Testi

Immigrazione

09.11.2003

Je ne suis pas un démagogue

Interview dans «swissinfo.org» du 09 novembre 2003 Contestés, mais engrangeant les succès électoraux: Christoph Blocher et l’Union démocratique du centre (UDC/ droite dure) veulent désormais être au gouvernement pour appliquer leur programme, «moins d’Etat.» Interview: Ariane Gigon Bormann et Etienne Strebel swissinfo: Quelle signification a pour vous la communauté suisse de l’étranger? Christoph Blocher: Les Suisses de l’étranger sont pour nous d’importants «porteurs d’images». Ils représentent notre pays. De plus, beaucoup de Suisses de l’étranger sont très attachés à leur patrie. Je regrette que nous ayons trop peu de contacts avec eux. Une majorité d’entre eux ne sont pourtant pas sur la même longueur d’ondes que vous et souhaite une adhésion à l’Union européenne (UE) jusqu’en 2007. Que leur répondez-vous ? Blocher: Je comprends leur point de vue. Une adhésion leur apporterait des simplifications administratives, pour les autorisations de travail par exemple. Mais ces simplifications personnelles ne peuvent pas passer au-dessus des conséquences autrement plus graves qu’aurait une adhésion pour notre indépendance. Quand on explique ce que signifie vraiment la perte de notre neutralité, de notre souveraineté et de la démocratie directe, la plupart des interlocuteurs comprennent notre position. Globalement, la Suisse y perdrait politiquement, économiquement et culturellement. swissinfo: Les difficultés traversées par l’UE ont-elles renforcé la position des anti-européens en Suisse? Blocher: Assurément. En 1992, quand on a voté sur l’Espace économique européen, tout était moins rigide. Ce n’était pas encore l’Union, mais la Communauté européenne. Il n’y avait pas de monnaie unique, ni d’intention de créer une politique extérieure et sécuritaire commune. J’ai toujours dit que la question n’était pas de savoir si nous devions adhérer à l’Union européenne, mais à quelle Union européenne nous devions adhérer. Si cela avait été une alliance souple entre les Etats, nous en serions vraisemblablement membre, puisque nous sommes de toute façon liés avec l’Europe. swissinfo: Vous insistez beaucoup ces derniers jours pour balayer les étiquettes qu’on vous a collées, fachiste, nationaliste, etc. Est-ce que les comparaisons avec Le Pen ou Haider vous vexent? Blocher: Ces comparaisons sont ineptes. Je ne connais ces personnes qu’à travers les journaux, pas personnellement. Ma politique n’a rien à voir avec eux. Haider est un opportuniste et Le Pen un braillard monomaniaque. swissinfo: Et l’étiquette de démagogue, vous la rejetez? Blocher: Je ne suis pas démagogue. Un démagogue est quelqu’un qui séduit le peuple. Moi j’essaye de le convaincre. Parfois les gens sont d’accord avec moi, d’autres fois non. C’est comme ça, dans une démocratie. Je me bats pour mes opinions, qu’elles soient «populaires» ou non. swissinfo: Mais vous avez quand même un côté séducteur, vous savez comment passionner un auditoire. Blocher: Je me donne de la peine de parler de façon à ce que les gens me comprennent. Ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement. Et si on ne parle pas clairement, c’est qu’on n’a pas les idées claires. swissinfo: «Simple» n’est jamais loin de «simplifié» Blocher: Bon, ce n’est pas si grave, une solution simplifiée, de temps en temps. Les choses se normalisent toujours, ensuite. Les gens ne sont pas si bêtes que l’on croit. Ils ne sont en tout cas pas plus bêtes que le parlement! Le parlement est fait d’élus du peuple, il est donc normal qu’il compte des personnes intelligentes et d’autres qui le sont moins. swissinfo : Vous-mêmes ne reculez pas devant les étiquettes. Récemment, vous avez fustigé les «faux invalides». Blocher: Je n’ai pas trouvé d’autre mot. Beaucoup de bénéficiaires de l’AI ne sont pas invalides. Tout le monde sait qu’il y a des abus. On ne peut pas régler les problèmes si on ne les dénonce pas. swissinfo : Cette campagne a pu donner l’impression que tous les invalides étaient des tricheurs. Blocher: C’était un risque. Mais vous ne pouvez quand même pas laisser exister un abus qui nous coûte des milliards et continuer à le financer avec l’argent des contribuables, simplement parce que