j'accepte la critique, même au sein de mon propre parti, même à Zurich. J'aime la confrontation des idées. En Suisse, elle fait cruellement défaut.     La classe politique   Notre pays pèche-t-il par excès de consensus?   Blocher: Le problème, c'est que le consensus existe avant même que l'on ait débattu de quoi que ce soit. Je ne suis pas contre le consensus. La preuve: je suis un homme marié. Mais si vous commencez par les compromis, vous êtes fichu! Je vous avoue m'être parfois exprimé à Berne contre une chose, alors que j'étais en fait pour. Simplement parce que j'étais le seul à voir le sujet sous un angle différent. Les conflits sont importants. C'est valable aussi pour le mariage. Il n'y a rien de pire que ces unions harmonieuses où l'on ne se dispute jamais.   Selon vous, le modèle politique suisse est-il en crise?   Blocher: Non. Je ne remets pas en question le modèle, mais la manière dont il est utilisé. Sur les questions essentielles qui touchent la Confédération, je vois que le gouvernement, le parlement, l'administration et la presse ne forment qu'une seule classe, une "classe politique" au sens large. Comme les journalistes sont depuis une dizaine d'années moins critiques, il a bien fallu que quelqu'un fasse le contrepoids. J'ai donc repris ce rôle.     Le pouvoir absolu   Votre succès est exceptionnel. Toute la politique suisse s'articule autour de vous.   Blocher: Vous parlez de mon succès, quel succès? Citez-moi les victoires que j'ai remportées. Je ne fais rien d'autre que de donner mon avis. Et souvent, je suis le seul à le défendre. Au Parlement, en particulier, où il m'est arrivé de me lever, seul contre tous. D'accord, j'ai gagné la votation sur l'EEE. Peut-être cette victoire aurait-elle été impossible si je n'avais pas mené le combat. Cela dit, je répète depuis des années non, non, non aux augmentations d'impôts. En vain. Vous voyez bien que je n'ai pas de succès. Seriez-vous modeste? Blocher: Je ne fais pas de fausse modestie, je suis capable de reconnaître mes succès quand j'en ai. Mais je ne suis jamais content de moi. C'est pourquoi je n'ai jamais le sentiment de remporter de vrais succès. Si j'avais l'impression d'avoir atteint mon but, il y a longtemps que j'aurais arrêté la politique.   Et quel est votre but?   Blocher: Le plus important est que la Suisse puisse toujours décider seule de son destin. et ne se laisse pas lier les mains par l'Union européenne. Je me réjouis de voir que de plus en plus de gens, dans les milieux économiques en particulier, se rendent compte qu'une adhésion serait stupide. Puisque à Berne on persiste à tout faire pour y entrer, je dois encore rester au Conseil national. Je veux aussi que nous fassions machine arrière dans le domaine fiscal. La Suisse doit son exceptionnelle prospérité à un Etat maigre, et pourtant, depuis quelques années, les impôts n'ont cessé d'augmenter. C'est aussi absurde que dangereux.   Revenons à votre influence. Suggérez-vous qu'elle est due à votre manière claire de dire les choses, qualité dont les autres politiciens seraient dépourvus?   Blocher: Oui, je crois que c'est juste. Le plus important dans un discours, ce n'est pas la bouche, ce sont les yeux. Mais en général le regard des politiciens reste vissé aux papiers qu'ils ont préparés. Vous savez, j'ai quatre enfants. Quand ils étaient petits, je leurs racontais des histoires, de celles qu'on a l'habitude de raconter à des enfants. Elles étaient évidemment écrites en bon allemand, et je devais les traduire en dialecte. Je me suis toujours demandé comment raconter pour qu'ils comprennent. Lorsqu'ils ont eu 10 ou 12 ans, je leur disais: "Asseyez-vous, je vais vous faire une conférence", et je leur lisais mes discours politiques. Chaque fois qu'ils ne saisissaient pas quelque chose, je savais que j'avais fait une erreur. Parce que les politiciens croient détenir le savoir, ils pensent que les gens sont trop bêtes pour les comprendre. En fait, peu leur importe d'être compris. On croit que je suis un bon orateur, c'est faux. Quand j'entends mes discours, je les trouve épouvantables. Pourtant, ils ont quelque chose, une force de conviction. J'ai beaucoup d'ennemis, parce que je dis toujours ce que je pense. Soit on me déteste, soit on m'aime.     L'Expo.01   De quelle Expo rêvez-vous?   Blocher: Il n'est pas nécessaire de faire une Expo. Je pense même qu'actuellement la Suisse n'est pas capable de se montrer dans une Expo. L'insécurité est trop grande.   Qu'entendez-vous par là?   Blocher: Dans ce pays, trop de gens n'ont pas la même vision de la Suisse, trop de gens veulent une Suisse différente. Les dirigeants de l'Expo ne voulaient pas par exemple montrer l'économie suisse, alors qu'elle est tellement importante. Je comprends les réticences des gens de la culture. Mais la culture aussi ne peut pas se montrer sous un seul aspect. L'Expo est en crise profonde, et cela n'a rien à voir avec Jacqueline Fendt.   N'est-ce pas normal que les opinions divergent?   Blocher: Bien sûr, mais on peut au moins montrer ces divergences. Les dirigeants de l'Expo avaient en fait un concept: montrer une Suisse qui n'existe pas! Ils ont refusé les projets des paysans. Sous-entendu: "Nous allons apprendre aux paysans ce qu'est un paysan." Mais les paysans sont comme ils sont! Si on n'a pas la force de montrer la réalité, autant renoncer à l'Expo. Nous avions besoin d'une crise comme celle-là. Elle nous ouvre les yeux.   De quelle façon?   Blocher: Elle nous montre que nous devons retourner à la réalité, retrouver la Suisse réelle.     Sa Suisse idéale   N'est-il pas légitime de rêver à une Suisse idéale? Blocher: Bien sûr. Mais vous rêvez d'une autre Suisse que moi et la Suisse idéale de Pipilotti Rist n'est peut-être pas la mienne.   Quelle est donc votre Suisse idéale?   Blocher: Une Suisse qui s'appuie sur les valeurs fondatrices qui ont fait notre force: le fédéralisme, la démocratie directe et l'Etat libéral. Et qui laisse une grande liberté aux individus. On croit toujours qu'il faut dire aux gens ce qu'ils peuvent, doivent, devraient faire.   Ce n'est pas la Suisse idéale, c'est la Suisse immuable...   Blocher: Pas du tout. Ces fondements sont très modernes, même s'ils existent depuis longtemps. Je peux m'imaginer une cathédrale qui soit en travaux pendant mille ans, mais pas une cathédrale dans laquelle on supprimerait l'essentiel. C'est ça, le conservatisme.   Avez-vous l'impression que la "classe politique" est en train de saborder cet héritage?   Blocher: Oui. La classe politique croit que les grandes structures organisées, comme l'Union européenne, sont la panacée, le futur de la Suisse. Alors que ce n'est même pas le futur de l'Europe.   Vous voyez-vous comme un protecteur de ces valeurs?   Blocher: Oui, c'est ainsi. Je dois d'ailleurs malheureusement consacrer toute mon énergie à protéger ces valeurs, au lieu de pouvoir les développer et les enrichir. A Berne, beaucoup veulent par exemple supprimer la neutralité. On devrait plutôt donner une force nouvelle à la neutralité. Nous avons un corps d'aide en cas de catastrophe. Il devrait être beaucoup plus grand, plus professionnel. Notre bon Ogi veut envoyer une centaine de soldats au Kosovo. Mais les autres pays peuvent faire comme nous, si ce n'est mieux.   La Suisse peut-elle décemment se confiner dans un rôle d'infirmière de la planète?   Blocher: Et pourquoi pas? Elle peut au moins faire quelque chose que les autres ne peuvent pas faire. Vous ne croyez quand même pas que nous servons à quelque chose au Kosovo, avec nos trois hélicoptères?     Le populiste   On sent chez vous une certaine jubilation à faire de la politique...   Blocher: En soi, la politique ne me plaît pas vraiment. A Berne, je m'ennuie à mourir. Il y a un aspect de la politique qui me passionne, c'est la confrontation d'idées, les échanges intellectuels. Malheureusement, on ne discute plus au Parlement fédéral. On y entend bien des discours, mais préparés donc attendus. Et personne n'écoute. Je préfère les campagnes autour des votations importantes.   C'est pour ça que vous avez lancé cette initiative qui attaque directement le Parlement et le gouvernement?   Blocher: On s'est mépris sur cette initiative. Je n'y attaque ni le Parlement ni le gouvernement; je veux simplement qu'on traite les initiatives populaires dans un délai de six mois, soit beaucoup plus rapidement qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Je crois aux vertus de la démocratie directe. Mes adversaires me font penser à Escher, la grande figure radicale du siècle dernier, qui disait que la Suisse deviendrait ingouvernable avec la démocratie directe, qu'on allait vers le gouvernement du peuple, autrement dit des crétins...   Ce recours au peuple, c'est précisément du populisme...   Blocher: Le même peuple qui lance une initiative serait-il trop stupide pour se prononcer sur elle, même si le Parlement et le gouvernement n'ont eu que six mois pour donner leur avis? Prenez l'initiative sur l'adhésion à l'Union européenne. Dieu sait que ce n'est pas moi qui l'ai lancée mais pourquoi tarde-t-on tellement à la soumettre au peuple? Les Suisses veulent-ils de l'UE ou non? J'aimerais bien le savoir aussi. Mais on tergiverse, on fait des plans secrets, des calculs tactiques. Bref, on attend le bon moment.   Vous n'admettez pas qu'en démocratie on prenne le temps de la réflexion, de la construction de majorités, de consensus...   Blocher: Bien sûr. Mais je pense que Berne traîne les pieds uniquement par opportunisme. Regardez notre initiative qui veut rendre plus rapide le traitement des initiatives. Ici, l'opportunisme consiste à accélérer le mouvement. La récolte de signatures n'a pas encore commencé que déjà le Conseil fédéral proclame qu'elle met en danger la démocratie. Vous voyez bien que le gouvernement peut prendre position très vite.   Vous admettez donc que vous êtes populiste...   Blocher: Il y a deux sortes de populistes. Le premier, c'est celui qui dit toujours ce que le peuple veut entendre. Je ne le suis pas. J'ai des convictions, j'essaie de convaincre les gens de les partager. Le deuxième, c'est celui qui, à la manière de Rousseau, fait toujours appel au peuple qui est la seule légitimité contre le Parlement ou le gouvernement. Je ne suis pas de cette trempe non plus. Je juge que ces deux institutions sont nécessaires. Cela ne veut pas dire que je respecte tout le monde au Conseil fédéral ou au Parlement et surtout pas ceux qui ne font pas leur devoir. Si on me décrit comme populiste, c'est parce que j'ai cessé de vouloir convaincre le Parlement et le gouvernement de mes idées. C'est du temps perdu.     Ogi, Blocher et les autres   A vous entendre, on a le sentiment que vous êtes favorable à un système politique d'alternance?   