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06.12.2008
28.11.2008
Christoph Blocher: «Ma tâche n’est pas agréable
Interview dans «Le Matin» du 28 novembre 2008 Interview: F. Muhieddine Le Matin: Pensez-vous être meilleur que les autres? Blocher: Ce n’est pas à moi de le dire. C’est mon parti qui a décidé de me nommer candidat au conseil fédéral. On m’a dit qu’avec la crise économique actuelle, peu de gens seraient capables de gérer la situation aussi bien que moi. Du coup, vous êtes prêt à livrer une bataille perdue d’avance… Pourquoi? Perdue d’avance? Ce n’est pas moi qui en ai décidé ainsi. Ce sont les autres partis qui ont voulu affaiblir l’UDC en éjectant un Conseiller fédéral qui avait bien travailler. Vous pensez sincèrement que vous faites toujours peur aux autres partis? Je me suis toujours battu pour une Suisse souveraine, indépendante et libre. C’est grâce à ce combat que l’UDC a progressé de 10 à 30%. Les autres partis le savent et c’est bien pour ça qu’ils veulent m’isoler. Ils espèrent que je vais renoncer, mais je suis toujours là. Et j’ai été nommé candidat à l’unanimité. Mais vous savez très bien que vous n’avez aucune chance. Alors quoi? Vous vous sacrifiez pour votre parti? Je ne remplis pas une tâche très agréable, je le reconnais. Pour les éléctions les autre parties portant la responsabilité ! L’UDC ne vous a quand même pas mis un pistolet sur la tempe? Non (rires). Ils m’ont rappelé que le peuple a une grande confiance en moi et que c’est grâce à Blocher que l’UDC a progressé. Mais avouez que c’est cuit pour le conseil fédéral… Vous n’avez aucune chance d’y retourner. Pas aucune, mais disons que la probabilité est petite. Vous la voyez où, cette petite probabilité? Peu importe. L’important, c’est qu’aujourd’hui, Ueli Maurer est devenu éligible comme Conseiller fédéral. Le votre? Vous pensez être à l’origine de l’élection d’Ueli Maurer? Disons qu’en 11 mois d’opposition, nous avons réussi à ce que les autres partis comprennent que, pour la concordance, ils doivent accepter les candidats de l’UDC et non élire des Widmer-Schlumpf ou des Schmid qui sont à l’opposé de notre parti. C’est surtout l’UDC qui a compris qu’il fallait proposer un candidat éligible. Ueli Maurer est le candidat qui plait à toute la droite… C’est ca le nouveau visage de l’UDC? Ueli Maurer est loin de plaire à tout le monde. Si vous n’êtes pas élu, c’est la fin de votre carrière politique? Non. Le commencement. Concrètement, vous allez faire quoi? Je vais rester dans les coulisses. Aider le parti. Et donner de l’argent au parti? Ce ne sera plus que ça votre nouveau rôle? Est-ce exact que vous avez déjà donné 50 millions, selon des chiffres qui circulent? Pourquoi pas 50 millions par jour, tant qu’on y est… Je n’ai jamais donné un centime au parti. J’ai payé quelque campagnes électorales. Celle qui m’a coûté le plus, c’est celle contre l’EEE en 1992. C’était l’époque des succès. Mais aujourd’hui, ne serait-ce mieux pour votre parti que vous vous retiriez de la politique? Si les membres de mon parti veulent que je me retire, je le ferais. Reconnaissez que la politique d’opposition était un choix naïf, dans un système de concordance comme en Suisse. Ce n’est pas nous qui avons voulu l’opposition. Mais pour moi, le bilan est positif. Nous avons réussi à nous débarrasser de deux conseillers fédéraux qui ne représentaient pas l’UDC. Même si nous avons payé un grand prix en étant obligé d’exclure la section des Grisons. Mais politiquement, l’opposition n’a rien apporté. Mais si, par exemple la question de l’école – HARMO’S. Si c’est ça votre seule victoire… Il y a aussi le fait que Samuel Schmid ne sera plus au conseil fédéral et que le programme d’armement passera grâce à l’UDC. Et toutes les promesses que vous aviez faites devant l’assemblée fédérale le jour de votre éviction. Que vous alliez parler «librement» et que vous déteniez des «secrets»… Mais attendez, j’ai encore le temps pour ça! La politique, ce n’est pas une affaire de quelques jours. Regardez l’immigration par exemple, les chiffres