ce n’est pas gentil d’en parler. Celui qui est honnête et travaille consciencieusement se sent trahi. Cette campagne a néanmoins fait un peu bouger les choses. On va enfin prendre des mesures contre les abus. swissinfo: Vous êtes favorable à la technologie génétique en agriculture, contrairement à une partie de vos électeurs. Un dilemme? Blocher: En ce qui concerne la politique agricole, j’ai effectivement quelques divergences avec mon parti. Moi je n’ai aucune réserve face à l’utilisation de la technologie génétique en agriculture. Mais certaines personnes, chez nous, pensent qu’une agriculture suisse sans OGM serait très recherchée et réaliserait d’énormes bénéfices à l’exportation. C’est une illusion. Les aliments génétiquement modifiés ne sont pas plus mauvais que les autres, qualitativement. Aux Etats-Unis, j’en mange sans réserves et je n’ai jamais remarqué de différence. En outre, si les produits sans OGM coûtent plus cher - ce qui est prévisible - le marché les sanctionnera. swissinfo: Et les subventions à l’agriculture? Les supprimerez-vous avec la même ardeur que d’autres? Blocher: Mon parti veut éliminer les subventions dans tous les domaines qui relèvent de l’économie libre. Il faut supprimer l’encouragement à la construction de logements, l’aide au tourisme, au cinéma, à l’exportation, etc. Le crédit pour Swiss était aussi une grande erreur. Mais, dans tous les pays du monde, l’agriculture est protégée et soutenue. Car les paysans remplissent une mission considérable, à savoir la mise en valeur du sol pour qu’il ne dépérisse pas. Ils garantissent aussi la production de produits agricoles, correspondant, jusqu’à un certain point, aux besoins du pays. L’Etat doit faire en sorte que ces prestations soient compensées. Mais on pourrait le faire mieux qu’aujourd’hui. A mon sens, une aide fixe par mètre carré, ou par hectare, suffirait, suffisamment élevée pour que le paysan exploite son sol. Mais ce que le paysan plante ou produit avec, c’est son affaire. Je ne payerais en tout cas plus de subventions à la production. swissinfo: Si vous êtes élu au Conseil fédéral, vous engagerez-vous pour une baisse des salaires des membres de l’exécutif, comme un groupe proche de l’UDC l’avait obtenu en ville de Zurich? Blocher: C’est ce que je demande depuis des années. Les conseillers fédéraux ne doivent pas dépendre financièrement de leur fonction. Ils gagnent plus que le président américain ou que le chancelier allemand. swissinfo: Et moins que vous en tant que patron d’Ems Chimie! Blocher: Oui, mais moi, personne ne me paye! Je n’ai rien à redire contre quelqu’un qui a du succès avec son entreprise et s’enrichit. Mais les conseillers fédéraux sont des employés, ils sont payés grâce à l’argent des contribuables. A mon avis, le salaire des conseillers fédéraux devrait être divisé par deux, à 200 000 francs. Cela reste un bon salaire. Un conseiller fédéral ne court aucun risque financier, contrairement à une entrepreneur qui a mis son argent dans son entreprise. swissinfo: Votre parti progresse quasiment dans toutes les élections législatives mais, selon un sondage récent, 56% des personnes interrogées ne voteraient pas pour vous au Conseil fédéral, tandis que 12% ne se prononcent pas. Cela vous surprend-il? Blocher: Non. Aucun parti n’a la majorité des gens derrière lui. Je suis même étonné que 32% disent oui, c’est au-dessus de notre poids électoral. De plus, 32%, cela suffirait pour une élection par le peuple, puisqu’il faudrait juste un septième, pour être élu. swissinfo: Plaisantant devant des journalistes étrangers, vous avez dit être trop vieux pour instaurer une dictature. Et si vous étiez plus jeune? Blocher: J’ai repris une citation de De Gaulle, prononcée en mai 1958 alors qu’il s’apprêtait à prendre la responsabilité du pays et que ses opposants lui demandaient s’il serait capable de tenir compte d’opinions différentes. C’était aussi ce qu’on me demandait, d’où ma réponse. Il faut vraiment vouloir être méchant pour ne pas comprendre l’ironie de ma phrase. Je suis un démocrate absolu! C’est précisément la raison pour laquelle je me bats pour la liberté d’expression dans notre pays et je prends aussi la liberté de dire des choses, qui sont désagréables.»