Blocher: Je ne suis pas pour un changement radical. Je pense cependant que la politique gagnerait en clarté s'il n'y avait que deux ou trois partis au gouvernement et une opposition, clairement désignée comme telle, que ce soit nous ou les socialistes. Aujourd'hui, les principaux partis politiques ont les mains liées parce qu'ils ont un ou plusieurs représentants au gouvernement et qu'ils ne peuvent pas jouer leur rôle. Le sel de l'opposition est absolument nécessaire à la démocratie.   Si vous gagnez lors des prochaines élections, serez-vous dans l'opposition ou dans le gouvernement?   Blocher: Si on veut bien de l'UDC, nous sommes prêts à assumer nos responsabilités. Sinon, nous serons dans l'opposition. A Berne, certains veulent nous chasser du gouvernement. Cela pousse des gens de mon parti à se montrer modérés. Or, je leur dis que nous ne seront forts qu'à condition d'être prêts, à chaque instant, à quitter le Conseil fédéral. Nous ne gagnerons pas grand-chose en octobre. On dira qu'Ogi peut rester mais, quoi qu'il en soit, même si nous écrasons le PDC, jamais on ne nous donnera un deuxième siège. Pour les partis, c'est toujours plus commode de gouverner sans opposition. Si nous étions dans l'opposition depuis quelques années, la droite aurait déjà éclaté parce que nous sommes une vraie opposition bourgeoise.   Si vous gagnez, votre problème avec votre représentant au Conseil fédéral Adolf Ogi va devenir insurmontable...   Blocher: Ogi doit porter sa croix. Je lui ai dit: "Tu es dans le gouvernement; fais ton devoir." Notre devoir à nous, en tant que parti, c'est de nous opposer. Pas sur tout, évidemment, mais sur quelques grandes questions: l'Europe, la neutralité. Je sais que cela sera dur pour lui, mais c'est insoluble.   Cela sera pire encore si votre deuxième conseiller fédéral est de la même sensibilité qu'Adolf Ogi...   Blocher: Evidemment. Parce que je suis sûr que dans l'hypothèse - improbable - où le Parlement choisirait un deuxième UDC, il le prendra parmi ceux qui ne partagent pas mes opinions. Mais dans ce cas-là, nous ferons plus d'opposition encore...   Suite à l'affaire Bellasi, pensez-vous qu'Adolf Ogi doive démissionner?   Blocher: Non, mais il faut faire toute la lumière sur cette affaire.     A l'extrême de la droite   Votre parti est en train de faire disparaître l'extrême droite en la digérant. Ne craignez-vous pas d'être débordé par les racistes et les antisémites?   Blocher: Avec le Parti des automobilistes, qui sont tous d'anciens radicaux, je n'ai pas de problèmes particuliers. Avec les Démocrates suisses, j'admets que les choses pourraient être différentes mais nous ne faisons pas d'alliance avec eux. L'ASIN a attiré quelques individus peu recommandables, comme cet Amaudruz dont je sais qu'il a des opinions nazies. Nous l'avons exclu.   Mais votre parti est nationaliste. Il attire donc à lui des gens de cette espèce. Voyez l'affiche que vous avez fait placarder dans toute la Suisse...   Blocher: On fait une énorme erreur en pensant que ce genre d'affiche fait le lit de l'extrême droite. C'est tout le contraire. L'extrême droite prolifère quand le peuple a l'impression qu'on veut lui cacher quelque chose. Dans le domaine de l'asile, il y a manifestement des abus insupportables. A Zurich, il y a beaucoup de gens qui abusent de leur statut de demandeur d'asile pour se livrer à des actes criminels. Notre affiche ne fait que dénoncer cet état de fait.   N'empêche: votre affiche fait l'amalgame entre criminels et réfugiés...   Blocher: Mais non. On voit tout de suite que ce personnage est un criminel. D'ailleurs vous ne verrez jamais un requérant d'asile avec des lunettes de soleil.     Seul contre tous   Dans vos discours, vous ramenez tout à la "Selbstverantwortung", la responsabilité personnelle; qu'entendez-vous par là? Blocher: Ce que je pense, c'est que les individus sont d'abord responsables d'eux-mêmes et de leur destin. L'Etat ne doit intervenir que dans la mesure où quelqu'un est incapable de subvenir à ses besoins. C'est vrai que cela signifie la fin de l'Etat-Providence.   Votre combat anti-européen n'est-il pas d'arrière-garde: à part l'UE, d'autres pays se rassemblent dans de grands ensembles, en Amérique du Nord, du Sud...   Blocher: Je ne crois pas qu'il y ait une fatalité dans la constitution de ces grands ensembles. Je suis convaincu que cela ne marche pas: l'UE est trop grande, bureaucratique, par conséquent inefficace. Je ne crois pas non plus aux entreprises géantes, aux mastodontes économiques. Les entreprises chimiques sont devenues si grandes qu'elles doivent maintenant se séparer de certaines de leurs unités. Quand un ensemble est trop grand et trop diversifié, il est ingérable.   Avec votre ami Martin Ebner, vous avez tout de même contribué à la fusion d'Algroup...   Blocher: Mais là, nous avons créé précisément deux entreprises: Lonza et un grand groupe de production d'aluminium. Bien entendu, cette dernière est énorme, parce que la demande l'est aussi, mais elle n'est pas diversifiée: elle produit exclusivement de l'aluminium. Moi, je ne suis pas favorable aux fusions des grandes entreprises par principe.   Vous jugez que la fusion SBS-UBS n'était pas une bonne solution...   Blocher: Je ne suis pas sûr que cette fusion-là était très intelligente, ni celle entre Mercedes et Chrysler d'ailleurs. Fusionner pour atteindre une certaine taille, ça n'est pas un motif suffisant de fusion, ou alors seulement pour les managers...   Ce que vous appelez l'acharnement de la classe politique à rapprocher la Suisse de l'Europe, comment l'expliquez-vous?   Blocher: Pour moi, c'est très simple: il n'est jamais agréable, pour un politicien, de ne pas en être. Participer à des grandes conférences, se faire photographier, se croire important parce qu'on gère le destin de 380 millions de personnes plutôt que de 7 millions de Suisses, voilà le premier motif.   Vous ne pouvez pas soutenir que c'est le seul...   Blocher: C'est le principal. Pas intellectuellement, évidemment. Mais un politicien pense aussi avec son ventre. Il voyage, il est séduit par l'idée qu'il fait partie de ce grand ensemble. Regardez combien sont allés voir nos quelques soldats au Kosovo. Ils ont reçu davantage de visites en quelques semaines que toute notre armée en une année...   Vous n'admettez pas qu'il puisse y avoir un autre motif, idéal, par exemple: construire la paix, la coopération économique, une grande puissance face à celle des Etats-Unis...   Blocher: Evidemment, il y a aussi cette croyance en la puissance, la grandeur qui devrait découler de la taille d'un ensemble politique. On a les mêmes croyances dans le monde économique alors que c'est absurde: en politique comme en économie, ces grands ensembles ne marchent tout simplement pas; ils sont ingérables.   Vous prétendez qu'il faut attendre cent ans avant de connaître le jugement de l'histoire. Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de vous?   Blocher: Dans cent ans, personne ne se souviendra du nom de Christoph Blocher   - - -   Parmi les faiseurs d'opinion, les politiciens suisses et étrangers, les écrivains ou les artistes, il donne spontanément ses préférences. Décochant, au passage, de sérieux coups de griffe. La presse Filippo Leutenegger Je ne connais pas ses positions politiques. J'ai entendu dire qu'il était très à gauche dans sa jeunesse. Peu importe. Son devoir est de montrer les différentes opinions et il le fait bien. "Arena" est une émission très dure pour un politicien. Tenir une opinion pendant septante minutes, malgré la claque, ce n'est pas évident. Surtout que Leutenegger fait toujours en sorte que personne ne gagne, ce qui parfois m'énerve, parce qu'il faut bien un perdant. Je trouve difficile de participer à "Arena", même si je suis pour lui le candidat idéal. Et vous savez pourquoi? Parce que j'ai un avis et que je m'y tiens.   Jacques Pilet Même si il est absolument contre moi sur la question européenne, je l'estime beaucoup. C'est un homme intelligent, qui défend ses idées. Mais il est trop idéaliste. Pour lui, l'Europe, c'est le paradis.   Frank A. Meyer Je ne l'aime pas. C'est l'instituteur de la nation.   Les créateurs   Adolf Muschg Dommage que ce professeur de littérature n'ait jamais réussi à se libérer de sa famille. Tout ce qu'il écrit est clairement psychoanalytique. Il écrit encore aujourd'hui contre son père, sa famille, son environnement, même dans son dernier livre. C'est pour cette raison aussi que la Suisse lui pèse, elle est une partie de sa maison familiale. Il n'a peut-être pas fait de crise d'adolescence!   Pipilotti Rist Je l'ai déjà rencontrée, c'est une femme originale. Et dans ma bouche, c'est un compliment! Mais je ne sais pas si c'était la bonne personne pour diriger une exposition nationale.   Les politiciens   Jean-Philippe Maitre Lui, je ne sais pas quoi en penser puisque je ne sais pas ce qu'il pense...   Peter Bodenmann C'est un homme de conviction qui ne m'a jamais vraiment ménagé. Je ne dirais pas que je l'aime, mais je l'estime. Depuis qu'il est hôtelier, il me manque un peu... Je n'ai plus d'adversaire à ma mesure. Les politiciens étrangers Silvio Berlusconi C'est un homme qui n'a pas de convictions véritables; il est totalement contradictoire.   Tony Blair C'est de lui dont je me sens le plus proche. Il est social-démocrate, mais il fait exactement ce que je demande pour la Suisse: moins d'impôts, plus de marché, plus de responsabilité personnelle.   Les femmes   Elisabeth Salina-Amorini A l'image d'Elisabeth Salina, ou d'autres encore, ma femme est une femme d'affaires moderne. Cela ne l'a pas empêchée d'élever quatre enfants. Je suis contre les clichés et je ne suis pas du genre à dire que les femmes au foyer ne sont pas modernes. Le vieux débat entre carrière professionnelle et enfants est dépassé. A chacune de faire son choix.   Les entrepreneurs   Martin Ebner J'ai étudié avec lui, c'est un ami, avec qui je travaille beaucoup. En matière de politique financière, il a des idées originales et il sait les imposer. C'est aussi un conservateur, comme d'ailleurs la majorité des bons entrepreneurs. Il cultive les valeurs traditionnelles, tel le travail. C'est aussi un homme modeste, qui ne jette pas l'argent par les fenêtres. Il ne fait pas partie de la jet-set, il ne passe pas ses week-ends à Majorque. Il a beaucoup fait pour l'économie suisse, en secouant les administrateurs, ces pontes habitués à encaisser des jetons de présence. Pour lui, comme pour moi, l'argent n'est pas une motivation. Ce qui compte, c'est l'esprit d'entreprise. Il pense que le capital doit être rentable, pour la bonne et simple raison que l'avenir de beaucoup de gens en dépend. Pensez aux caisses de pension ou à l'AVS.   Nicolas Hayek Je le connais très bien. Il me plaît, j'ai de l'admiration pour lui. Mais il ne peut pas faire une Expo, il peut juste s'assurer que son financement fonctionne.