ont explosé à la hausse depuis qu’Eveline Widmer-Schlumpf est là… Vous venez encore de donner encore un exemple où votre opposition a été inefficace! Mais nous avons dénoncé ces chiffres. Sans résultats. Mais l’opposition n’a pas cette exigence-là. Vous pouvez proposer, après c’est le gouvernement qui décide et qui porte les responsabilités. C’est Toni Brunner qui a échoué à faire de l’opposition un succès. Mérite-il encore son titre de président? Toni Brunner est un excellent président. Le problème, ce sont les membres de la fraction parlementaire. Ils n’ont pas tous eu la force de supporter l’opposition. Et de porter l’attaque. Or, dans une politique comme celle-là, ce sont les combattants, les soldats qui doivent être solides et prêt à porter l’attaque malgré les critiques. Mais ce n’est pas un rôle facile à jouer. Puisque l’opposition n’est pas un échec et que tout le monde vous apprécie tant dans votre parti, pourquoi vous ne devenez pas président de l’UDC? Il faut laisser la place à la relève. Je ne veux pas que l’UDC soit trop dépendante de moi. Mais si votre parti vous demande, comme il vous a demandé pour le conseil fédéral, vous acceptez? Non. En tant que président de parti, le lien de dépendance est trop fort, ce n’est pas le cas avec un conseiller fédéral. Donnez-vous ici l’une de vos dernières interviews, Monsieur Blocher? (Il rit) Tout dépend des journalistes, pas de moi. Vous savez ce que signifiait cette question. Jusqu’à présent, vous étiez la seule voix de l’UDC. Désormais ce sera Ueli Maurer qui prendra ce rôle. Je suis très content pour lui. Mais je n’ai jamais été la seule voix de l’UDC. Ca ne vous fait rien de changer de rôle? Vous serez désormais dans l’ombre et lui sera la star. Un conseiller fédéral n’est pas une star, ou alors il fait du mauvais travail. Tout ce que je souhaite à Ueli Maurer, c’est qu’il ne devienne pas une star, qu’il ne se croit pas glorifié. Trois questions supplémentaires Vous n’êtes pas ami avec Ueli Maurer, dit-on. Nous avons toujours pu tout nous dire. Mais soyons clairs, je suis contre la camaraderie en politique. La politique des petits-copains empêchent les rapports francs. Allez-vous vous retirer à la dernière minute ? Non. Le parlement doit décider. Votre femme a-t-elle préparé le champagne en cas de non-élection? Le champagne n’est pas assez. Nous avons pour ce cas du vin de 1940.
23.11.2008
Gute Entscheide zum Wohle des Landes sind wichtiger als gemütliche Harmonie
Interview mit der „Zentralschweiz am Sonntag“ vom 23. November 2008 Mit Jürg Auf der Maur und Kari Kälin Zentralschweiz am Sonntag: Bundespräsident Pascal Couchepin sagt, er bewundere Ihren Mut. Sind Sie mutig? Blocher: Im Vergleich zu ihm schon. Er würde nur kandidieren, wenn seine Wahl sicher ist. Wichtig sei Konkordanz, betont Couchepin und erklärt, das habe mit Ihnen im Bundesrat nicht gut funktioniert. Konkordanz ist sehr wichtig. Die Frage ist nur, was man darunter versteht. Konkordanz bedeutet nicht, dass der eine den anderen deckt, damit man es wohlig hat. Konkordanz ist Zusammenarbeit. Das heisst, jeder Bundesrat muss sich um das ganze bemühen - wenn nötig- Vorschläge unterbreiten und für gute Entscheide sorgen. Das machten Sie ständig. Ja. Ich hielt und halte es für mich auch heute so. Gute Entscheide zum Wohle des Landes sind wichtiger als gemütliche Harmonie. Sie kritisieren die Harmonie in der jetzigen Regierung und wollen als Bundesrat künftig also wieder für Wirbel sorgen? Wirbel zum Selbstzweck ist Unsinn. Aber vielleicht entsteht Wirbel, wenn man eine andere Meinung einbringt. Gerade heute: Das Land steht vor eine starke Rezession. Wir erleben eine heftige Weltfinanzkrise, was weltweit wirtschaftlich eine schlechte Situation bedeutet. Das wird auch zu neuen Migrationsproblemen führen. Vielleicht auch zu Gewalt von aussen und die Armee ist nicht mehr einsatzbereit. Das heisst? In einer solchen Lage müssen in der Regierung schwierige Entscheide gefällt werden, da darf ein Bundesrat nicht nach Harmonie lechzen und absegnen, was ein Beamter vorbereitet