09.11.2003

Non sono un demagogo

«swissinfo» del 9 novembre 2003 È una delle più controverse figure dell'attuale scena politica svizzera - e ne trae un grande successo. Con l'UDC, Christoph Blocher ha vinto le elezioni federali 2003.   di Ariane Gigon Bormann e Etienne Strebel     swissinfo: Che significato riveste per lei la comunità degli svizzeri all'estero?   Christoph Blocher: Gli svizzeri all'estero sono dei «portatori d'immagine» oltremodo importanti per noi. Sono i rappresentanti del nostro paese. Molti svizzeri all'estero provano un grande attaccamento per la patria, e mi spiace che si curino troppo poco i contatti con queste persone.   Una netta maggioranza degli svizzeri all'estero vorrebbe un'adesione all'UE entro il 2007. Per loro, questo è il più importante problema che la Svizzera politica deve attualmente risolvere. Cosa risponde loro?   Blocher: Dal loro punto di vista, li capisco, poiché avrebbero delle facilitazioni. Ma in primo luogo si tratterebbe di facilitazioni d'ordine amministrativo, come per esempio i permessi di lavoro. Ma queste facilitazioni personali non possono nascondere i gravi svantaggi per il nostro paese, nel caso di un'adesione all'UE. E se si spiega alla gente quali profonde conseguenze avrebbero l'abbandono della nostra neutralità e sovranità, la perdita della democrazia diretta, allora generalmente capiscono la nostra posizione. Nel complesso, la Svizzera perderebbe sia sul piano politico che su quello economico e culturale.   Le vicende dell'UE hanno rafforzato le posizioni degli anti-europei?   Blocher: Certamente. Nel 1992, quando abbiamo votato sullo Spazio economico europeo, non c'era ancora l'Unione europea, bensì una Comunità europea senza moneta unica, senza l'intenzione di dar vita a una politica estera e di sicurezza comune. Ho sempre detto che il problema non è se aderire all'UE oppure no. La domanda è: a quale Unione Europea. Se si fosse trattato di una semplice alleanza fra stati, vi faremmo parte anche noi, poiché siamo comunque legati all'Europa.   La disturba il fatto di essere spesso paragonato a Le Pen e Haider?   Blocher: Sì, sono paragoni assurdi. Non conosco personalmente questi signori, ma solo attraverso i giornali. E non ho nemmeno niente da spartire con la loro politica. Haider è un opportunista e Le Pen un attaccabrighe monotematico.   Ma lei è un populista, un demagogo?   Blocher: Un demagogo è uno che inganna il popolo. Io no, io cerco di convincere il popolo. A volte la gente è d'accordo con me, a volte no. È così in democrazia. E io mi batto per le mie posizioni, siano esse «popolari» o no.   Però è lo stesso un seduttore, con una bella parlantina...   Blocher: Per parlare, sì, mi do anche la pena di parlare in modo che la gente mi capisca. Tutto quel che si è ben riflettuto è facile da dire. E se non si può presentare una cosa in modo facile, non la si può nemmeno immaginare bene.   Ma «rendere facile» non corrisponde anche a «semplificare»?   Blocher: Ebbene, non è così grave. A volte capita che una soluzione venga semplificata, ma poi tutto si normalizza. La gente non è così stupida come spesso si crede. Non è più stupida del parlamento, della rappresentanza popolare. Lì sono rappresentati sia gli intelligenti che gli stupidi.   Lei ha creato il termine «falsi invalidi».   Blocher: Non ho trovato nessuna parola più adatta. Ci sono molte persone che ricevono rendite dall'assicurazione invalidità, senza essere veramente invalidi. E questo lo sanno tutti. Ma come si può risolvere un problema, se non lo si può nemmeno chiamare per nome?   Ma si potrebbe pensare che tutti gli invalidi siano truffatori.   Blocher: Il pericolo c'è. Ma non si può nemmeno tollerare e continuare a finanziare con le imposte un abuso che ci costa miliardi, soltanto perché non è bello parlarne. Ogni persona onesta che va a lavorare deve sentirsi imbrogliata. Questa campagna ha comunque dato il via alla ricerca di una soluzione, e ora finalmente si sta facendo qualcosa per combattere contro questi abusi.   Cambiamo argomento. Qual è la sua posizione circa il ricorso alla tecnologia genetica nell'agricoltura?   Blocher: Molto aperta. Non ho nessuna reticenza nei confronti dell'impiego della tecnologia genetica nell'agricoltura.   Non sarebbe un vantaggio per la Svizzera, il fatto di non offrire prodotti agricoli geneticamente modificati?   Blocher: In fatto di politica agricola, ho qualche divergenza con il mio partito. C'è gente che sostiene, nell'UDC, che potremmo beneficiare di una fortissima esportazione di prodotti alimentari privi di organismi geneticamente modificati. Ma è un'illusione. Dal punto di vista qualitativo, gli alimenti prodotti con la tecnologia genetica non sono peggiori degli altri. Quando sono in America, posso mangiarne senza alcun timore, non ho mai notato differenze con i nostri prodotti. E se poi gli alimenti senza OGM costeranno di più, come è prevedibile, verranno bocciati dal mercato.   Lei si dà da fare per ridurre agevolazioni e sovvenzioni, ma non per i contadini. Perché chiede meno risparmi in quel settore?   Blocher: Vogliamo abolire le sovvenzioni in tutti i settori del libero mercato. Perciò niente sovvenzioni per l'edilizia, il turismo, il cinema, l'economia esterna e via dicendo. Anche l'impegno per la compagnia aerea Swiss è stato un grosso errore. Per quanto concerne l'agricoltura, va detto che tutti i paesi industrializzati la proteggono e la sostengono. I contadini svolgono un mandato, che è quello di lavorare il suolo affinché non vada in rovina. E così garantiscono, in parte, l'approvvigionamento del paese. Per cui lo stato deve pure provvedere a compensare queste prestazioni. Ma è vero che si potrebbe fare meglio di quanto non si faccia oggi. Io attribuirei un importo fisso per ogni metro quadrato, o per ogni ettaro, che basti affinché il contadino possa sfruttare il terreno. E quel che vi coltiva, è affar suo. Non pagherei quindi più sovvenzioni alla produzione.   E gli stipendi dei consiglieri federali, li ridurrebbe?   Blocher: Da anni chiedo stipendi più bassi per i consiglieri federali. Non devono dipendere finanziariamente dalla loro carica. E i nostri consiglieri federali, per esempio, guadagnano più del presidente americano, più del cancelliere tedesco.   ...ma meno di lei con il suo Gruppo chimico Ems.   Blocher: Sì, sì, ma nel mio caso non c'è nessuno che mi paga. Non ho niente contro, se qualcuno dirige una ditta di successo e diventa ricco. Ma i consiglieri federali sono impiegati statali e vivono quindi dei soldi dei contribuenti. Ho sempre detto che bisogna dimezzare gli stipendi. 200'000 franchi sono una buona paga, tenendo conto che un consigliere federale non rischia nulla, mentre un industriale impiega i suoi soldi nella ditta.   Il suo partito riscuote molti consensi e lei stesso viene sempre eletto con ottimi risultati. Tuttavia, secondo un sondaggio, il 56 percento degli svizzeri non la vorrebbe in consiglio federale. Non è una contraddizione?   Blocher: No, perché nessun partito ha la maggioranza. Ma il 32 percento si è espresso a favore di un consigliere federale Blocher, quindi più della percentuale dei miei elettori. In un'elezione popolare, il 32 percento sarebbe sufficiente, poiché il quel caso basterebbe un settimo dei voti per essere eletto.   Di recente ha detto di essere «troppo vecchio per instaurare una dittatura». E se avesse 20 o 30 anni di meno?   Blocher: Era una frase di De Gaulle. Quando stava per assumere la responsabilità del paese, i suoi avversari gli chiesero se fosse in grado di considerare le opinioni degli altri, o se volesse tutto il potere per sé. E questa era anche la domanda che mi è stata rivolta. Ci vuole molta perfidia, per non afferrare l'ironia nella mia risposta. Io sono un democratico assoluto. Proprio per questo mi batto per la libertà d'opinione in questo paese e mi prendo anche la libertà di dire cose che possono dar fastidio.