04.07.1999

Das Duell – Blocher gegen Couchepin

Mein Streitgespräch mit Bundesrat Pascal Couchepin in der SonntagsZeitung vom 4. Juli 1999 Interview: Andreas Durisch, Othmar von Matt Herr Bundesrat Couchepin, was ist Ihr Hauptvorwurf an Herrn Blocher? Pascal Couchepin: Zunächst möchte ich Sie im Bundeshaus herzlich willkommen heissen. Christoph Blocher: Vielen Dank. Es ist ja schliesslich Volksbesitz. Couchepin: Zu Ihrer Frage: Herr Blocher provoziert in seinen Reden fast immer negative Emotionen. Das ist mein Hauptvorwurf. Dadurch stellt man in der Schweiz Folgendes fest: eine sinkende Toleranzgrenze und gleichzeitig eine sinkende Qualität des politischen Dialogs und der politischen Kultur. Ein sehr deutliches Beispiel dafür ist die Absicht, mit einer Initiative Regierung und Parlament institutionell von der Debatte über Initiativen auszuschliessen. Blocher: Mit diesen Vorwürfen kann ich nichts anfangen. Diese Initiative ist nicht für die Politik, aber vielleicht für die Politik des Bundesrates negativ. Couchepin: Ich kann das erklären. Blocher: Ich auch. Wofür habe ich mich in den letzten Jahren eingesetzt? Für eine souveräne Schweiz, für ein Land, das die Zukunft selbst bestimmen kann. Deshalb bin ich gegen einen Beitritt der Schweiz zur EU. Für den Bundesrat ist dies natürlich eine negative Emotion, weil er der EU beitreten möchte. Er kann es nicht ertragen, dass in diesem Land jemand so entschieden eine andere Meinung vertritt. Weshalb meine Politik negativ sein soll, kann ich nicht sehen. Richtig ist allerdings, dass ich hin und wieder provoziere. Couchepin: Man kann Ihre Ziele teilen oder nicht. Das ist Teil der normalen politischen Debatte. Man kann für Europa sein oder gegen den EU-Beitritt. Dagegen habe ich nichts einzuwenden. Gravierend ist allerdings Ihr Stil. Mit Ihrer konstanten Feindseligkeit provozieren Sie Emotionen. Gegen Brüssel etwa. Als ob Brüssel ein Feind der Schweiz wäre. Diese Provokationen dürften zwar Teil Ihres Erfolgsrezeptes sein - für die Schweiz allerdings stellen sie eine Gefahr dar. Sie sehen die Welt nur in Freunden und Feinden. Wer Ihre Meinung nicht teilt, ist praktisch ein Verräter. So schaffen Sie negative Emotionen. Über das Ziel kann man diskutieren. Aber die Mittel, die Sie benutzen, zerstören letztlich das eigentliche Ziel. Blocher: Jetzt sind wir wieder bei der berühmten Stildiskussion. Couchepin: Es geht um mehr. Der Stil zeigt den Menschen. Blocher: Diese Diskussion kenne ich. Auf Ihrer Seite reagiert man auf Widerspruch sehr empfindlich. Ich spreche dabei nicht von Feinden, sondern von Gegnern. Das ist nicht dasselbe. Politik lebt von dieser Auseinandersetzung. Ich kritisiere die Politik des Bundesrats, weil dies Teil meiner Aufgabe ist. Ich wurde gewählt, dass ich meine Politik vertrete. Damit muss sich der Bundesrat wenigstens argumentativ verteidigen, kann nicht lediglich entgegnen: «L'état c'est moi.» Blocher darf nichts sagen; Vive le roi! Immer stärker ist beim Bundesrat eine pseudomonarchische Stimmung festzustellen. Man darf zwar grundsätzlich gegen höhere Steuerabgaben und Gebühren sein - aber man darf diejenigen nicht nennen, die sie dauernd erhöhen. Couchepin: Nochmals, mein Vorwurf bezieht sich nicht auf Ihre Ziele. Mit Ihrer Sprachregelung, dem Freund-Feind-Konzept, richten Sie allerdings den Dialog und die Demokratie vollständig zu Grunde. Das ist eine Tatsache. Blocher: Also bin ich der Feind der Administration. Blocher ist gefährlich. Couchepin: Nein. Die Initiative ist sehr gefährlich. Persönlich glaube ich übrigens, dass Sie diese Initiative eher zufällig unterschrieben haben. Sie haben sich wohl gesagt: Die Initiative wäre noch etwas, rechneten allerdings nicht mit diesem Echo. Aber damit wurde eine Grenze überschritten, die weit über den bisherigen Stil hinausgeht. Man will demokratisch gewählten Institutionen - Bundesrat und Parlament - verbieten, sich zu einer Initiative zu äussern. Die Demokratie ist aber ein fragiles politisches Ökosystem, dessen Gleichgewicht man erhalten muss. Geht man mit Gewalt gegen ein solches System vor und nimmt ihm gewisse Elemente weg, dann ist das ganze Gefüge in Gefahr. Die Initiative ist deshalb extrem gefährlich, weil sie das Gleichgewicht der Demokratie bricht. Ist es der erste Schritt zu einem Staatsstreich? Couchepin: Diese Frage könnte man erst im Nachhinein beurteilen. Man hat die Initiative in den letzten Tagen mit verschiedenen Gesetzen aus dem Jahre 1933 verglichen. Ich finde Vergleiche mit einer so tragischen Zeit nicht gut. Die Geschichte lehrt uns allerdings: Leute wie Sie, Herr Blocher, haben immer gesagt, der erste Schritt sei völlig ungefährlich. Man verstehe sie miss. Sie wollten genau das Gegenteil dessen, was man nun behaupte. Diese Worte haben eine zersetzende Wirkung. Jemand sagte mir: Wenn ihr die Initiative bekämpft, dann bekommt sie erst recht Gewicht. Das ist mir egal. Ich will, dass die Leute von Beginn an wissen, was sie allenfalls unterschreiben. Ich sage ihnen lediglich: Die Behörden und der Bundesrat finden die Initiative schlecht. Wir eröffnen keine Hexenjagd. Nur müssen die Leute wissen, was ihre Unterschrift bedeutet. Blocher: Diese Initiative, die verlangt, dass künftig Volksinitiativen innert 6 Monaten zur Abstimmung gebracht werden müssen, verbietet es Bundesrat und Parlament nicht, Stellung zu beziehen. Offenbar hat der Bundesrat den Initiativtext nicht einmal gelesen, sondern nur das Inserat. Die Initiative sagt, es bedarf keiner Stellungnahme; selbstverständlich kann der Bundesrat Stellung nehmen. Es ist eine anerkannte Tatsache, dass Volksinitiativen in Bern lange «herumgeteiggt» werden, im Schnitt etwa vier Jahre. Man taktiert, um das Begehren vom Tisch zu bringen, oder wartet den günstigsten Zeitpunkt ab. Ein Beispiel: Warum konnte man die Initiative für den EU-Beitritt, die von meinen Gegnern stammt, nicht nach einem Jahr zur Abstimmung bringen? Weil man weiss, dass das Volk diese Initiative ablehnen würde. Also sucht man irgendeinen günstigen Zeitpunkt. Das aber ist ein Missbrauch. Erschreckend ist die Reaktion des Bundesrates. Vor allem der Vergleich mit dem deutschen Ermächtigungsgesetz von 1933. Dieses wollte genau das Gegenteil, nämlich die uneingeschränkte Macht der Regierung. Ob dieser Vergleich tatsächlich aus dem Bundesrat stammt, weiss ich nicht. Herr Couchepin, war dieser Vergleich im Gesamtbundesrat ein Thema? Couchepin: Die Initiative wurde kurz diskutiert. Wir waren alle der Meinung, dass es sich um eine gefährliche Initiative handelt. Blocher: Wenn man dieser Initiative einen Vorwurf machen kann, dann vielleicht den, dass sie der Verwaltung etwas weniger Macht gibt. Das mag für den Bundesrat gefährlich sein, nicht aber für das Land. Dass der Bundesrat glaubt, dem Volk sagen zu müssen, welche Volksinitiativen es unterschreiben soll und welche nicht, ist eine unglaubliche Verachtung der Mündigkeit des Bürgers. Und ich, der an diese Mündigkeit glaubt, werde als gefährlich bezeichnet. Ich habe jedenfalls noch nie gesagt, Herr Couchepin sei mein Feind, er sei gefährlich. Das wäre schlechter Stil. Couchepin: Ich sagte lediglich, die Initiative sei gefährlich. Die direkte Demokratie funktioniert auf der Basis eines Informations- und Argumentationsaustausches. Es ist eine Art politischer Marktplatz. Was bleibt, wenn Bundesrat und Parlament nicht mehr Stellung nehmen können? Es erhalten jene die Macht, welche die finanzielle Potenz haben, die Medien mit politischer Werbung vollzustopfen. Deshalb limitieren Sie mit dieser Initiative die Möglichkeit des Volkes, die Informationen zu erhalten, die es wünscht. Es ist eine antidemokratische Initiative. Sehen Sie hier totalitäre Tendenzen? Couchepin: Zumindest wird das demokratische Ökosystem in Frage gestellt. Blocher: Ich freue mich ausserordentlich, dass der Bundesrat plötzlich zum Verfechter der direkten Demokratie geworden ist. Dahinter verbirgt sich allerdings etwas anderes. Couchepin: (unterbricht energisch) Sie sprechen mitten in einem Gespräch davon, dass ich irgendetwas verberge. Das ist genau der Stil, gegen den ich protestiere! Nehmen Sie meine Worte einfach so, wie ich sie sage. Blocher: (unterbricht) Sie haben mir doch genau dasselbe vorgeworfen. Couchepin: Nein. Ich spreche nur von den objektiven Zielen der Initiative. Ich werfe Ihnen persönlich keine diktatorischen Ambitionen vor. Blocher: Ein Blick zurück zeigt, wie ernst der Bundesrat diese direkte Demokratie nimmt. Ein Beispiel: Am 5. März 1997 hat Arnold Koller verkündet, der Bundesrat wolle eine Solidaritätsstiftung schaffen. Koller hat ausdrücklich versichert, es brauche dafür einen eigenen Verfassungsartikel: Volk und Stände könnten darüber abstimmen. Inzwischen behauptet man im Bundesrat, man könne die Stiftung auch lediglich durch ein Gesetz einführen. Couchepin: Sie werfen uns vor, verfassungswidrig zu handeln? Blocher: Wenn Sie dies tun: Ja! Couchepin: Mit welchem Recht? Wer, wenn nicht der Bundesrat, respektiert die Verfassung? Wollen Sie etwa sagen: Ich, Christoph Blocher, bin die Verfassung, das Volk und noch dazu das Parlament? Blocher: Im Verfassungsartikel, den das Parlament mit dem Währungsartikel zu Fall brachte, stand rein formell, dass das Gesetz bestimmt, wie die Reserven der Nationalbank verteilt werden - damit Volk und Stände materiell wieder nichts zu sagen gehabt hätten. Couchepin: War dies etwa kein neuer Verfassungsartikel? Blocher: Aber nicht ein Verfassungsartikel, der gesagt hätte, wie die Goldreserven aufgeteilt werden müssen. Herr Blocher, 1995 haben Sie, Ueli Maurer und Toni Bortoluzzi im Parlament dafür gestimmt, dass die Armee-Halbierungs-Initiative dem Volk gar nicht erst vorgelegt wurde. Couchepin: Als Parlamentarier sind wir leider dazu verpflichtet, die Rechtsgültigkeit von Initiativen wie Richter zu entscheiden. 1995 lag dem Bundesrat ein Gutachten vor, das besagte, die Armee-Halbierungs-Initiative sei nicht rechtsgültig. Deshalb habe ich für die Rechtsungültigkeit gestimmt. Damit haben Sie sich für das Gegenteil dessen eingesetzt, was Sie heute fordern. Blocher: Nein. Wenn ich als Parlamentarier über die Rechtsgültigkeit entscheiden muss, dann muss ich entscheiden. Genau das will unsere Volksinitiative: dass wir Parlamentarier dies nicht entscheiden. Wir sind doch keine Richter. Couchepin: Sie wollen die Prüfung der Rechtmässigkeit abschaffen? Blocher: Ja. Couchepin: Dann entfernen wir uns definitiv vom Rechtsstaat. Das heisst: Sie wollen nicht nur den demokratischen Dialog aufheben, sondern auch noch verhindern, dass die Rechtsgültigkeit von Initiativen diskutiert wird. Sie versuchen, über diese Volksinitiative ganz einfach konzentrierte Macht zu erlangen, in der Dialog und Information keine Rolle mehr spielen. Blocher: Nein, Herr Couchepin, das Volk entscheidet darüber. Sie können mir zehnmal unterschieben, dies und jenes sei «exclu», verboten, ausgeschlossen. Der Initiativtext ist klar. Herr Couchepin, bietet diese Initiative der FDP vier Monate vor dem Wahlkampf eine gute Gelegenheit, sich von der immer mächtigeren SVP zu distanzieren? Couchepin: Ich gehöre jener Partei an, welche diesen Staat gegründet und sein demokratisches System aufgebaut hat… Blocher: (unterbricht) Wir waren auch dabei. Couchepin: Aber sicher. Wir waren die Architekten, und Sie haben mitgemacht. Vorausgesetzt, Ihre Vorfahren waren Freisinnige. Blocher: Natürlich. Die Freisinnigen sind unsere Grossväter (lacht). Couchepin: Meine Partei verteidigt das demokratische System aus Berufung. Was nun Christoph Blocher betrifft: Seine Absichten kann ich nicht einschätzen, da ich weder Psychoanalytiker noch Pfarrer bin. Ich stelle allerdings fest, dass er in eine für die Demokratie sehr gefährliche Richtung geht mit dieser Initiative. Deshalb bekämpfe ich sie. Nun möchte ich Ihnen aber noch eine Frage stellen, Herr Blocher. In einigen Monaten stimmen wir wahrscheinlich über die bilateralen Verträge ab. Sagen