hat. Deshalb hat sich meine Partei an mich gewendet und mich aufgefordert, als Bundesrat zu kandidieren. Sie finden, wegen meiner Erfahrung in der Wirtschaft, als Unternehmer, Politiker aber auch als Oberst, sei ich in dieser Situation der Richtige. Will denn die SVP tatsächlich aus der Opposition heraus? Tritt sie nur mit Ihnen an, wird das als Zeichen gedeutet, sie wolle nicht in die Regierung. Die SVP gehört in die Regierung. Sie wurde in die Opposition getrieben. Sie ist die wählerstärkste Partei. Die Konkordanz verlangt 2 SVP-Sitze. Die Partei muss jenen Kandidaten aufstellen, von dem sie überzeugt ist, dass er die schwierigen Aufgaben am besten bewältigen kann. Wählt ihn die Bundesversammlung nicht, dann muss die Partei entscheiden. Akzeptiert sie einen anderen Kandidaten oder sie geht in die Opposition. Dann tritt die SVP statt mit Ihnen mit der Nummer 2 an? Ich habe auch bei Regierungswahlen immer erklärt, wir müssen nicht nur mit den Fähigsten antreten, sondern auch mit dem, der gewählt wird. Mit solchen Äusserungen diskreditieren Sie sämtliche Mitbewerber. Warum auch? Ist das eine Diskreditierung, wenn ein anderer nicht den gleichen Erfahrungshintergrund hat? Wenn die anderen Parteien mich nicht wählen, dann ist dies ihre Verantwortung. Mit der Wahl eines anderen Kandidaten, den die SVP vorschlägt, tragen sie eine Mitverantwortung. Der Generationenwechsel in Partei oder Bundesrat ist für Sie kein Thema? Jugend hat Vorteile - mehr Energie. Alter hat Vorteile - mehr Erfahrung. Diejenigen, die mich vorschlagen, stellen jetzt Fähigkeit und Erfahrung in den Vordergrund. Das Parlament muss entscheiden. Sie betonen, sie möchten gar nicht in die Regierung. Sie haben es in der Hand. Sie könnten sich zurückziehen und sich so ein vorgezogenes Weihnachtsgeschenk machen. Natürlich habe ich das in der Hand. Aber ich habe Zeit meines Lebens nie eine Aufgabe übernommen, nur dass es mir wohler ist. Ich habe mich immer gefragt, ob ich etwas tun muss oder nicht. Jetzt stelle ich mich zur Verfügung und will Bundesrat werden, obwohl es mir «draussen» wohler wäre. Aber stellen Sie sich vor, was passieren würde, wenn ich mich zurückziehen würde! Was würde denn passieren? Dann würde ich ja den Bettel hinschmeissen und die Aufgaben und mich vor den Aufgaben drücken. Dann wäre ich ein «trauriger Cheib», der lieber an der Riviera liegt, sich sonnt und Bücher liest. Ich hätte für den Rest meines Lebens ein schlechtes Gewissen. Aber wenn FDP; CVP und SP nein sagen, dann ist es nicht meine Verantwortung. Bundesrat Couchepin sagt, man könne nicht wie Sie Bundesrat und Oppositionsführer sein. Das ist so. Ich war dies nie, das weiss Herr Couchepin genau. Aber Bundesrat Couchepin hat es halt nicht gerne, wenn jemand nicht seiner Meinung ist. Er bezeichnet ihn sofort als Oppositionsführer. Der Kampf der beiden Alphatiere. Ich habe das nie so empfunden. Ich habe mit Pascal Couchepin im ganzen nicht schlecht zusammengearbeitet. Umso mehr wundere ich mich, dass er sich nun so verlauten lässt. Aber wir waren oft nicht der gleichen Meinung. Herr Couchepin reagiert wohl auf die aus der SVP gestreuten Gerüchte, er trete zurück. Das wäre Ihnen entgegengekommen. Eine Zweiervakanz hätte mehr Möglichkeiten gegeben. Wir haben Anrecht auf zwei Sitze. Hätte die SVP den FDP-Sitz attakiert? Es wäre zu überlegen gewesen. Die FDP ist mit zwei Sitzen zwar übervertreten. Auf jeden Fall ist die grösste Partei - die SVP - mit einem Sitz untervertreten. Aber krass übervertreten ist die SP, sie hat drei Sitze. Wie bitte? Klar, denn Frau Widmer-Schlumpf ist von der SP und den Grünen vorgeschlagen und zusammen mit der CVP gewählt worden. Frau Widmer-Schlumpf ist doch nicht links. Sie wird sogar von Links kritisiert, weil sie eine härtere Asylpolitik betreibt als Sie. Schauen Sie doch die Asylzahlen an! Man verwaltet das Asylproblem statt zu handeln, dies im Sinne der SP. In Österreich nehmen die Asylgesuche in diesem Jahr weniger als 6 % und bei uns über 36 % zu. Wie breit fühlen Sie sich gestützt in Ihrer Partei. Jede Region stellt Kandidaten. «Wer