27.10.2003

«Ich bin so, wie ich bin»

Interview im "Profil" vom 27. Oktober 2003 von Robert Treichler Der Zürcher SVP-Chef Christoph Blocher über Neger, gerupfte Hühner und den Unterschied zwischen ihm und Jörg Haider. Als Österreicher fühlt man sich angesichts des Wahlkampfs der Schweizerischen Volkspartei (SVP) unweigerlich an den österreichischen Wahlkampf des Jahres 1999 erinnert. Da hatten wir auch böse Schwarzafrikaner, das Gespenst der EU-Osterweiterung, und eine Partei die versprochen hat, sie würde Österreich von all dem erlösen. Sie wissen, wen ich meine? Blocher: Ja, aber Sie gehen falsch in Ihrer Analyse, da ist der Wunsch der Vater des Gedankens. Die Parallelen sind unübersehbar. Sie trommelten im Wahlkampf dieselben Themen wie einst in Österreich die FPÖ. Blocher: Die illegale Einwanderung in die Schweiz ist ein ungelöstes Problem. Das geht aus dem Sicherheitsbericht der Regierung hervor; auch, dass die Kriminalität unter Ausländern ein starkes Problem ist. Beim Asylmissbrauch stehen wir im Vergleich zu anderen Staaten an der Spitze. Vielleicht hat auch die FPÖ diese Themen in Österreich akzentuiert, die SVP tut es in der Schweiz. Aber da hören die Parallelen auf. Sie bedienen sich des Sündenbockmotivs. Blocher: Im Sicherheitsbericht wird gesagt, in welchen Händen der Drogenhandel in der Schweiz ist. Das beim Namen zu nennen, betrachte ich als notwendig. Es gab ein SVP-Plakat mit dem Slogan „Wir Schweizer sind die Neger Europas“. Auch eine notwendige Botschaft? Blocher: Das gab es nicht. Es wurde nicht plakatiert, aber der Entwurf ging durch die Medien. Blocher: Es gibt in der Schweiz eine Redensart, um auszudücken, dass jemand zu kurz kommt, die lautet: „Da bin ich wieder der Neger.“ Aber das hat keinen rassistischen Hintergrund. Das stammt aus der Zeit, als die Neger die Benachteiligten waren. Und die SVP von St. Gallen hat Plakate in Auftrag gegeben, die ausdrücken sollten, dass die Schweizer zu kurz kommen, denn viele Leute haben das berechtigte Gefühl, immer mehr Steuern und Abgaben zahlen zu müssen. Einer dieser Entwürfe hat diese Redensart mit den Negern benutzt. Es wurde damit natürlich auch zum Ausdruck gebracht, dass viele Leute das Gefühl haben, man schaue nicht mehr in erster Linie auf die Schweizer. Aber dieses Plakat ist nie gedruckt worden, es wurde ein anderes genommen: Ein gerupftes Huhn, das dieses Gefühl darstellt. Beobachten Sie eigentlich die Schicksale der Rechtspoulisten, die wie Sie einen sagenhaften Aufstieg geschafft haben und dann recht bald wieder abgestürzt sind? Blocher: Ich beobachte sie, aber das sind andere Gruppierungen, wir sind ja keine Rechtspopulisten. Die SVP inklusive ihrer Vorgängerpartei ist eine über 85 Jahre alte Regierungspartei. Die FPÖ ist auch über 50. Blocher: Wir haben in der Gesamtschweiz einen kontinuierlichen Anstieg in den Wahlergebnissen von 1991 bis heute. Die FPÖ von 1986 bis 1999. Blocher: Unser Parteiprogramm unterscheidet sich sehr stark von dem der FPÖ. Wir waren immer gegen den EU-Beitritt. Eine Politik, die Kindergeld verspricht, würden wir nie unterstützen. Kennen Sie Jörg Haider persönlich? Blocher: Nein, ich habe ihn nie getroffen. Ich kenne ihn nur aus der Presse. Sehen Sie Parallelen zwischen Ihnen und Haider? Blocher: Das wird immer wieder behauptet. Wahrscheinlich, weil ich ein Volkstribun bin, und Herr Haider vielleicht auch einer ist, das weiß ich nicht. Aber was er da etwa abgelassen hat mit seinen Irak-Reisen, kann ich absolut nicht nachvollziehen. Sie warnen vor dem EU-Beitritt, so wie sie früher vor dem UN-Beitritt der Schweiz gewarnt haben; Die Schweiz würde von den Großmächten der UN gezwungen werden, gegen andere Nationen vorzugehen, und der Terror werde über die Schweiz hereinbrechen. Das war populistische Angstmache, nicht? Blocher: Nein, so primitiv äußere ich mich nicht. Ich warnte vor der Missachtung der Neutralität. Dass wir uns in keine Konflikte einmischen, ist ein Schutz vor dem Terrorismus. Wenn man sich in internationale Konflikte einmischt und dabei auf Seiten der Mächtigen steht, wird man eher ein Opfer des Terrorismus, das habe ich gesagt. Es ist aber nicht eingetreten. Bern ist nicht Bali geworden. Blocher: Jetzt ist die Lage noch ruhig. Aber der aktuelle Konflikt, den die islamischen Staaten gegen das Rote Kreuz führen, hängt damit zusammen. Wo liegen denn die Gefahren der EU? In Europa herrscht die Ansicht, dass große Probleme wie die Frage der Asylwerber oder der internationalen Kriminalität nicht auf nationaler Ebene lösbar sind. Nur Sie wollen alles auf staatlicher Ebene lösen. Blocher: Nein, man wird sicher in vielen Fragen der Verbrechensbekämpfung internationalen Informationsaustausch praktizieren müssen. Das setzt aber nicht voraus, dass man seine staatliche Souveränität preisgibt. Wir haben bilaterale Vereinbarungen mit der EU. Warum, meinen Sie, wollen denn fast alle Nationen der EU beitreten? Blocher: Ich weiß nicht, ob die Leute das auch wirklich wollen. Die Abstimmungen enden mit Ja. Blocher: So eindeutig ist das nicht. Aber für die Schweiz ist es besonders schwierig, der EU beizutreten. Wir haben die direkte Demokratie, wir wählen nicht nur, wir stimmen auch über Sachfragen ab. Wären wir in der EU, könnten wir über viele Fragen nicht mehr an der Urne abstimmen, weil EU-Recht über nationalem Recht steht. Außerdem müssten wir den Schweizer Franken aufgeben, wir könnten unser Schicksal nicht mehr selbst bestimmen. Wir müssten die Mehrwertsteuer auf mindestens 15 Prozent erhöhen, derzeit liegt sie in der Schweiz bei 7,6 Prozent. Das wäre eine enorme Belastung. Für eine Durchschnittsfamilie circa 2700 Euro im Jahr. Die Schweiz ist eine europäische Hochpreisinsel und dank des Bankgeheimnisses attraktiv als Hort für Diktatorensparbücher. Beides würde bei einem EU-Beitritt verloren gehen. Blocher: Das Schweizer Bankgeheimnis gilt nicht für kriminelle Gelder. Mit Ihrem Wahlsieg sehen Sie jetzt die Möglichkeit, die Schweiz in der Isolation zu bewahren. Was wollen Sie sonst noch erkämpfen? Wollen Sie die konsensuale so genannte „Zauberformel“ ändern? Blocher: Die Schweiz in der Isolation? So ein Unsinn! Als diese Zauberformel 1959 eingeführt wurde, war die SVP die kleinste Partei und die CVP eine der Großen. Heute ist es umgekehrt. Die CVP muss also einen Sitz hergeben. Das wollten wir schon nach den Wahlen von 1999, aber da sagte man uns ein Schicksal vorher wie heute bei der FPÖ. Unterdessen haben wir den größten Wähleranteil. Kriegen wir den zweiten Sitz nicht, gehen wir in die Opposition, was wir zwar nicht wollen, aber müssten. Wenn Sie hingegen Regierungsverantwortung übernehmen, werden Sie wohl wieder kleiner werden, nicht? Blocher: Das ist möglich. Aber wenn wir gute Arbeit machen und mit den anderen Parteien die Probleme lösen, kommt es ja auch nicht so sehr darauf an, welche Partei man wählt. Sie wirken jetzt plötzlich sehr konsensual. Blocher: Ich bin so, wie ich bin, aber vielleicht nicht so, wie Sie sich das vorgestellt haben.