Sie Ja oder Nein zu diesen Verträgen? Warum erklären Sie sich nicht? Blocher: Ich entscheide mich dann, wenn die Zeit dafür gekommen ist. Herr Blocher, die Bevölkerung würde aber von Ihnen auch gerne hören, ob Sie für oder gegen die bilateralen Verträge sind. Blocher: Warten Sie ab. Sie werden meine Haltung noch zu hören bekommen. Meine Antwort ist klar: Ich finde die Verträge schlecht. Ob man das Referendum ergreift, hängt von den Zusatzbedingungen ab, die das Parlament genehmigt oder ablehnt. Ich entscheide, wenn ich die Konsequenzen sehe - nach einer sorgfältigen Abwägung. Das dürfte zwischen August und Oktober sein, also vor den Wahlen. Die Meinungsverschiedenheiten, die sich in diesem Gespräch zeigen, sind beträchtlich. Herr Couchepin, muss die SVP in die Opposition? Couchepin: Dies ist das grosse Problem von Herrn Blocher. Er ist der eigentliche Chef einer Partei, die zwar eine Oppositionsrolle ausübt, gleichzeitig aber in der Regierung bleiben will. Dieses Doppelspiel, Herr Blocher, können Sie nicht permanent spielen. Blocher: Die Sache ist klar: Ich bin gewählter Parlamentarier und Mitglied einer Partei, die ein sehr konkretes Programm hat. Wir nehmen dieses Programm ernst und wollen es durchsetzen. Wir sind im Bundesrat vertreten. Doch das verpflichtet uns nicht, stets gleicher Meinung wie der Bundesrat zu sein. Wir leben in einem Land der direkten Demokratie, dessen Regierung aus vier Parteien gebildet ist. Alle Parteien haben schon gegen den Gesamtbundesrat gestimmt. Erst kürzlich bei der Mutterschafts-Versicherung zum Glück auch die FDP. In der direkten Demokratie ist jede Partei Oppositions- und Regierungspartei. Ich weiss allerdings, was hinter diesen Gedanken steckt. Couchepin: Sicher kennen Sie auch schon die Antwort. Blocher: Warten Sie ab. Ich sage immer: Jede Partei muss stets dazu bereit sein mitzuregieren. Man darf nicht freiwillig in die Opposition gehen. Werden wir allerdings von den Freisinnigen zusammen mit den Sozialisten aus der Regierung geworfen, müssen wir auch dazu bereit sein. Couchepin: Alle Ausführungen, die Sie in diesem Gespräch gemacht haben, waren oppositioneller Natur, Herr Blocher. Mit Aggressionen gegen den Bundesrat und mit der Anklage, er respektiere die Verfassung nicht. Sie sprechen die Sprache eines Oppositionsführers, die weit über die sektorielle Opposition hinausgeht, wie sie bei allen Parteien vorkommt. Übt eine Partei permanent Opposition aus und bekämpft - wie mit dieser Initiative - permanent den Bundesrat, muss sich diese Partei fragen: Wo haben wir unsere ehrliche Position? Können wir den Oppositionsdiskurs weiterführen, gleichzeitig aber von der Macht profitieren? Diese Doppelzüngigkeit wiegt schwer. Blocher: Herr Bundesrat, Sie sassen heute für eine Diskussion mit mir an denselben Tisch. Dass ich Sie dabei nicht loben würde, war ja klar. Sässe hier allerdings ein Sozialist… Couchepin: (unterbricht energisch) Ich würde gegen ihn antreten. Kein Zweifel. Blocher: Dann wären wir ja plötzlich auf der gleichen Seite. Allerdings nur, wenn Sie nicht sozialistisch sind. Couchepin: (lacht) Das können Sie selber beurteilen. Herr Blocher, können Sie mit Adolf Ogi als Ihrem Vertreter im Bundesrat überhaupt noch leben? Blocher: In der Wirtschafts- und Steuerpolitik ist Herr Ogi für uns ein sicherer Wert. In der zentralen Frage der Unabhängigkeit, der Neutralität und der Landesverteidigung haben wir tatsächlich grosse Differenzen. Entscheidende Differenzen? Blocher: Entscheidende Differenzen. Es sind dieselben Differenzen, welche die SP mit Bundesrat Otto Stich hatte. Herr Stich war gegen den EU-Beitritt und gegen den EWR, die SP flammend dafür. Couchepin: Nein, das stimmt nicht. Herr Stich hat sich nie gegen den EWR ausgedrückt. Er war immer loyal. Blocher: Auch Herr Ogi ist loyal. Der Bundesrat muss sich einfach über eines im Klaren sein: Die Regierung wird nicht aus vier Parteien gebildet, weil alle Parteien gleicher Meinung, sondern obwohl alle verschiedener Meinung sind. Couchepin: Es gibt zwei Dinge, die man von einer Regierungspartei erwarten darf. Erstens: dass sie nicht systematisch Oppositionspolitik betreibt. Das tun Sie aber … Blocher: …wir betreiben keine systematische Opposition… Couchepin: …Ihre Opposition ist systematisch. Zweitens darf man erwarten, dass ein Bundesrat von seiner Regierungspartei mit seinen Vorschlägen nicht konstant im Stich gelassen wird. Die SVP hat aber Herrn Ogi in letzter Zeit bei all seinen Vorstössen attackiert. Letztlich geht es also um eine Frage der doppelten Zweideutigkeit: Sie sind mit Ihrer SVP in der Opposition und wollen doch an der Macht teilhaben. Zudem widerspricht Ihre Meinung fundamental jener Ihres Bundesrates. Und dennoch sagen Sie: Ich will Adolf Ogi im Bundesrat behalten. Blocher: Dann müssen Sie uns aus dem Bundesrat werfen. Couchepin: Es geht um eine Frage der Redlichkeit auf Ihrer Seite. Blocher: Eine Partei in der Opposition könnte innerhalb von vier Jahren grosse Erfolge feiern. Das weiss ich. Trotzdem betone ich immer: Wir müssen in der Regierung mitwirken, aber in den zentralen Positionen fest bleiben. Denn in einer Konkordanz-Regierung fehlt die Opposition. Sie ist aber für eine Regierung wichtig. In den Siebziger- und Achtzigerjahren bildete die Presse die Opposition. Damals hatten wir eine Mitte-rechts-Regierung, und die Journalisten waren, wie übrigens heute noch, mehrheitlich Mitte-links. Heute ist das leider nicht mehr so. Presse, Parlament und Bundesrat bilden heute in den wichtigen Fragen eine Koalition. Deshalb sehe ich die Opposition in den wichtigen Fragen - Unabhängigkeit, Steuerklima, Asylpolitik - als meine Aufgabe. Couchepin: Noch einmal: Letztlich ist es eine Frage der Ehrlichkeit. In den letzten drei Jahren war die SVP siebenmal gegen wichtige Vorlagen der Regierung - und dabei habt ihr fünfmal verloren. Blocher: Ich habe die Niederlagen nicht gezählt. Couchepin: Manchmal deutet die Zahl auch auf die Qualität hin. Wer sich gegen alle grossen Projekte einer Regierung stellt, muss sich fragen, ob er noch - konstruktiv und lösungsorientiert - in dieser Regierung mitarbeiten kann. Oder ob er schlicht und einfach ein Profiteur von Opposition und Macht ist. Herr Blocher, im Herbst wird die SVP sehr wahrscheinlich Wahlsiegerin sein. Können Sie dann noch akzeptieren, in der Regierung mit nur einem Bundesrat vertreten zu sein, der nicht einmal Ihre Linie vertritt? Blocher: Darüber zerbreche ich mir jetzt nicht den Kopf. Würde die SVP im Herbst Bundesratsparteien mit zwei Bundesräten tatsächlich überholen, müssten wir bereit sein, mit zwei Bundesräten anzutreten. Das ist meine persönliche Meinung. Was wird dann geschehen? Der wahrscheinlichste Fall ist, dass kein zweiter SVP-Vertreter in den Bundesrat gewählt wird. Das Parlament wählt heute lieber einen Kommunisten als einen SVPler. Aber Herrn Ogi wird das Parlament wahrscheinlich wieder wählen. Couchepin: Wird die SVP ihn denn zur Wiederwahl empfehlen? Blocher: Davon bin ich überzeugt. Das heisst: Die SVP ist zufrieden mit Ogi? Blocher: Wir sind Realisten. Nicht zufrieden mit ihm sind wir in den zentralen Positionen Neutralität und Souveränität. Hier besteht ein offener Konflikt, den wir auch darlegen dürfen. Das Parlament würde heute aber keinen SVP-Vertreter wählen, der gegen den EU-Beitritt ist. Couchepin: Sie sind also bereit, alle Opfer zu bringen, nur um in der Regierung zu bleiben? Um Macht zu haben? Blocher: Es geht nicht um Macht. Couchepin: Um was sonst? Blocher: Um eine bessere Politik. Wären wir in der Opposition, müssten wir in allen Fragen systematisch Opposition betreiben. Das tun wir heute nicht. Couchepin: Sie wollen kein Oppositionssystem? Blocher: Es wäre wahrscheinlich besser, wenn jene Parteien eine Regierung bilden würden, welche die grössten Übereinstimmungen haben. Das ist meine persönliche Meinung. Heute ist die Konkordanz degeneriert. Man wählt Parteivertreter, die möglichst nicht die Parteimeinung vertreten, und klagt nachher darüber, dass Differenzen bestehen. Und wenn Sie, Herr Couchepin, glauben, mit der SP besser regieren zu können als mit der SVP - tun Sie das! Couchepin: Es liegt an Ihnen, das zu entscheiden. Sie betonen immer, Neutralität und der EU-Beitritt seien die Hauptfragen dieses Landes. Das denke ich auch. Blocher: Hier haben wir auch die Hauptdifferenzen. Couchepin: Sie haben hier allerdings auch die Hauptdifferenzen mit Ihrem eigenen Bundesrat - und sagen trotzdem: Das geht gut. Weshalb haben Sie ein so grosses Interesse daran, in der Regierung vertreten zu sein? Zu guter Letzt geht es doch um eine rein opportunistische Politik. Blocher: Schön, das ausgerechnet aus Ihrem Munde zu hören! Couchepin: Wer mit dem Anspruch antritt, sein Programm durchzusetzen, in den Hauptfragen mit seinem Bundesrat aber nicht einverstanden ist, kann nicht mehr im Ernst behaupten, er wolle sein Programm wirklich durchsetzen. Blocher: Natürlich. Die Frage ist: Setzen wir das Programm besser durch, wenn Herr Ogi in der Regierung sitzt - oder wenn kein SVP-Vertreter in der Regierung sitzt? Herr Couchepin, was sagen Sie nun Franz Steinegger, Ihrem Parteipräsidenten? Soll die FDP im Herbst noch Listenverbindungen mit der SVP eingehen? Couchepin: Die Diskussion von heute ist sehr wichtig. Sie erlaubt uns zu beurteilen, ob Herr Blocher und seine Vertreter bereit sind, eine problemlösungsorientierte Politik zu betreiben. Und ob sie einverstanden sind, ihre politischen Gegner zu respektieren - und wie ihre Haltungen gegenüber der Regierung aussehen. Zu welchem Schluss kommen Sie nach diesem Gespräch? Couchepin: Ich bin Bundesrat. Aber ich würde Herrn Steinegger raten, dass die FDP-Kantonalparteien in jedem Kanton beurteilen sollen, ob allfällige SVP-Verbündete eine positive Haltung haben oder nicht. Blocher: In Zürich dürfte die FDP also keine Listenverbindung mit der SVP eingehen? Couchepin: Es ist Sache der Kantonalparteien, dies zu entscheiden. Ich entscheide weder für Zürich noch für Herrn Steinegger. Die Differenzen, die sichtbar werden, stimmen aber insgesamt nachdenklich? Couchepin: Natürlich sind diese Differenzen bedenklich. Blocher: Ich finde sie nicht bedenklich. Aber es ist typisch, dass der Bundesrat sie als bedenklich beurteilt. Zu Ihren Bedingungen einer Regierungsbeteiligung, Herr Couchepin: Ich werde weiterhin Respekt vor den Aufgaben und dem Auftrag der Regierung, der Verwaltung, des Parlamentes und des Souveräns haben. Wie bisher. Couchepin: Wie bisher? Das sind zwei Worte zu viel. Blocher: Ich hatte bisher Respekt und werde ihn weiterhin haben. Couchepin: «Wie bisher», das ist zu viel. Blocher: Ich kenne meine eigene Meinung besser als Sie. Couchepin: Ich beobachte Sie von aussen. Blocher: Gewisse Bundesräte ertragen Kritik nicht, weil sie glauben, «L'état, c'est moi!». Damit sprechen Sie Herrn Couchepin an? Blocher: Das würde ich sagen. Die Töne, die ich dieser Tage von ihm gehört habe, sind für mich ein Zeichen dafür, dass ihm der Respekt vor der eigenen Aufgabe fehlt. Für uns gilt: In der Frage der Souveränität der Schweiz, der Steuersenkungen und im Kampf gegen den Asylmissbrauch werden wir, ob in der Regierung oder nicht, keine Konzessionen machen. Und ich werde, wie Sie das gefordert haben, Herr Couchepin, problemorientiert sein bis zum Letzten. Couchepin: Ich sprach von Lösungsorientierung. In all diesen von Ihnen angesprochenen Punkten sieht der Bundesrat Lösungen vor. Blocher: Zuerst muss man die Probleme erfassen, bevor man sie lösen kann. Couchepin: Aber Sie schaffen die Probleme und wecken negative Emotionen, bis keine Lösungen mehr möglich sind. Das ist die Schwäche Ihrer ganzen Argumentation. Blocher: Ich habe zu all diesen Fragen Lösungen. Oft allerdings andere als Sie. Couchepin: Sie bieten für diese pluralistische Gesellschaft keine realistischen politischen Lösungen an. Blocher: Das ist eine Behauptung. Couchepin: Natürlich, das ist eine politische Behauptung.