ausser Zürich will Blocher?», schrieb «Le Temps» diese Woche. Das werden wir sehen. Bis jetzt findet man: Du wärest der Fähigste, aber du wirst nicht gewählt. Sie betonen Ihre grosse Erfahrung in der Wirtschaft. Economiesuisse sieht das anders. Sie macht Vorbehalte wegen ihrer Haltung zur Personenfreizügigkeit. Erstens ist economiesuisse nicht die Wirtschaft und zweitens hätte es mich gewundert, wenn sie keine Vorbehalte hätte. Ich habe schon 1992 gegen die gesamte so genannte Wirtschaftselite - economiesuisse - gegen den EU-Beitritt gekämpft. Doch was Bundesrat und Parlament jetzt mit der Verknüpfung der beiden Dossiers in der Personenfreizügigkeit vorlegen, muss auch im Interesse der Wirtschaft abgelehnt werden. Damit gefährden Sie wegen der Guillotine-Klausel die gesamten bilateralen Verträge. Die Klausel kommt nur dann zum Zug, wenn wir der EU offiziell unser Nein melden und auch dann wird sie die EU nicht anwenden. Wegen der Verknüpfung in der Personenfreizügigkeit kann der Volkswille nicht eruiert werden. Mit einem Nein weisen wir das Geschäft an den Bundesrat zurück. Er kann dann zwei getrennte Vorlagen ausarbeiten und neu zur Debatte stellen. Und Sie würden zustimmen? Ich würde es wagen, ja zu den bisherigen Verträgen zu sagen aber klar nein zur Ausdehnung der Personenfreizügigkeit auf Bulgarien und Rumänien.
15.11.2008
Christophe Blocher: «C’est aux autres de me dire non!
Interview dans «Le Matin» du 15 novembre 2008 Interview: Ludovic Rocchi Vous soufflez le chaud et le froid sur votre envie de revenir vous représentez devant cette Assemblée fédérale qui vous a éjecté le 12 décembre dernier. Mais, avouez-le, vous venez de prendre votre revanche, non ? Blocher:C’est très mal me connaître que de croire que j’ai une revanche personnelle à prendre. Bien sûr que je n’ai aucune joie de constater qu’un parlement a été capable de rejeter du gouvernement un parti qui pèse 30% de l’électorat. Mais, je fais depuis trop longtemps de la politique pour savoir que tous les coups sont permis et m’en émouvoir personnellement… A bout de force, M. Schmid a fini par jeter l’éponge. Vous devez être satisfait, depuis le temps que vous estimez qu’il n’était pas à sa place ? J’ai travaillé avec M. Schmid et je le connais bien. Nous avons eu l’occasion d’affronter nos désaccords. Mais face à sa démission, je ne nourris pas de sentiment de satisfaction. C’est tragique, car M. Schmid est quelqu’un qui a toujours trop intériorisé et cela finit par faire du mal. Pour ce qui concerne l’avenir de l’armée, c’est par contre un soulagement, car il y a peut-être cette fois le moyen de redresser la situation, comme c’était le cas au début de mon mandat au Conseil fédéral quand j’ai du résoudre le grave problème des abus dans l’asile. Pour relever le défi, de nombreux candidats UDC se profilent. Comment vous préparez-vous à cette concurrence interne, puisque vous ne dites pas non? Je ne me prépare pas pour une guerre de personne. Ce n’est pas un jeu ! L’heure est grave face à une situation de crise pour l’économie et pour l’armée. Nous allons donc au-devant d’une lourde responsabilité à porter avec un seul représentant UDC au gouvernement, alors que nous aurions droit à deux sièges. Et, surtout, les autres font tout faire pour attaquer celui ou celle qui sera élu. Car, on ne nous loupera pas, si nous ne parvenons pas à redresser le Département de la défense, après avoir dit qu’il était si mal géré e qu’il ne fonctionne pas. Pour affronter ce défi, il faut donc quelqu’un de très solide. Quand on entend, on sent que vous vous sentez appelé par cette mission, non? Mais ce n’est pas une question d’envie personnelle ! C’est au parti et au groupe parlementaire de choisir la personne qui peut s’assumer cette lourde mission et qui combattra également par exemple contre l’adhésion à l’UE. Pourquoi ne convenez-vous pas plutôt que votre tour est passé ? Ah, on m’aimerait tellement que je dise que je ne veux plus ! Et ensuite on pourrait dire m’aurait bien élu, mais que, voilà, j’ai renoncé de moi-même. Non, les autres