10.10.2003

Die EU ist eine intellektuelle Fehlkonstruktion

Interview in der "Austria Presse Agentur" vom 10. Oktober 2003 von Edgar Schütz Herrliberg (APA) - Seit Jahren prägt Christoph Blocher die Schweizer Politik. Unter seiner Federführung wuchs die Schweizerische Volkspartei (SVP) zur stärksten Kraft. Bisher ein Deutschschweizer Phänomen dürfte sie bei den Nationalratswahlen (19. Oktober) auch im französischen Landesteil Fuß fassen. Im Vorfeld sprach der 63-Jährige in seinem Büro (EMS-Chemie) in Herrliberg am Zürichsee mit der APA über sein Image als Rechtspopulist, die Beziehung zu Jörg Haider, die Haltung zu EU ("Intellektuelle Fehlkonstruktion") und Ausländern sowie den SVP-Anspruch auf einen zweiten Regierungssitz. Sie werden als Rechtspopulist bezeichnet und in einem Atemzug mit Jörg Haider (FPÖ) und Umberto Bossi (Lega Nord) genannt. Ist das berechtigt? Fühlen Sie sich wohl in dieser Gesellschaft? Blocher: Ich bin in keiner solchen Gesellschaft. Zu Jörg Haider. Ich kenne ihn persönlich nicht. Ich habe mich mit ihm auch noch nie getroffen. Seine Partei hat mich einmal beim EU-Abstimmungskampf eingeladen, weil ich ein Beitrittsgegener bin. Aber ich habe abgesagt. Mir verbietet der Respekt vor der staatlichen Souveränität, dass ich im Ausland den Österreichern sagen würde, was sie zu tun hätten. Das müssen die Österreicher selbst entscheiden. Soweit ich das beurteilen kann, ist es das Verdienst von Herrn Haider, dass er eine jahrelange, heillose Verfilzung zwischen zwei großen Parteien aufgebrochen hat. Das muss anerkannt werden. Und hier gibt es gewisse Parallelen, weil ich einen Filz in Bern oder im Kanton Zürich aufgebrochen habe. Aber sonst haben wir keine Parallelen. Wenn ich den EU-Kurs von Herrn Haider ansehe: Das ist eine schwankende Größe. Er will in die NATO. Das sind mir alles fremde Dinge. Haider hat etwas sehr Sprunghaftes und Eigenschaften, die ich nicht durchschaue. Seine Irak-Besuche damals zum Beispiel. Das verstehe ich nicht. Allerdings verfolge ich es auch zu wenig. Ich trete ein für die schweizerische Souveränität und die Neutralität. Ich habe 1992 den Beitritt in den Europäischen Wirtschaftsraum verhindert. Hätte ich diesen Kampf nicht geführt, wäre die Schweiz schon in der EU. Ich bin der Linie treu geblieben. Heute weiß der Bundesrat, er bringt einen EU-Beitritt nicht durch. Ich habe eine liberal-konservative Gesinnung. Warum sagt man dann Rechtspopulist? Meine Vorträge werden gut besucht. Da kommen die einfachen Leute und verstehen mich. Und Volktribun ist einer, der sprechen kann und den die Bevölkerung versteht. Ich gebe mir auch sehr große Mühe einfach zu sprechen. Ob mein Programm ankommt, habe ich nie gefragt, aber ich habe meine Überzeugung vorgetragen. Warum sind sie so gegen einen EU-Beitritt der Schweiz? Blocher: Ich betrachte die EU als intellektuelle Fehlkonstruktion. Europa ist nicht zu so einer zentralen, bürokratischen, eher undemokratischen Gleichmacherei geeignet. Das kann man nur auf dem Reißbrett konstruieren. Ich glaube nicht, dass dies hält. Ich bin geborener Föderalist. Wir Schweizer sind das alle. Und wir sind nicht so schlecht gefahren damit. Der Steuerwettbewerb unter den Kantonen war heilsam für die Politiker, die nicht immer die Steuern erhöhen konnten. Die verschiedenen Schulsysteme ergeben auch eine gewisse Konkurrenz. Wenn die EU einen Weg nimmt in Richtung eines lockeren Staatenbunds und nicht eines Bundesstaates, ist die Schweiz dabei. Wir sind mit europäischen Staaten eng verbunden mit Verträgen und Freihandelsabkommen. Oft enger als EU-Staaten untereinander. Es gibt eine Besonderheit, an der ich hänge und das ist die direkte Demokratie. Das ist der Unterschied zwischen dem Beitritt der Schweiz zur EU und dem Beitritt Österreichs. In Österreich verschiebt sich die Macht vom Rathaus in Wien ins Rathaus in Brüssel. Innerhalb der "classe politique". In der Schweiz verschiebt sich das Verhältnis vom Souverän, dem Volk an der Urne in ein Rathaus nach Brüssel. Wo dann Politiker und Bürokraten entscheiden. Die große ökonomische Fehlentscheidung war der Euro. Der Euro ist zur Zeit viel zu stark für die Ökonomie Deutschlands und viel zu schwach für die Ökonomie Spaniens. Für die Schweiz hieße das: Preisgabe des Schweizer Frankens. Wir haben dann