27.06.1999

«Selbst wenn ich schweige, bin ich ein Thema»

Christoph Blocher über Macht, politische Gegner und seine Auseinandersetzung mit Bundesrat Couchepin Interview mit der Sonntagszeitung vom 27. Juni 1999Von Othmar von Matt Herr Blocher, fehlen Ihnen heute die politischen Gegenspieler? Christoph Blocher: Meine Gegenspieler sind diejenigen, die eine falsche Politik betreiben. Und auch wenn sie ihre Politik nicht mehr begründen können, machen sie trotzdem eine falsche Politik. Es fehlt doch jemand wie Peter Bodenmann, der Sie dezidiert herausfordert. Blocher: So gesehen gebe ich Ihnen Recht. Ich habe bald keine namhaften politischen Gegner mehr. Früher tat dies Helmut Hubacher. Peter Bodenmann ist im Wallis verschwunden, Elmar Ledergerber im Zürcher Stadtrat. Und Franz Jaeger verkündet heute aus der Hochschule gute Wirtschaftspolitik. Freut Sie das? Blocher: Mehr würde mich eine gute Politik freuen. Aber auch ohne namhafte Gegenspieler kommen Steuererhöhungen, Asylmissbrauch und zu viele Regulierungen zu Stande. Ein gutes Zeichen ist allerdings, dass die Bevölkerung langsam genug hat von dieser Politik. Politik lebt allerdings von Gegensätzen. Und ich bin froh, wenn die Gegner antreten. Wie Ursula Koch? Blocher: Ich bin zweimal gegen Frau Koch angetreten. In der ersten "Arena" beschränkte sie sich auf das Pöbeln. Pöbeln war ihr politisches Programm, bis ihr die Werbeleute davon abgeraten haben. In der zweiten Sendung bemerkte ich, dass Frau Koch überhaupt kein Konzept hat. Nicht einmal ein falsches. Und wie steht es mit Franz Steinegger? Blocher: Die Freisinnigen sind nicht unsere Gegner. Im Moment weiss ich allerdings nicht, ob Steinegger eine Partei vertreten muss, welche die Orientierung verloren hat. Oder ob ihm selber die Orientierung abhanden gekommen ist. Dezidiert geäussert hat sich in den letzten Tagen Volkswirtschaftsminister Pascal Couchepin. Ist er Ihr neuer Gegenspieler? Blocher: Bisher war Herr Couchepin nie mein Gegenspieler, er war politisch ein Mann ohne Meinung. Aber wenn er jetzt als Bundesrat den Gegenpart spielen will, soll er das tun. Ich bin gerne bereit, den Ball aufzunehmen. Seine Reaktionen verraten jedoch höchste Nervosität. Couchepin äusserte sich über Ihre Rolle im Zusammenhang mit der Initiative, die fordert, dass Volksinitiativen in sechs Monaten vors Volk kommen müssten. Blocher: Er hat auf ein harmloses Inserat zur Initiative, die ich gutheisse, reagiert. Wenn er nun davon spricht, Blocher sei mit seiner wirtschaftlichen, politischen und finanziellen Tätigkeit ein ganz gefährlicher Mann, so zeigt dies seine bedenkliche demokratische Gesinnung. Er fühlt sich in seiner Macht bedroht. Aufs Höchste besorgt ist allerdings auch der Gesamtbundesrat. "Die Initiative führt die direkte Demokratie ad absurdum und stellt die politische Kultur der Schweiz in Frage", sagt er in einer Erklärung. Blocher: Das ist lächerlich. Es ist Tatsache, dass Volksinitiativen relativ lange in Bern "herumgeteiggt" werden. Ein Volksbegehren soll rasch zur Abstimmung gebracht werden. Es ist gar nicht nötig, dass Bundesrat und Parlament dazu Vorschlag und Gegenvorschlag machen müssen. Gemäss der Volksinitiative müssen Bundesrat und Parlament keine Stellung nehmen. Aber sie dürfen es selbstverständlich. Überrascht Sie die heftige Reaktion? Blocher: Ich hätte nie erwartet, dass sich der Gesamtbundesrat dazu hinreissen lässt. Damit schiesst er ein Eigentor, denn seine Reaktion gibt der Initiative riesigen Auftrieb. Irgendwie ist es unheimlich: Wo immer in der politischen Schweiz von heute etwas geschieht, taucht Ihr Name auf. Blocher: Das tut mir leid. Selbst wenn ich schweige, bin ich offenbar ein Thema? Schritt für Schritt bauen Sie Ihre Macht aus. Wann haben Sie Ihr Ziel erreicht, die Macht in der Schweiz zu übernehmen? Blocher: Ein solches Ziel verfolge ich nicht. Die Schweizer sind demokratisch, und darum wird in diesem Land nie jemand die Macht übernehmen. Ich muss wieder einmal darauf zurückkommen, was ich eigentlich tue: Erstens bin ich erfolgreicher Unternehmer. Mein Weg dazu ist transparent nachzuvollziehen, und das gibt Neider. Zweitens bin ich Politiker und vertrete seit Jahren konsequent meine Meinung. Was soll daran suspekt sein? Die Ballung wirtschaftlicher, politischer und finanzieller Macht - verbunden mit der Tendenz zu einfachen Antworten, wie Bundesrat Couchepin sagt. Blocher: Ich gebe mir grosse Mühe, einfach zu reden. Was soll daran gefährlich sein? Im Gegensatz zu Herrn Couchepin besitze ich keine Macht. Keine institutionelle Macht. Blocher: Ihm stehen Steuergelder und eine Verwaltung zur Verfügung. Seit dem Wahlerfolg der Zürcher SVP im April reagiert die Classe politique nervös und empfindlich. Sobald jemand ein bisschen aus dem Durchschnitt herausragt, versuchen ihn die Tonangebenden zu köpfen. Diese Tendenz lässt sich in der Schweizer Geschichte immer wieder beobachten. Ihr Understatement ist bemerkenswert. Sie verfügen über beträchtliche Macht. Blocher: Ich bin mir dieser Macht gar nicht bewusst. Was ist denn diese Macht? Sie haben sich eine Holding aufgebaut: mit Auns, SVP, "Schweizerzeit". Eine Holding, die Sie gezielt einsetzen und finanziell so massiv unterstützen, wie dies keiner anderen Partei möglich wäre. Blocher: In die Auns stecke ich kein Geld, sondern einen Teil meiner Arbeitskraft. Auch in die "Schweizerzeit" investiere ich kein Geld. Bei der Gründung habe ich zwei Aktien zu je tausend Franken gezeichnet. Auch an die Schweizer SVP zahle ich nur ordentliche Beiträge, genauso wie an die Zürcher SVP. Denn die Partei darf finanziell nicht von mir abhängig werden. Doch es gibt Abstimmungskampagnen und generelle Kampagnen, die ich gezielt unterstütze. Wie viel investieren Sie in Kampagnen? Blocher: Im Schnitt ein paar Hunderttausend Franken pro Jahr. In der EWR-Abstimmung waren es 1,5 Millionen. Bei den Wirtschaftsverbänden befürchtet man, Sie übernähmen die Macht. Blocher: Das höre ich aus den Verbänden ebenfalls. Ich will dort weder eine leitende Stellung einnehmen, noch habe ich die Zeit dazu. Hingegen fordere ich als Unternehmer seit langem, dass die Verbände eine konsequente Wirtschaftspolitik betreiben: eine gute Ordnungspolitik. Nur drang ich mit dieser Forderung bisher nicht durch. Neu ist, dass zahlreiche - auch grosse - Schweizer Unternehmen ebenfalls diese Meinung vertreten. Dennoch kam der Verdacht auf, Sie steckten hinter der Fusionsforderung. Blocher: Die Idee der Fusion stammt nicht von mir. Und ich bin nicht einmal sicher, ob sie eine wesentliche Verbesserung bringt. Die Bemühungen kommen aus der Maschinenindustrie und der Chemie, aber auch aus anderen Branchen. Immerhin soll Ihnen das Vorort-Präsidium angeboten worden sein. Blocher: Davon weiss ich nichts. Präsident werden Sie also nie? Blocher: Käme ein solches Angebot, müsste ich sagen: Es tut mir Leid. Das kann ich nicht auch noch machen. Denn ich müsste entweder die Politik oder das Unternehmen aufgeben. Beides kommt für mich im Moment nicht in Frage. Wenn Sie die Schweiz nach Ihrem Gusto gestalten könnten: Wie sähe sie aus? Blocher: Zunächst einmal: Ich möchte keine Schweiz, die ich gestalten könnte. Ich möchte eine sehr demokratische Schweiz, in der die wesentlichen Entscheide bei der Bevölkerung liegen. Und inhaltlich? Blocher: Was würde ich dem Volk zur Abstimmung unterbreiten? Vorlagen, welche die traditionellen Stärken der Schweiz betonen: jene der souveränen, der neutralen Schweiz. Einer Schweiz, welche die dauernde Neutralität nach aussen hin stärkt, die in freundschaftlicher Beziehung zu allen Ländern dieser Welt lebt - wirtschaftlich, kulturell, politisch. Es dürfte allerdings keinerlei Einbindungen in eine fremde Macht geben, damit die Schweiz ihr Schicksal als Kleinstaat eigenständig bestimmen kann. Und innenpolitisch? Blocher: Ich bin für eine liberale Politik. Die Menschen in diesem Land sollen - bei Vollbeschäftigung - ihren Verdienst nicht der Umverteilung preisgeben. Es ist ein Staat von eigenverantwortlichen Bürgern. Der Staat sorgt für jene, die nicht für sich selber sorgen können. Mit dieser Stossrichtung ginge es den Schweizerinnen und Schweizern auch in Zukunft gut. Je zahlreicher die Länder in der Globalisierung Massenkonstruktionen suchen, desto grösser sind unsere Chancen. Sie wollten eine Thatcher-Schweiz, in welcher der Staat keine Rolle mehr spielt, die Reichen immer reicher und die Armen immer ärmer werden, wirft Ihnen die SP vor. Blocher: Es ist heute eine Tatsache, dass eine niedrige Staatsquote die entscheidende Grösse für Vollbeschäftigung und einen konkurrenzfähigen Standort ist. Und die Reformen von Frau Thatcher waren nötig, um England aus einer tiefen Krise zu holen. Sie musste dafür zuerst die allmächtigen Gewerkschaften brechen. Herr Blair tut doch jetzt nichts anderes, als ihre Politik fortzusetzen. Verfolgen Sie in der Schweiz ein ähnliches Ziel? Die Gewerkschaften zu brechen? Blocher: Nein. In England hatten die Gewerkschaften eine unglaubliche Macht. Das ist bei uns nicht so. Der Staat hat grundsätzlich nicht zu bestimmen, ob es Gewerkschaften gibt oder nicht. Wie wichtig ist Ihnen der soziale Friede? Er droht zu zerbrechen. Blocher: Das glaube ich nicht. Der soziale Friede ist das Ergebnis des Ausdiskutierens von Standpunkten. Heute weiss bei Kompromissen aber niemand mehr, zwischen welchen Positionen sie entstanden sind. "Wir sind nicht mehr bereit, Kompromisse nach links zu machen - nur weil man gerne Kompromisse hat", sagten Sie nach dem Wahlsieg in Zürich. Stehen Sie tatsächlich für Ausdiskutieren ein? Blocher: Absolut. Ich habe noch nie eine Einladung zu einer Diskussion abgelehnt. Wenn es letztlich nach Ihrem Willen geht? Blocher: Dass sich ein Politiker für seine Ansichten einsetzt, ist seine Aufgabe. In zentralen Dingen kämpfe ich, bis der letzte Entscheid gefallen ist. Ist er aber gefallen, halte ich mich daran. Christoph Blocher ganz ungefährlich? Blocher: Gefährlich nur für jene, die nicht ertragen, dass es Menschen gibt, die ihre Meinung unerschrocken vertreten.