doivent annoncer la couleur et dire s’ils ne veulent plus ni moi ni la politique de l’UDC ! A part la gauche, les radicaux et le PDC n’ont pas encore dit clairement qu’ils excluent de me réélire. Vous jouez sur les mots, ce paraît clair… Il ne suffit pas que Messieurs Pelli ou Darbellay se prononcent personnellement et disent que je n’aurais aucune chance d’être élu ou qu’ils ne me veulent pas, sans indiquer les raisons. Il faut que les groupes parlementaires décident clairement. Mais, ils ne savent plus trop quoi faire, à force d’avoir voté contre Blocher puis pour Blocher en croyant m’emprisonner au Conseil fédéral et ensuite m’éjecter car l’UDC a gagné comme jamais…. Parlons un peu de l’UDC. Votre parti n’est plus aussi homogène que vous le voudriez, non? Le parti reste très uni. Mais au niveau de nos parlementaires, c’est différent. Ils ont tous été élus sur un programme très clair, qui nous a fait gagner les élections fédérales comme jamais. Ils ne s’en sont pas distancés sur le moment. Mais maintenant qu’ils voient qu’il faut travailler dur pour défendre ce programme contre tous, certains se disent que ce serait moins fatiguant si on cédait aux intérêts des autres partis. Le retour de l’UDC au Conseil fédéral serait donc une solution de facilité, selon vous ? Nous devons tout faire pour y retrouver notre place, mais pas à tout prix. Voyez comme les autres partis sont déjà en train de mettre leurs conditions. Nous ne devons pas l’accepter et revivre ce que nous avons vécu avec Samuel Schmid. Maintenant, de savoir si nous revenons, si c’est avec Blocher ou pas, ce n’est pas à nous de le décider. Les autres doivent dire s’ils nous veulent ou non ! Mais tout le monde veut en fait le retour de l’UDC. Même les socialistes sont pour. Un comble, non ? Les socialistes ont remarqué qu’ils sont desservis de devoir porter la responsabilité gouvernementale face à l’opposition constructive de l’UDC, qui défend par exemple le plan de soutien à la place financière et donc à toute l’économie. Sur le fond, il est juste de dire que l’UDC doit faire partie de notre système de concordance, qui veut qu’on élise des représentants de partis dont on ne partage pas les idées pour gouverner ensemble. C’est la force de la Suisse. Le problème, c’est que quand il s’agit de l’UDC, on exige que nous partagions le programme des autres ! Vous exagérez : le PDC est par exemple déjà en train de nuancer son exigence selon laquelle les candidats UDC devraient défendre la libre circulation des personnes? Oui, bien sûr, le PDC se rend compte qu’il perd des voix en s’opposant par trop à notre présence au Conseil fédéral. Car, leur base n’a pas compris le coup du 12 décembre dernier et le PDC l’a déjà payé lors de plusieurs élections cantonales ces derniers mois. Donc, oui, nous avons de bonnes chances de revenir au gouvernement. Mais je ne peux pas encore vous dire si notre choix sera respecté… Et que vous conseille Silvia? A 68 ans, n’êtes-vous pas trop âgé pour porter la charge de conseiller fédéral, surtout quand on voit ce qui est arrivé à Hans-Rudolf Merz et à Samuel Schmid ? Mes opposants ont toujours épié ma forme et trouvé soudain que je parlais moins vite., Quelqu’un espérait même que j’avais besoin d’un psychiatre ! Mais, non, vous le voyez, je suis en bonne santé ! Et j’ai un avantage, j’ai toujours vécu la politique avec un maximum de pression et des attaques parfois très violentes. J’ai donc appris à vivre avec et ne pas me laisser ronger de l’intérieur… Et que vous conseille votre épouse, Silvia, elle qui a vous a toujours épaulé de près dans votre carrière politique ? Elle n’est très contente de ce qui se passe, car elle a vraiment espéré que Berne c’était fini ! Quand elle a entendu que le groupe UDC des Chambres fédérales ne voulait pas que je sois retenu comme unique candidat à la succession de Samuel Schmid, elle a ouvert une superbe bouteille de vin de 1940, mon année de naissance, au repas du soir. Et elle m’a dit que c’était pour fêter la perspective de ne pas devoir retourner vivre à Berne !
15.11.2008