keine Möglichkeit mehr, unsere Währung gemäß der Konjunktur zu richten. Sie üben immer wieder Kritik am Verhältnis der großen und der kleinen Länder in der EU. In diesem Zusammenhang haben sie auch die Sanktionen gegen die ÖVP-FPÖ-Regierungsbildung angeprangert. Blocher: Das war etwas vom Schlimmsten. Unabhängig der Sympathien zu ihrer Regierung. Es ist eine Grundsatzfrage. Da wählt ein Volk zwei Parteien. Diese bilden eine Regierung und nur weil die meisten Staaten der EU sozialdemokratische Regierungen haben, geht man im Norden hinter die Büsche und schmiedet einen Pakt. Das ist mehr als Mobbing. Das ist für einen Schweizer unerträglich. Da sind wir zu lange in diesem Freiheitskampf. Sie meinten einmal, die Osterweiterung würde die Zwei-Klassen-Mentalität stärken. Geben sie ihr keine Zukunft? Blocher: Die Frage ist, ob die Schweiz die Personenfreizügigkeit übernimmt. Wir haben mit der heutigen EU eine Übergangsfrist ausgehandelt. Sieben Jahre wollen wir sehen, wie das geht. Das Lohnniveau ist so unterschiedlich. Da wird der Druck auf die Schweiz sehr hoch. Die Schweiz hat 20 Prozent Ausländer. Mit den Oststaaten wird dieses Problem noch viel größer, weil der Lohnunterschied viel größer ist. Die Arbeistlosgkeit und die Wanderungsbewegungen in diesen Staaten würde sich wahrscheinlich massiv verstärken. Machen Sie Politik auf den Rücken von Asylanten? Sind Sie ausländerfeindlich? Blocher: Ich bin nicht gegen Ausländer. Ich bin ein Exportunternehmer. Ich habe selbst auch Ausländer im Unternehmen. Wir haben nichts gegen Ausländer, die einen Arbeitsvertrag hier haben. Wir haben auch nichts gegen echte Flüchtlinge. Aber wir haben eine gigantische Unterwanderung mit illegalen Ausländern, die kein Asylrecht bekommen. Es gibt viele Kriminelle, Drogenhändler darunter. Die SVP Sankt Gallen hat ein Wahlplakat mit dem Slogan "Wir Schweizer sind immer mehr die Neger" lanciert. Können Sie sich damit identifizieren? Blocher: In der Mundart gibt es eine Redensart, wenn sich ein Mensch benachteiligt fühlt: "Da bin i wiedr dr Negr". Die Sankt Galler wollten sagen, dass wir Schweizer immer mehr benachteiligt werden. Mit Steuern, Abgaben, Gebühren. Es war aber nur ein Entwurf eines Plakates. Fremdenfeindlich ist unsere Partei nicht. Aber wir treten entschieden gegen die unglaubliche illegale Einwanderung an. Die SVP wird bei den Wahlen laut Umfragen wieder zulegen. Da stellt sich die Frage nach dem zweiten Bundesratsitz. Es heißt aber auch, die SVP betreibt nur Opposition und hat kein Recht darauf. Blocher: Wir haben seit 1959 das heutige System, d.h. die zwei großen Parteien haben zwei Sitze und die kleine Partei einen. Nur sind wir seit 1999 die größte. Die kleinste Partei ist inzwischen die CVP, die früher eine große war. Die will ihren Sitz nicht preisgeben. Wir sind bereit, mit einem Zweiten in die Regierung einzutreten. Wenn das die anderen drei Parteien verhindern wollen, können sie es. Wenn sie uns in die Opposition treiben, werden wir 2007 enorm stark daher kommen. Die Opposition in der Schweiz ist aber etwas ganz anderes als in Österreich. Bei uns entscheidet der Souverän. Ich habe mehr Einfluss außerhalb der Regierung. Dort wäre ich eingeengt durch die Beschlüsse der anderen sechs. Darum ist die Bundesratsbeteiligung nicht so ausschlaggebend. Dazu kommt die Kompliziertheit des Schweizer Systems. Jede Partei in der Regierung ist ein Stück Opposition. Weil alle Großen drin sind. Bei Volksabstimmungen ist es oft so, dass nicht alle Regierungsparteien einer Meinung sind. Weil die echte Opposition ist das Volk. Es behält sich vor, nein zu sagen. Ob wir einen zweiten Sitz bekommen, kann ich nicht sagen. Arithmetisch ja. Aber die CVP und die FDP werden viele Gründe finden, um der SVP diesen Sitz nicht geben zu müssen. Sollte man überlegen, auf ein System mit Regierung und Opposition umzusteigen? Blocher: Ich könnte mich mit Beidem anfreunden. Auch in der direkten Demokratie ist es möglich, dass man ohne starke Opposition regiert. Hätten wir nicht die direkte Demokratie, wäre das tödlich. Das gäbe einen Ausschluss der Kritik an der Regierung. Das hat man in Österreich gesehen mit den zwei großen Parteien. Das führt zu Korruption, Protektion etc. In der Schweiz ist es möglich, weil es immer das Korrektiv des Volkes gibt.