07.05.1999

Unsere vier Kinder sind auf der richtigen Spur

Interview mit CASH vom 7. Mai 1999 Christoph Blocher über seine Nachfolge bei der Ems-Chemie, seine Bücher schreibenden Geschwister und über die erste Pflicht der Politik, Nein zu sagen Christoph Blocher startet mit neuem Schub in die Spätphase seiner Karriere. CASH sprach mit ihm über seine Familie, die Nachfolge bei der Führung der Ems-Chemie, über seine Wirtschaftspolitik und über Antisemitismus. Interview: Markus Gisler, André Kienzle Herr Blocher, Sie werden nächstes Jahr sechzig Jahre alt. Wie lange bleiben Sie noch CEO der Ems-Chemie Holding? Christoph Blocher: Ich bin daran, über die Nachfolgeregelung nachzudenken. Was kommt dabei heraus? Blocher: Ich habe vier Kinder. Die Älteste, 29 Jahre alt, hatte ihr Ökonomiestudium vor vier Jahren abgeschlossen, arbeitete dann für die amerikanische Firma Johnson & Johnson und leitet heute das Marketing bei Rivella. Der Sohn, 28, schliesst demnächst seine Dissertation als ETH-Chemiker ab, verdient danach noch den Hauptmann ab und steigt dann ebenfalls in die Wirtschaft ein. Die jüngere Tochter, 24, steht vor dem Abschluss des ETH-Studiums, und die Jüngste, 22, studiert ebenfalls Ökonomie. Sie sehen: Unsere Kinder sind auf der richtigen Spur. Ob sie das Unternehmen auch führen können oder wollen, wird man in den nächsten zwei Jahren besser sehen. Wir spüren, Sie wollen Ihr Unternehmen in der Familie behalten. Blocher: Natürlich. Das geht wohl jedem Vater so. Erzwingen will ich nichts, aber wenn ich sehe, dass es geht, dann ja. Zumindest die Berufsrichtung meiner Kinder stimmt. Keines studiert Psychologie oder Altphilologie, keines sagt: "Nur ja nichts mit Wirtschaft zu tun haben!" Das wäre wohl ganz grässlich für Sie? Blocher: Gar nicht. Ich selber hätte sehr gerne gehabt, wenn ein Kind zum Beispiel Geschichte studiert hätte, aber dann könnte es nicht ins Unternehmen einsteigen. Jetzt ist alles möglich: alle vier Kinder oder nur eins oder zwei oder drei - oder gar keines. Nachfolgeregelungen sind ja vor allem auch Erbschaftsfragen. Blocher: Wenn ich heute sterben würde, müsste die Familie 180 Millionen Franken Erbschaftssteuern bezahlen. Das könnte sie gar nicht, ohne einen Teil des Unternehmens zu verkaufen. Deshalb muss ich eine klare Lösung finden. Wenn die Kinder alle nicht in Frage kommen - was sein kann - , dann lautet die Frage: Behält man die Mehrheit des Unternehmens in der Familie und ein Dritter führt es, oder müsste - was ich nicht möchte - das Unternehmen verkauft werden. Diese Themen diskutieren Sie auch mit Ihren Kindern. Was sagen sie dazu? Blocher: Wir haben keinerlei Hemmungen, über die Nachfolgefrage zu reden. Bis jetzt war der Tenor immer: Hör zu, Vater, wir sind selbst wer. So haben wir sie auch erzogen, nach Selbstverantwortungsprinzipien. Keines erhält ein Auto, bis es selber verdienen kann. Mein Sohn musste bis 27 darauf verzichten. Zahlen Sie ihm wenigstens die Ausbildung? Blocher: Seit er Halbtagsassistent ist, zahlt er alles selber. Nicht, dass ich geizig wäre, ich sagte meinen Kindern aber immer: Man muss das Leben selber gestalten, ich sorge für eure Ausbildung bis zum Abschluss, ohne Luxus, nachher steht ihr auf euren eigenen Beinen. Stolz und unabhängig von mir. Aber wenn Sie morgen unter das sprichwörtliche Tram kämen - was wir Ihnen natürlich nicht wünschen - was wäre dann? Blocher: Dafür ist gesorgt. Dann läuft die Ems-Chemie makellos ein bis zwei Jahre weiter. In dieser Zeit muss eine Lösung getroffen werden. Mein VR-Ausschuss muss dieses Szenario nur aus der Schublade herausziehen. Wir folgern daraus: Blocher bleibt auf absehbare Zeit CEO der Ems-Chemie. Blocher: Ja. Mir geht es gesundheitlich gut, und ich habe noch genügend Kraft. Aber in den nächsten paar Jahren muss die Nachfolge geregelt werden - doch Sie sehen ja, in der Familie reift es schon. Haben Ihre Kinder eigentlich die gleiche politische Sicht wie der Vater? Blocher: In den grundsätzlichen politischen Fragen haben wir keinerlei Differenzen. Wobei ich keinen Druck ausübe. Es gibt Fragen, in denen wir nicht übereinstimmen. Während des Studiums waren die beiden Älteren ziemlich grosszügig, was staatliche Ausgaben angeht. Seit sie verdienen, sind sie sehr auf meiner Linie. Auf jeden Fall sind alle vier gegen den EU-Beitritt, was mich freut. Ich habe keinerlei Probleme mit den Kindern, keines ist bei den Sozialdemokraten gelandet - bis jetzt (lacht). Wenn Sie weiterhin als Ems-Konzernchef amten, bleibt Ihnen wohl keine Zeit, um Ihre Memoiren zu schreiben. Blocher: Das ist auch gut so. Bald alle Ihre Geschwister haben ein Buch geschrieben - nur Sie nicht, obschon im Grunde nur Sie der Inhalt sind. Blocher: Kürzlich war ein grosser deutscher Verlag bei mir und bat mich, meine Memoiren zu schreiben. Ich sagte: "Hört mir bloss auf mit dem 'Chabis'." Bevor jemand nicht hundert Jahre tot ist, lässt sich gar nicht beurteilen, ob ein Lebenswerk überhaupt von geschichtlichem Wert war. Wie beurteilen Sie diese literarische Vergangenheitsbewältigung Ihrer Geschwister? Blocher: Meine zehn Schwestern und Brüder sind sehr verschieden. Das neueste Buch von meiner ältesten Schwester (der Sozialarbeiterin Judith Giovannelli-Blocher, die Red.) fand ich interessant. Ich habe mein Elternhaus aber nicht so erlebt wie sie. Wie blicken Sie zurück auf Ihre Jugend? Blocher: Ich bin acht Jahre jünger - in der Jugend ein riesiger Unterschied. In meiner Erinnerung bin ich in einem sehr fröhlichen Elternhaus aufgewachsen. Weil wir so viele Kinder waren, gingen wir absolut frei von Überbetreuung durchs Leben. Als kleiner Junge wurde ich morgens vor die Türe gestellt und war mir selber überlassen. Wir trieben einen Haufen Schabernack. Ich konnte auch einen völlig unkonventionellen Lebensweg einschlagen, zuerst Bauer werden, dann studieren. Meine Schwester dagegen hatte ihr Leben lang das Gefühl, als Frau sei sie zu kurz gekommen. Sie sagt, der Vater hätte ein Mädchen nie studieren lassen. Dabei studierte eine Schwester Theologie und wurde Pfarrerin, eine andere machte die Mittelschule und wurde Lehrerin, eine absolvierte die A-Matur und wandte sich der Kunstgeschichte zu. Dieser Vater steigt aus allen Büchern als strenge, protestantisch-trockene Figur auf. Wie sehen Sie sich im Vergleich zu Ihrem Vater? Blocher: Mein Vater, ein Calvinist, war ein strenger Mann. Er war ein Freund von Karl Barth (dem Anführer des Kirchenkampfes gegen die Nationalsozialisten in Deutschland, die Red.). Die Theologie war ihm wichtig. Innerlich hat er wohl sein Leben lang darunter gelitten, dass er Pfarrer sein musste, denn er hatte sehr viele andere Interessen. Aber - und das finde ich das Grossartige an ihm - er hielt bis zum Schluss durch und blieb seiner Sache treu. Er hatte eine klare eigene Meinung, war ein geistig vielseitig orientierter Mensch, gross und hager. Er war nicht von leichter Natur, hatte oft an den Dingen zu beissen. Schon sein Vater war Pfarrer gewesen, seine Mutter eine deutsche Professorentochter. Gleichen Sie nun eher dem Vater oder der Mutter? Blocher: Meine Mutter stammt aus gesundem Säuliämter Boden, aus einer Bauern- und Ziegelbrennerfamilie, sie war klein und rundlich - ziemlich genau das Gegenteil vom Vater. Die einen Geschwister gleichen eher dem Vater, die anderen mehr der Mutter. Sie gleichen wohl eher der Mutter. Blocher: Ja, wie auch mein Bruder, der Pfarrer ist und der zu reden gibt. Meine älteste Schwester und der andere Bruder, der das Buch "Mein Bruder Christoph" geschrieben hat, gleichen mehr dem Vater. Ihre Geschwister scheinen permanent mit ihrer Jugend zu hadern. Sie auch? Blocher: Gar nicht. Für mich ist das Elternhaus abgeschlossen. Doch wenn ich das Buch meiner Schwester lese, kämpft sie mit ihren 68 Jahren noch immer damit, wie es denn gewesen wäre, wenn sie anders erzogen worden wäre. Haben die Geschwister Blocher noch Kontakt unter sich? Blocher: Solange die Mutter noch lebte, immer wieder. Jetzt beschränkt sich der Kontakt auf diejenigen, die ähnlich denken. Die anderen kennen mich eigentlich nur noch aus der Zeitung. Aber die Familie ist Ihnen wichtig. Blocher: Ja, nur habe ich jetzt meine eigene. Was bedeuten Ihnen Freunde? Blocher: Ich habe wenige Freunde, aber gute. Es sind Leute, die an meinem Leben teilnehmen und ich an ihrem, nicht solche, die nur um mich herumschwirren und mir gratulieren, wenn ich die Wahlen gewonnen habe. Meine Freunde halten auch zu mir, wenn ich in der Tinte sitze. Viele würden wahrscheinlich staunen, wenn sie deren Namen wüssten. Vertreten diese Freunde andere politische Haltungen? Blocher: Es sind keine Leute aus dem politischen Vordergrund. Sie würden politisch wohl ganz anders eingestuft als ich. Auch ich habe ganz andere politische Stärken, als allgemein behauptet wird. Welche denn? Blocher: Es heisst immer, dass ich gut reden könne -einer, der so redet, dass ihn das Volk versteht - , und ich könne auf die Pauke hauen. Wollen Sie etwa behaupten, dass dies nicht stimmt? Blocher: All das ist absolut belanglos. Meine Stärke ist, dass ich ein klares Konzept für die politische Arbeit habe. Also genau das Gegenteil von dem, was alle sagen: "Der hat ja nur Schlagwörter." Schlagwörter sind bei mir das Ende, nicht der Anfang. Am Anfang stehen Szenarien, Analysen und viele Diskussionen über die richtige Richtung, viele Selbstzweifel und Sorgen. Das klingt nach Arbeit in Ausschüssen. Blocher: Ich bin nicht so sehr für institutionalisierte Abläufe. Lieber im Freundeskreis zusammenhokken, diskutieren und überlegen. Ich habe aus Studienzeiten viele Freunde, die im Hintergrund an politischen Fragen herumdenken. Ergo gibt es so etwas wie einen geheimen Ausschuss in der SVP! Blocher: Aber nicht in festen Ausschüssen, sondern in abendfüllenden Gesprächen und langen Telefonaten. So eine Albisgütli-Rede wird monatelang vorbereitet. Das Problem nicht institutioneller Abläufe heisst: Wer steuert sie? Blocher: Da kommt meine zweite Stärke: die Durchsetzung. Ich leiste jetzt seit 22 Jahren Knochenarbeit als Präsident der zürcherischen SVP. Ich sitze mit Fraktionen zusammen, streite, überzeuge, sage, wie man es machen sollte bis zum Befehl an die Ortssektionen runter: "Hängt mal die Plakate auf!" - Und wenn die Wahlen vorbei sind: "Jetzt hängt sie wieder ab." Ihre Devise lautet folglich: Wie in der Wirtschaft braucht es auch in der Politik einen Chef, und der sind Sie. Blocher: Ich bin es nicht allein, aber ich bin der Präsident, ich schaue dass ich einen Sekretär und Leute habe, die vorwärts machen, ich suche die richtigen Köpfe aus. Ich schaffe ein Klima, damit die Regierungsräte gewählt werden können, die fähig sind und nicht einfach nach dem Freundschafts- und Anciennitätsprinzip obenauf schwingen. Das ist meine Stärke. Nicht gut reden. Ich kann gar nicht gut reden. Sie führen die Partei wie Ihr Unternehmen. Beherrschen Sie sie auch wie Ihr Unternehmen? Blocher: Es gibt Leute, die sagen: Die SVP hat nur einen, den Blocher. Wer das sagt, hat keine Ahnung. Klar: Wenn einer vorne stark zieht, dann treten die anderen weniger in Erscheinung. Wir haben im Übrigen sehr gute Köpfe. Christoph Mörgeli hat mit seiner Vorrede vor dem Bundesrat am Ustertag in zehn Minuten alles in den Schatten gestellt. Der hat intellektuelle Substanz. Man sagt, er könnte Ihr Nachfolger sein. Blocher: Zum Beispiel. Dann Ruedi Ackeret, Ersatzbundesrichter und Präsident unserer Programmkommission - sein SVP-Programm stellt in der Substanz die Programme aller anderen Kantonalparteien in den Schatten. Und dann hat es halt auch Bauern und Gewerbler, die bringen ihre vernünftige Meinung ein und halten eine klare Linie durch. Es können nicht alle Chefnaturen sein, die vorne stehen, davon braucht es immer nur ein paar. Erhebt die SVP jetzt den Anspruch, die Wirtschaftspartei der Schweiz zu sein? Blocher: Ich stelle keinen solchen Anspruch. Mir wäre es am liebsten, wenn die SVP überflüssig würde, weil die anderen Parteien die richtige Politik vertreten, nämlich weniger Steuern, Abgaben, Gebühren, einen Staat, der dem Bürger weniger wegnimmt, in dem die Wirtschaft sich entwickeln kann, einen Staat mit weniger Gesetzen und Bürokratie. Parteien mit der Kraft, zu all den ungebührlichen Ansprüchen Nein zu sagen, die sich weigern, uns in den EU-Bürokratismus zu führen. Parteien, die sagen: Dieses drückende Asylproblem wird jetzt gelöst, statt nur immer zu begründen, warum man es nicht lösen könne. Wenn die anderen das endlich machen würden, wären wir ja überflüssig. Sind Sie primär Unternehmer oder Politiker? Blocher: Das Unternehmen muss vorgehen. Das entspricht meinem konservativen Wertbild. Der Mensch muss zuerst schauen, dass er für sich über die Runden kommt. Schafft er das, kann er auch für eine Familie sorgen. Schafft er etwas mehr, kann er als Unternehmer für ein Unternehmen sorgen, und wenn er noch Reserven hat, kann er daneben im Milizsystem für die Politik im Lande sorgen - dann ist es langsam fertig. Wenn ich im Unternehmen keine Ordnung mehr halten könnte, müsste ich aus der Politik aussteigen. Für viele Bürgerinnen und Bürger sind Sie der mächtigste Schweizer. Blocher: Ich empfinde dies nicht so, wobei ich zugebe, dass meine Unabhängigkeit als Unternehmer eine meiner Stärken ist. Ich darf immer sagen, was ich will, mir kann praktisch nichts passieren. Meine Kunden befinden sich vor allem im Ausland, die sagen nicht: Jetzt kaufen wir bei dem nichts mehr. Genau so funktioniert es aber in den CVP-Kantonen. Schert einer aus, werden ihm die Aufträge gestrichen. Ihre Gegner bezeichnen das nicht als Ihre Stärke, sondern als Schizophrenie. Der Politiker Blocher predigt den Alleingang gegen die EU, doch als Unternehmer ist er in Europa längstens integriert. Blocher: Das ist ein idiotisches Argument. Überlegen Sie mal: Ich habe doch nicht die geringste Mühe, in den USA 15 Prozent meines Umsatzes zu erzielen, ohne gleich zu fordern, die Schweiz müsse den Vereinigten Staaten beitreten. Ich bin überhaupt nicht für eine geschlossene, isolierte Schweiz - weder politisch, wirtschaftlich noch kulturell. Ich bin sehr froh, dass meine Kinder während der Schulzeit ihre Austauschjahre machten und in die Welt hinausgingen. Aber ich bin völlig dagegen, dass wir uns in ein Grossgebilde einbinden lassen, in dem wir unser Schicksal nicht mehr selber bestimmen können. Die Vereinigten Staaten von Amerika funktionieren einwandfrei. Warum sollte ein vereinigtes Europa als mächtiger Wirtschaftsblock nicht ebenso einwandfrei funktionieren? Blocher: Europa ist nicht gleich USA. Die Amerikaner haben nur eine Sprache und ziehen im Schnitt alle sechs Jahre um - die sind flexibel. Wenn im Silicon Valley Hochkonjunktur ist, ziehen sie nach Kalifornien, wenn es in Ohio gut läuft, zügeln sie dorthin. Aber dass die Deutschen wegen eines konjunkturellen Rückgangs nach Spanien umziehen - das können Sie vergessen. Das ist auch gar nicht nötig. Blocher: Es ist aber die ökonomische Idee: Wenn Europa eine Einheitswährung hat, unter der die Länder ihre Konjunkturen nicht mehr mit einer eigenen Geldpolitik steuern können, dann werden die Konjunkturunterschiede nur über den freien Personenverkehr ausgeglichen. Das funktioniert jedoch nicht. Der Europäer bleibt einfach in der Arbeitslosigkeit. Darum diese hohe Arbeitslosigkeit in Europa, das ist doch leicht zu begreifen. Die Europäer müssen nicht so mobil sein wie die Amerikaner, weil sie eine bessere Arbeitslosenversicherung haben. Wollen Sie etwa die ALV abbauen, um grössere Mobilität zu erzwingen? Blocher: Das ist politisch nicht durchsetzbar, auch wenn es Flexibilität erzeugen würde. Die Amerikaner haben es gemacht und die Fristen für den ALV-Bezug gekürzt. Doch ich sage nicht, was die EU tun oder lassen soll, sondern es geht mir um die Schweiz. Für die Schweiz wäre es falsch, in die EU zu gehen und der EU nützt es auch nichts, ausser dass dann noch ein weiteres Land EU-Beiträge bezahlt. Wird die SVP gegen die bilateralen Verträge das Referendum ergreifen? Blocher: Diese Frage ist im Herbst zu entscheiden. Ich halte die Verträge für schlecht. Die EU stellte sich auf den Standpunkt: Wenn die Schweiz künftig in die EU will, kann sie die Nachteile davon heute schon übernehmen. Und das hat man hier leichtfertig geschluckt. Ob man die Verträge deshalb aktiv bekämpfen soll, bleibt zu sehen. Denn die Frage ist ja, was denn die Konsequenz aus einem Volksnein zu den bilateralen Verträgen wäre. Ein Bundesrat würde deswegen in der Schweiz ja sicher nicht zurücktreten. Dann verhandeln einfach die Gleichen nochmals. Wenn sich Ihr jüngster Erfolgstrend in den Nationalratswahlen im Herbst fortsetzt, steht Bern ein Erdrutsch bevor. Blocher: Zuerst mal darf man diesen Wahlerfolg nicht überschätzen. Im Grunde genommen ist nichts passiert, ausser dass die SVP in fünf Kantonen einen Stimmenzuwachs erzielte. Das Ausmass ist wahrscheinlich einer glücklichen Konstellation zuzuschreiben. Vor allem der Kosovo-Krieg hat unsere Asylpolitik, das Festhalten an der Neutralität und unseren Kampf gegen den Einsatz bewaffneter Truppen im Ausland aktualisiert und gezeigt, dass unsere über Jahre verkündete Politik richtig ist. Einen gesamtschweizerischen Erdrutsch werden wir im Herbst deswegen aber nicht auslösen. Mein Ziel ist, die grösste Partei des Kantons Zürich zu bleiben, vielleicht gibt es ein Mandat mehr. Erzählen Sie uns einmal Konkretes aus Ihrem Wirtschaftsprogramm. Blocher: Ich setze mich massiv für eine bessere Ordnungspolitik ein. Wir müssen endlich aufhören mit dieser Flut von neuen Gesetzen und der zunehmenden Bürokratie. Im Baubereich ist das so, jetzt beginnt es im Bildungsbereich bei den Fachhochschulen. Es muss ein Ende haben mit der ständigen Erhöhung der Staatsquote über Steuern, Gebühren, Abgaben. Das leidige Krankenversicherungs-Gesetz muss man aufbrechen - weg von der obligatorischen Krankenversicherung. Doch stattdessen kommt die Mutterschaftsversicherung - wieder eine neue Zwangsversicherung. Ordnungspolitik heisst bei Ihnen offensichtlich Nein sagen. Blocher: Der renommierte liberale Ökonom August von Hayek sagte: "Die wichtigste Aufgabe in der Politik ist Nein zu sagen gegen die Begehrlichkeiten an den Staat." Heute wird jedoch eine mehr oder weniger sozialistische Politik betrieben, deren Grundsatz lautet: Mehr Geld wegnehmen und umverteilen. Das vernichtet unsere Arbeitsplätze. Würden Sie Abstriche am bestehenden staatlichen System verlangen? Blocher: Wir sind für Steuersenkungen, das wäre der Anfang. Weniger Einnahmen bedeutet auch weniger Ausgaben. Welche würden Sie zuerst streichen? Blocher: Zuerst würde ich mal das Volksvermögen richtig bewirtschaften. Die Nationalbank, der AHV-Fonds, die Suva - sie müssen mal nachzählen, wie viel Klotz da sinnlos herumliegt, da kann man fast nicht zusehen. Da wären bei einer intensiven Bewirtschaftung jährlich hunderte Millionen herauszuholen. Zweitens müsste der Staat eine Menge seiner ungenutzten Vermögen verkaufen und wäre mehr in die Miete zu ziehen. Was allein die SBB für Grundstücke besitzt - und überhaupt nicht bewirtschaftet. Welche weiteren konkreten Schritte schlagen Sie vor? Blocher: Zweitens sind die Ausgaben zu kürzen, zum Beispiel die Milliarde für das Asylwesen. Wohlgemerkt: Es geht dabei nicht um eine Geldkürzung für die Flüchtlinge, sondern für diesen Leerlauf in der Asylbürokratie, die sowieso 90 Prozent aller Asylanträge ablehnt. Dann bin ich für die Abschaffung des Obligatoriums zur Krankenversicherung. Das ist sehr wichtig. Gerade die schlechter Verdienenden würden zuerst an der Krankenversicherung sparen. Und gerade die geraten in Existenznot, wenn sie sich ein Bein brechen. Was macht Ihr Staat mit denen? Blocher: Ihrer nimmt sich die Fürsorge an. Heute existiert einfach für alle eine Zwangsversicherung mit einem sehr hohen Leistungsangebot. Der Grundsatz soll sein: mehr Selbstverantwortung. Würden Sie die Fürsorge stärken? Blocher: Fürsorge heisst: Der Staat sorgt für die Notfälle. Sozialstaat heisst hingegen: Der Staat sorgt für alle, egal ob es der individuelle Fall wirklich benötigt oder nicht. Und überall hängt daran eine Verwaltung, die man ebenfalls kürzen kann. Man kann sehr viele Dienstleistungen an die Wirtschaft auslagern. Dies alles sind ordoliberale Ansätze. Dafür haben Sie die SVP. Sie haben aber auch noch die Auns. Wir sehen in der Auns Ihre Abkapselungspartei. Blocher: Die Aktion für eine unabhängige und neutrale Schweiz (Auns) ist keine Partei, sondern eine Lobby für die Unabhängigkeits- und Selbstbestimmungsinteressen in unserem Land. Vor allem hat es in der Auns aber zahlreiche rechtsextreme Exponenten, die einen Schatten auf Ihren Ruf werfen. Blocher: Das stimmt nicht. Wir hatten zwei, drei solche Rechtsextreme, die haben wir ausgeschlossen. Natürlich hat es auch einige Anhänger der Schweizer Demokraten drin, mit denen uns die Unabhängigkeit und die Neutralität verbinden. Was ist für Sie eigentlich ein Rechtsextremer? Blocher: Jemand mit einem übersteigerten Nationalitätsbewusstsein, für den alle anderen Nationen nichts wert sind. Das gilt bei uns nicht. Aber wir sagen, dass wir die Souveränität in unserem Land nicht aufgeben. Ich verkehre mit meinen Nachbarn auf der Basis gegenseitiger Achtung, aber wir ziehen deshalb trotzdem nicht alle in ein und dasselbe Haus. Der Rechtsextreme jedoch sagt: Alle Nachbarn sind minderwertige Kerle, die man ausmerzen muss. Es geht uns nicht primär um diesen krankhaften Nationalismus gegen die Nachbarhäuser, sondern viel mehr um den Rassismus und den Antisemitismus im Innern des Hauses Schweiz. Blocher: Bis zu der Affäre mit dem World Jewish Congress (WJC) habe ich in der Schweiz keinen Antisemitismus festgestellt, mit Ausnahme von ein paar Spinnern. Auch in der Auns nicht. Nachher fingen leider auch in der Schweiz gewisse Leute an, einzelne Juden zu verunglimpfen und alles zu verallgemeinern - sie setzten den WJC mit den Juden gleich. Ich habe stets davor gewarnt. Ich habe stets gesagt, ich kritisiere den Jüdischen Weltkongress, und wenn ich den kritisiere, dann nicht, weil sie Juden sind. Kürzlich schrieb mir jemand, ich würde Ursula Koch nur kritisieren, weil sie jüdisch sei. Das ist doch dummer Mist. Ich kritisiere sie, weil sie eine sozialistische Politik betreibt, und zwar eine himmeltraurige. Im Übrigen bin ich für eine offene Diskussion. Man sollte offen über diese Probleme sprechen. Sie selber äusserten sich aber noch nie klar zum heiklen Thema Rassismus und Antisemitismus. Deshalb haftet Ihnen in den Augen vieler Schweizer, die in politischen Sachfragen mit Ihnen durchaus übereinstimmen könnten, ein Geruch des Rassismus und Antisemitismus an. Blocher: Wie kommen Sie auf die Idee, dass ich ein Antisemit sein könnte? Sagen Sie mir das mal! Weil ich klar Stellung bezogen habe gegen dieses erpresserische Manöver von Seiten des WJC, wird mir das unterschoben. Die Antisemitismus-Bedenken gegenüber Ihrer Adresse sind aber viel älter als die WJC-Debatte. Blocher: Das höre ich zum ersten Mal. Ich trat gegen die Erpressungen des WJC an. Wie viele sagten mir, wir tun es nicht, sonst gelten wir als Antisemiten. Da war bei mir der Zapfen ab. Wenn jeder nur seine reine Weste sucht, kann man mit dem Antisemitismus-Vorwurf jeden politisch mundtot machen - aber mich nicht! Deshalb nannte ich die Dinge beim Namen: Nicht weil, sondern obwohl sie Juden sind, trete ich gegen die erpresserischen Manöver an. Sie reagieren heftig. Wollen Sie kein Rassist und Antisemit sein? Blocher: Ich bin keiner und der Vorwurf ist verletzend. Und dennoch gab es bisher noch nie eine programmatische Rede von Christoph Blocher über Rassismus und Antisemitismus. Wann klären Sie diese uralte Frage endlich? Blocher: Rassismus und Antisemitismus sind nicht das Hauptproblem der Schweiz. Da tut man den Schweizern Unrecht. Wir glauben allerdings nach Treu und Glauben beobachten zu können, dass sowohl die Rassismus- als auch die Antisemitismus-Bedenken seit einer ganzen Dekade über Ihnen und der SVP schweben. Blocher: Das ist eine bösartige Unterstellung. Lesen Sie alle meine Reden, Vorträge und Interviews. Es sind ausschliesslich meine politischen Gegner, die den Antisemitismus-Vorwurf benützen, um mich mundtot zu machen. Sie merken, dass mich das trifft, denn ich bin auf keinen Fall ein Antisemit. Antisemitismus finde ich etwas Furchtbares. Ich weiss, wovon ich rede: Mein Vater war Mitglied der bekennenden Kirche von Karl Barth (siehe oben, die Red.). Erpressungen muss man jedoch grundsätzlich entgegentreten, auch wenn sie vom WJC kommen.