08.10.2003

Pour moi, le Conseil fédéral serait une punition

Interview dans «l'Illustré» du 08 octobre 2003 Interview: Marie-Christine Pasche Pour la première fois, l'UDC a organisé un rassemblement national à Montreux, en Suisse romande. Avez-vous apprécié cette nouveauté ? Christoph Blocher: Oui bien sûr, même si la langue représente un handicap. Comme je parle sans texte écrit, je dois réfléchir aux idées à développer, plus au français, c'est difficile. Mais ce qui m'a surtout frappé, c'est le changement politique intervenu ces dernières années. En 1992, lors du vote sur l'Espace économique européen, on me diabolisait ! Aujourd'hui, même dans la rue, les gens me saluent, m'adressent la parole. Vous sentez-vous plus à l'aise ? Christoph Blocher: Surtout mieux accueilli. Les chauffeurs de taxi par exemple, me reconnaissent, me disent qu'ils aiment l'UDC. Le climat a beaucoup changé. A quoi l'attribuez-vous ? Christoph Blocher: Plusieurs facteurs expliquent cette évolution positive. Premièrement, lorsque la presse et les politiciens adverses exagèrent - et en 1992, c'était vraiment affreux - la population finit par s'en apercevoir et considérer que je suis un citoyen comme les autres, qui défend ses idées et c'est tout. Ensuite, après tous les discours de 1992, qui décrivaient l'Union européenne presque comme un paradis sur terre, les gens ont vu ce qui s'est passé. La Suisse n'a pas rencontré les problèmes prévus par les partisans. En revanche, ils constatent, onze ans plus tard, que l'Union européenne ne fonctionne pas bien. En plus, la Suisse romande doit vivre avec les conséquences des abus sur l'asile. A Genève, c'est même pire qu'à Zurich, car les Africains francophones préfèrent s'installer là où on parle français. Pour toutes ces raisons, les Romands commencent à bouger. En face, les autres partis sont affaiblis. Lorsqu'ils se sentent attaqués sur leurs positions, ils changent d'avis, surtout les radicaux et les démocrates chrétiens. Est-ce parce qu'ils ont peur de vous ? Christoph Blocher: Ils n'ont plus la force de résister aux attaques, de lutter pour leurs idées. Il faut reconnaître qu'ils ne sont pas irréprochables, beaucoup par exemple pratiquent le copinage et présentent donc des points faibles. Lorsque vous les traitez de corrompus, ils sont tout de suite d'accord avec vous. C'est pareil à Zürich avec les radicaux: ils ont privilégié leurs réseaux, le filz comme on dit ici, au lieu des compétences dans de si nombreux dossiers, - Swissair, Rentenanstalt, Crédit Suisse etc - comment voulez-vous qu'ils soient crédibles ? Dans la population, beaucoup pensent que l'UDC lutte encore ouvertement, qu'elle a la force de résister car aussi, elle a moins de copinage à cacher. Quel score espérez-vous atteindre en Suisse romande aux élections fédérales ? Christoph Blocher: Si on obtient 10%, ce sera un bon chiffre pour commencer. Ces dernières années, l'UDC a beaucoup augmenté son succès dans les villes. Cela signifie-t-il que les gens des villes se rapprochent de ceux de la campagne ? Christoph Blocher: Oui, car ils ne souhaitent pas non plus que la Suisse entre dans l'UE, il en ont assez de payer toujours davantage pour leurs primes-maladie et surtout, ils vivent quotidiennement avec les conséquences des problèmes liés à la politique d'asile. En outre les socialistes, surtout à Zurich, ne sont plus les représentants des employés de l'industrie privée, mais ceux des intellectuels, des employés du tertiaire et surtout, des fonctionnaires. Ils ne sont plus capables de soutenir les personnes qui veulent des entreprises fortes pour donner du travail. Beaucoup d'ouvriers nous ont donc rejoints. Pensez-vous que votre force est de n'avoir pas dévié dans votre discours depuis 25 ans? Christoph Blocher: Nous n'avons évidemment pas toujours été confrontés aux mêmes problèmes. Mais les positions fondamentales sont restées les mêmes: défendre la souveraineté et la neutralité de la Suisse. Sans oublier la politique envers les étrangers ? Christoph Blocher: Nous la dénonçons depuis déjà 15 ans, surtout les abus de l'asile et la présence de clandestins. Nous n'avons rien contre les étrangers qui vivent en Suisse avec un contrat de travail et un permis. Vraiment ? N'étiez-vous pas opposé à la libre circulation des personnes au sein de l'UE, qui ne concerne justement que les étrangers avec un contrat de travail ? Christoph Blocher: J'aurais préféré que l'on garde l'ancien système d'octroi de permis. Nous ne nous sommes jamais opposés à la venue de travailleurs dont le pays a besoin. Mais avec la libre circulation des personnes je suis sûr que le chômage augmente. N'engagez-vous pas d'Européens dans votre entreprise ? Christoph Blocher: Si bien sûr, lorsque trois personnes se présentent pour un poste de chimiste, le chef engagera le meilleur au salaire le plus intéressant, quelle que soit sa nationalité, c'est clair ! On est d'ailleurs obligés d'agir de cette façon puisque la concurrence le fait. Cela dit, le problème le plus grave est posé par les criminels, les trafiquants, et aussi tous ceux qui entrent illégalement