20.04.1999

Keine Kompromisse mehr nach links

Christoph Blocher zu den neuen Machtverhältnissen im Kanton Interview mit der Neuen Zürcher Zeitung vom 20. April 1999 Erdrutschartig haben sich die Gewichte im Kanton Zürich zugunsten der SVP verschoben. Mit 60 von 180 Kantonsratssitzen stellt die Partei die klar stärkste Fraktion und wird in den Kommissionen markant mehr Gewicht haben als heute. Die NZZ wollte von Parteipräsident Christoph Blocher wissen, wie die SVP in der neuen Position agieren wird und wie sie sich die Zusammenarbeit mit den anderen bürgerlichen Parteien vorstellt. Die Fragen stellte Lorenz Baumann. Herr Blocher, die SVP hat auf der ganzen Linie gesiegt. Worauf führen Sie diesen Erfolg zurück? Blocher: Wir stellen seit ungefähr einem Jahr einen Wandel in der Bevölkerung fest, vor allem auch bei den jungen Leuten. Man besinnt sich auf die Werte, die die Schweiz stark gemacht haben, und weiss, dass diese Werte erhalten bleiben müssen, wenn die Schweiz stark sein soll. Die Angst vor "Tabu-Themen" Wie stark ist Ihre Ausländerpolitik ins Gewicht gefallen? Blocher: Wir führten in den letzten Jahren einen mühsamen Kampf gegen Asylrechtsmissbrauch und illegale Einwanderung. Echte Flüchtlinge sollen aufgenommen werden, für die anderen darf die Schweiz nicht attraktiv sein. Flüchtlinge sind zu integrieren, die anderen aber auf die Rückkehr vorzubereiten. Wir haben dieses Thema zum Schwergewicht gemacht, weil wir wissen, dass hier ein ungelöstes Problem besteht. Dafür wurden wir von den andern Parteien getadelt, was uns genützt hat. Sie sagten am Sonntag nach den Wahlen, andere Parteien scheuten sich vor sogenannten Tabu-Themen. Weshalb gibt man der SVP dieses Feld preis? Blocher: Weil Ausländerpolitik unangenehm ist. Man wird von den Massenmedien und der classe politique hart kritisiert. Das Bundeshaus ist eine Gesellschaft für sich, abgeschottet von der übrigen Bevölkerung. Wenn Sie in diesen Kreisen einen Posten wollen - das Parlamentspräsidium oder ein Kommissionspräsidium -, dann dürfen Sie die Tabu-Themen nicht ansprechen. Die SVP hatte die Kraft, es trotzdem zu tun. Welche Politik vertritt die SVP im Kosovo-Konflikt? In welcher Form sollen die Schweiz und der Kanton Zürich helfen? Blocher: Sofern es notwendig ist, soll die Schweiz ihre Kräfte zur Verfügung stellen zum Bau und Betrieb von Flüchtlingslagern an Ort und Stelle. Wenn Flüchtlinge nach Zürich kommen und wir in Albanien Lager betreiben, müssen wir diese Leute sofort in diese Lager zurückschaffen. Solange die Lager nicht stehen, müssen wir auch hier Flüchtlinge aufnehmen, diese aber nicht integrieren, damit sie später wieder heimkehren. Gestärkte innerparteiliche Position Der Wahlerfolg gibt Ihnen Rückendeckung für die Auseinandersetzung mit anderen Kantonalparteien... Blocher: Die Ergebnisse in Zürich haben nicht nur Signalwirkung für die nationalen Wahlen im Herbst, sie sind auch wichtig für die innerparteiliche Auseinandersetzung. Es gab in den letzten Monaten einige Anpasser, die auf Ämter schielten und sagten, man solle eine andere Politik machen. Heute gibt es nichts mehr zu rütteln: Die Politik, die jetzt gewonnen hat, ist die richtige Politik der SVP. Alle andern Kantonalparteien werden merken, welche Politik von der Bevölkerung getragen wird. Das Verhältnis zur FDP Im Zürcher Kantonsrat stellt die SVP neu die stärkste Fraktion. Wie wird sich das Verhältnis der SVP zur FDP verändern? Blocher: Die bürgerlichen Parteien insgesamt sind dank unseren Gewinnen deutlich gestärkt worden. Es ist sogar so, dass FDP und SVP zusammen die absolute Mehrheit haben. Dieser Vorteil lässt sich aber nur ausspielen, wenn die FDP anders politisiert. Sie bekam einen Denkzettel, weil sie laviert hat. Die FDP hat Politiker, die nur auf sich schauen, Leute, die in Einzelfällen fanden, es sei lustiger, mit den Linken zu gehen und mit den Grünen eine Listenverbindung einzugehen. Es wird in Zukunft stark davon abhängen, wie die Freisinnigen politisieren. Wir hoffen, dass diese Partei endlich wieder - wie wir das früher mit Erfolg getan haben - mit uns politisiert, gegen eine sozialistische Politik. Die Voraussetzungen für eine gute Zusammenarbeit wären gut. Die SVP ist nun im Übrigen in der Lage, alleine über ein fakultatives Referendum zu bestimmen. In der letzten Legislatur war es allerdings oft die SVP, die bremste, namentlich bei Reformvorhaben. Blocher: Reformen um der Reformen willen können wir nicht unterstützen. Wenn die Verwaltung ausgedehnt und das Recht des Bürgers geschwächt werden soll, machen wir nicht mit. Reformen müssen von einer Werteordnung ausgehen und ein Ziel haben. Im Kanton Zürich sind zu viele technokratische Reformbestrebungen im Gange. Welche konkret? Blocher: Nehmen wir die Verwaltungsreform: Wir müssen am Schluss eine billigere Verwaltung haben, eine effizientere Verwaltung und eine bürgernahe Verwaltung. Wenn nur Reformen kommen mit New Public Management, bei dem niemand weiss, was das ist, wenn die Regierung schlechter kontrolliert werden soll und das Ganze am Schluss noch teurer ist, dann sagen wir Nein. Droht stärkere Polarisierung? Empfindlich geschwächt wurden die Mitte-Parteien, verloren hat die Linke. Droht dem Kanton eine stärkere Polarisierung? Blocher: Wenn die linken Parteien merken, dass es einen Wechsel geben muss, dann werden wir keine Polarisierung machen. Wenn die Linke eine Polarisierung will, werden wir diese aber austragen. Wir sind nicht mehr bereit, Kompromisse nach links zu machen, nur weil man gerne Kompromisse hat. Wir wollen nicht noch mehr Staat, wir dulden den Asylrechtsmissbrauch nicht mehr, wir akzeptieren nicht, dass Rita Fuhrer sich von anderen Parteien abkanzeln lassen muss, weil sie bei den Bosnienflüchtlingen ihre Pflicht tut. Wir haben für unsere Politik vom Volk einen gewaltigen Auftrag bekommen. Der Erfolg in den Wahlen kontrastiert auffällig mit Misserfolgen in zahlreichen Abstimmungen, Stichworte: Lastenausgleich, Herrmann. Worauf führen Sie das zurück? Blocher: Das kann ich nicht sagen. Wir haben beim Lastenausgleich den Kampf nicht geführt, weil wir nicht alles bekämpfen können, das falsch ist, dazu fehlt uns die Kraft. Es ist eine Masche der Regierung, so viele Vorlagen zu bringen, dass der Stimmbürger darin ersäuft. Die Bürger merken später, dass Versprechungen bei Abstimmungen nicht gehalten werden. Solche Niederlagen haben uns glaubwürdiger gemacht. Wird sich die Art des Politisierens im Kantonsrat bei der SVP dank dem grösseren Einfluss in den Kommissionen ändern? Blocher: Mit einer so grossen Fraktion wollen wir früher Einfluss nehmen. Schon am Anfang eines Geschäfts müssen wir daran denken, ob wir ein fakultatives Referendum ergreifen wollen. Wir müssen die Fraktion wie die Partei gemäss unserem Auftrag anders führen. Wir brauchen einen stärkeren Führungsapparat. Unsere Art des Politisierens wird von den Mehrheiten abhängen. Wenn die FDP und die CVP weiterhin mit der SP liebäugeln, werden wir zum Nein-Sagen verdammt sein. Wenn nicht, dann wird die SP zur Nein-Sager-Partei. Kein Platz für Rechtsaussenparteien Wie gewichten Sie die Schlappe der Rechtsaussenparteien? Blocher: Man weiss nicht, welche Wähler von wem zu wem wanderten. 1995 hatten wir 600'000 Parteistimmen, jetzt etwa 900'000. Diese können nicht nur von diesen Parteien kommen. Allerdings: Die Freiheitspartei hat keine eigenen Themen mehr. Wenn die bürgerlichen Parteien richtig politisieren, darf es rechts von ihnen keine Partei geben. Die SVP betrieb vor vier und acht Jahren erfolgreich provokative Wahlkämpfe. Jetzt waren Sie zurückhaltender und noch erfolgreicher. Ein Wandel von Dauer? Blocher: Wir wählen den Stil, den die Zeit braucht. Vor vier und acht Jahren wollten wir schockieren, um ein Thema auf den Tisch zu bringen. Wir sagten: "Das haben wir den Linken und den Netten zu verdanken": den Messerstecher - das hat aufgerüttelt. Jetzt sind die Themen da, wir müssen nur noch argumentieren. Bei den Steuern sagen wir heute: "Steuern runter, damit deinem Schatz mehr zum Leben bleibt" - geradezu eine liebliche Sache. Wenn wir aber merken, dass wir mit dem Thema nicht durchkommen, werden wir wieder provokativ. Es ist alles genau berechnet. Manchmal sind wir auch zu besonderen Methoden gezwungen, weil die Medien die Anliegen eines grossen Teils des Volkes unterschlagen.