en Suisse, et travaillent au noir. Mais alors que diriez-vous aux patrons suisses qui les emploient ? Christoph Blocher: Certes certains employeurs leur donnent du travail. Mais puisqu'ils sont de toute manière ici, on peut aussi considérer que ce n'est pas bon qu'ils restent inoccupés. La question centrale est donc pour vous de ne pas les laisser entrer dans le pays. Christoph Blocher: Oui, la première mesure est d'effectuer un vrai contrôle aux frontières. Voyez l'Autriche: depuis 13 ans, on ne peut traverser la frontière sud que par les routes, le reste du territoire est fermé. Nous devons aussi faire respecter les accords qui stipulent qu'un requérant doit rester dans le pays tiers qu'il a traversé, où il n'est pas menacé. Au lieu d'établir de nouvelles règles, comme vous le proposez dans votre nouvelle initiative sur l'asile, ne serait-il pas suffisant d'appliquer les lois existantes ? Christoph Blocher: Plus ou moins. Je crois qu'il est absolument indispensable d'imiter l'Allemagne, qui a réduit de moitié le soutien financier aux immigrants. Cela permettrait de réduire l'attractivité de notre pays. Et pour résoudre ces questions liées à l'asile, ne pensez-vous pas qu'il serait plus efficace de collaborer avec l'UE ? Christoph Blocher: Je n'ai rien contre une collaboration qu'on peut d'ailleurs avoir aujourd'hui. Si la Suisse veut signer l'accord de Dublin sur l'asile, si cela ne va pas plus loin qu'une coordination renforcée entre Etats, je ne m'y opposerai pas. Mais attention, ce n'est pas Schengen, qui signifierait la disparition de tout contrôle à la frontière ! En tant que chef d'entreprise, ne partagez-vous pas l'idée que notre croissance stagne depuis quelques années car la Suisse n'est pas membre de l'UE ? Christoph Blocher: Non, non il y a d'autres raisons. La première c'est que la Suisse a augmenté les dépenses publiques ces derniers dix ans plus que tous les autres pays industriels au monde. On le sait, l'Etat retire beaucoup d'argent aux entreprises et aux privés par le biais de l'impôt, donc chacun a moins pour consommer. Même comme ça, la dette publique est gigantesque, alors comment faire ? Christoph Blocher: Les deux phénomènes sont liés car lorsqu'on a trop d'argent, on a tendance à le dépenser sans trop y regarder et on en fait des bêtises. J'en veux pour preuve les 2 milliards et demi pour Swiss. Autre exemple, le tourisme. C'est idiot d'avoir distribué de l'argent public à ce secteur. Ainsi on soutient les faibles, ceux qui n'ont pas de succès et du même coup on désavantage les entreprises fortes qui conduisent bien leurs affaires. Résultat, ces dernières s'affaiblissent à leur tour. On peut évoquer mille domaines où Berne a dilapidé l'argent public comme Expo 02, les 100 millions destinés à connecter les écoles à Internet ou l'aide à la création de crèches et de garderies, alors que c'est un devoir des cantons et des communes. A quoi ressemble votre Suisse idéale ? Une Suisse toute seule, qui arrive à se battre avec le monde entier ? Christoph Blocher: Pour moi c'est tout simple. Il faut conserver la recette qui a fait notre succès. Rester un état souverain qui veut décider seul de son destin, mais aussi entretenir de bonnes relations avec tous les pays du monde, qui sont plus ou moins nos amis. Pour garder notre pouvoir de décision, nous ne voulons entrer dans aucune grande organisation internationale et nous tenons à rester neutres. Ne pensez-vous pas qu'un jour, nos partenaires en auront assez de ce petit pays qui veut les avantages et jamais les inconvénients de ces relations avec l'extérieur ? Christoph Blocher: Non, je n'ai pas peur de ça, d'abord parce qu'ils ont aussi besoin de nous. La Suisse est tout de même le deuxième client de l'UE, et un client qui a les moyens de payer ce qu'il achète, contrairement à beaucoup d'autres ! Depuis 700 ans, lorsque nous avons un conflit avec un autre pays, nous négocions un arrangement. Continuons, sans jamais donner la compétence à qui que ce soit de décider à notre place. N'avez-vous pas l'impression qu'à l'UDC tout repose sur votre personne ? Christoph Blocher: Peut-être il y a dix ans mais plus aujourd'hui. Nous pouvons compter sur une relève intelligente et très engagée. Vous voyez donc arriver votre retraite avec sérénité ? Christoph Blocher: Elle n'est pas encore fixée mais ce ne sont pas mes dernières élections fédérales. Etes-vous tenté par le Conseil fédéral ? Christoph Blocher: J'ai toujours dit qu'on ne peut pas s'opposer fortement à la politique gouvernementale pendant des années et refuser d'y travailler le jour où on vous le demande. Etes-vous conscient que vous ne pourrez plus parler, critiquer avec la même liberté ? Christoph Blocher: Bien sûr, mon influence est bien plus importante en-dehors du Conseil fédéral. Mais on ne peut pas toujours faire de l'opposition et dire non lorsqu'on vient vous chercher. En fait je ne crois pas que ce sera le cas. Vous savez, pour moi, le Conseil fédéral serait une punition car je ne suis pas un homme d'administration. Je préfère le travail dans le terrain, lancer des idées et en débattre.